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DE LA

RÉVOLUTION DE FRANCE,

PENDANT LES DERNIÈRES ANNÉES

DU RÈGNE DE LOUIS XVI;

PAR A. F. BERTRAND DE MOLEVILLE,
MINISTRE D'ÉTAT.

PREMIÈRE PARTIE,

Comprenant les années 1788, 1789, 1790 et 1791,
jusqu'à la fin de l'assemblée constituante.

Quæque ipse miserrima vidi,

Et quorum pars

TOME CINQUIÈME.

A

PARIS,

CHEZ GIGUET ET CIE. IMPRIMEURS-LIBRAIRES,
MAISON DES PETITS-PÈRES, PRÈS LA PLACE DES VICTOIRES.

AN 9. (1801.)

HARVARD
UNIVERSITY
LIBRARY
MAY 25 1945

Coolidge Fund

HISTOIRE

DE

LA RÉVOLUTION.

CHAPITRE LXIII.

Le roi suit à-la-fois le plan de M. le baron de Breteuil, celui de M. de Montmorin, celui du parti Lame h, et en forme un quatrième. - Mission secrète d Aiphonse de Durfort auprès des princes frères du roi. -- M. le comte d Artois voit l'empereur à Mantoue, et arrête un plan avec sa majesté impériale; Alphonse de Durfort est chargé d'en porter une copie au roi. - Bref du pape contre la constitution civile du clergé. Rapport sur la demande en réunion du Comtat d'Avignon; cette demande ést rejetée. — L'assemblée s'occupe de l'organisa tion du corps législatif qui doit la remplacer. — Lettre de l'abbé Raynal à l'assemblée. Demande énergique de M. de Montmorin. Le ministère de la marine m'est proposé. Inquiétudes que donnent les émigrés et le prince de Condé. Dénonciation contre le cardinal de Larochefoucault.

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LE cardinal de Retz a dit, avec grande raison, qu'il est des conjonctures dans lesquelles on ne peut plus faire que des fautes. Le roi ne se dissimula

pas celle qu'il faisoit, en se laissant diriger momentanément par le parti Lameth; mais il ne vit que ce moyen d'éviter le massacre des prêtres, et je doute en effet qu'il en existât un autre. Cette faute, dans laquelle le roi fut entraîné par les circonstances et par des motifs qu'on ne sauroit blâmer, ne fut malheureusement pas la seule dont il eut à se repentir à cette même époque. Les représentations constantes du marquis de Bouillé contre le voyage de Montmédi, auroient dû faire abandonner ce projet, sur-tout lorsque M. de Montmorin en proposa un autre, qui, sans exposer sa majesté à aucun danger, la conduisoit au même but, par une marche plus convenable, sous tous les rapports. Il sembloit, au moins, qu'après avoir adopté ce dernier plan, le roi auroit dû attendre qu'il eût échoué pour revenir au premier. Il fit cependant le contraire, et on ne peut pas se dissimuler que dans cette occasion, sa majesté écouta bien moins les conseils de la prudence, que l'empressement, trèsnaturel sans doute, de recouvrer sa liberté, et de soustraire la famille royale à des humiliations et à des dangers auxquels elle n'auroit jamais dû être exposée.

Il est impossible d'expliquer autrement toutes les fausses démarches auxquelles devoit nécessairement conduire la tentative périlleuse de suivre à-la fois, pour le même objet, plusieurs

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