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d'une

marquée. A cette époque, il paraît autour de chaque bouton un cercle d'un rouge plus ou moins vif, que l'on appelle aréole. A ce cercle succède, vers la fin du huitième ou au commencement du neuvième, une inflammation autour des boutons, qui présente l'aspect phlegmoneux, à laquelle se joint de la tension et du gonflement. Cette inflammation s'étend le plus souvent à plusieurs pouces autour de chaque bouton ; elle confond quelquefois ensemble toutes les aréoles, pour ne former qu'une seule et même plaque. Depuis la formation des aréoles jusqu'à celle de la plaque, le vacciné éprouve du mal-aise, des bàillemens, quelquefois des nausées, et même des vomissemens, comme dans la variole inoculée : ce dernier symptôme est trèsrre. Il a communément de la fréquence dans le pouls et même de la fièvre, qui peut durer deux ou trois jours. Chez les personnes nervenses, il peut survenir des mouvemens spasmodiques le malade se plaint de douleurs aux aisselles chaleur mordicante, d'une démangeaison vive aux parties vaccinées, et de pesanteur aux bras; mais ces symptômes n'existent pas toujours ensemble. Dans tous les cas, on sent autour de chaque bouton, et dans toute l'étendue de la plaque, un gonflement qui est dû à l'engorgement du tissu cellulaire environnant. Le bouton a acquis alors tout son développement, et chacune des cellules qui le composent contient une humeur limpide. Du neuvième au onzième jour, la plaque s'éteint; il ne reste plus ordinairement que des efflorescences qui se prolongent quelquefois sur les parties environnantes, et la fièvre cesse. Vers la fin du dixième ou au commencement du onzième, il se forme une croûte jaunâtre au milieu de chaque bouton: eette croûte noircit du onzième au treizième, et elle tombe du vingt cinquième au trentième jour, quelquefois du dix-huitième au vingtième.

Tout cet appareil de symptômes est plus précoce pendant les chaleurs qu'en hiver; par conséquent la marche de la vaccine doit être plus rapide dans les pays chauds que dans les contrées septentrionales.

La vaccine sur les nègres suit la même marche que sur les blancs le bouton n'est point argenté, mais d'un noir plus clair que la peau; l'aréole est de couleur bronzée, et du même diamètre que sur les blancs.

Fausse vaccine.

Il y a une vaccine non préservative de la variole, qu'on

nomme fausse vaccine; elle se reconnaît aux caractères suivans la marche est plus rapide, son développement est prématuré. Le travail commence dès le lendemain; et quelquefois dès le jour même de la vaccination, il se forme aux insertions une légère intumescence qui s'applatit en s'étendant. Dès le même tems paraît une aréole, qui, le plus souvent, est d'un rouge pâle et vergeté. Avant le sixième jour, et à dater du deuxième, il s'est développé un bouton, ordinairement d'une forme irrégulière, qui, au lieu d'être déprimé au centre, s'élève en pointe; il paraît formé par une matière jaunâtre qui en se séchant, prend l'aspect de la gomme, et n'offre jamais la teinte argentée de la vraie vaccine. Ce travail, dont les périodes ne sont pas marquées et régulières comme celles de la vraie vaccine, cesse presque toujours sans qu'il se soit manifesté de fièvre.

Moment où il faut prendre la vaccine.

au

On peut prendre le vaccin depuis le sixième jusqu'au neu-. vième jour. S'il existait un commencement de croûte milieu des boutons, la matière ne serait pas sûre; car à cette époque elle a perdu sa transparence, et elle est devenue jaunâtre ou puriforme. Quand la vaccine est naturalisée dans un endroit, il faut l'inoculer de préférence de bras à bras; c'està-dire de l'individu vacciné à l'individu à vacciner, parce que le vaccin n'a pas le tems de s'altérer. On doit prendre ce fluide dans les boutons qui sont encore intacts, c'est-à-dire, dans ceux qui n'ont point été ouverts, soit par l'instrument, soit par accident.

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Procédé à employer pour obtenir le vaccin et pour faire les piqúres.

On pique légèrement, avec la pointe d'une lancette, différens endroits du bourrelet. On voit à l'instant même sortir des piqûres quelques gouttelettes d'une sérosité limpide, dont on humecte l'extrémité de l'instrument. La piqûre, pour vacciner, doit être faite très-superficiellement à la partie externe et moyenne du bras. Les piqûres profondes font venir du sang, qui peut rejeter en dehors le vaccin que l'on a introduit, ou qui, par ce mélange, en atténue l'effet c'est une des raisons qui font que toutes les piqûres pratiquées ne réus

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sissent pas. Lorsque la piqûre est faite, et que l'épiderme est soulevé, on doit un instant y laisser séjourner sa lancette, et ne la retirer qu'en appuyant avec le doigt sur le lieu de la piqûre, comme pour y essuyer l'instrument. Il est préférable encore de se borner à effleurer légèrement la peau, en y faisant une moucheture superficielle, après avoir tendu légèrement la peau. Lorsque la légère incision est faite, on essuie l'instrument sur la petite plaie, de manière à y introduire le vaccin qui le recouvre.

Procédé pour conserver le vaccin et l'envoyer au loin.

On conserve le vaccin de trois manières; sur le fil, sur la lancette et sur le verre.

1°. Le fil chargé du vaccin doit être introduit dans un tube capillaire étroit, dont on fermera les extrémités à la lampe de l'émailleur. De cette manière, le vaccin cst privé du contact de l'air, et peut parvenir à une grande distance; on l'emploiera en prenant les précautions suivantes : le fil sera extrait du tube, et placé sur une petite plaque de verre. On laissera tomber sur le fil une goutte d'eau, et, avec l'extrémité d'une lancette, on délayera le vaccin, qu'on inoculera ensuite.

2°. Le second procédé est beaucoup moins sûr. En effet, si on recueille le vaccin sur des lancettes, il en oxide ou rouille la lame; ce qui l'atténue et le fait changer de nature.

3°. Enfin, on peut le déposer sur deux carrés de verre poli; et lorsqu'il est placé sur ces verres, on les applique l'un sur l'autre par leurs surfaces humectées, et on en lute ensuite les bords avec de la cire. En général, il faut éviter d'exposer les fils ou les verres chargés de vaccin à l'action de la chaleur, qui paraît avoir sur ce fluide une action qui en altère les propriétés.

Pour employer le vaccin ainsi conservé, on le délaye avec une goutte d'eau froide bien limpide, jusqu'à ce qu'il n'ait plus qu'une consistance légèrement épaisse, et on en charge les lancettes avec lesquelles on doit faire les piqûres.

L'expérience a prouvé que le procédé le plus sûr est d'inocuder la vaccine de bras à bras. Ainsi, pour la faire pénétrer avec plus de certitude au-delà des mers, dans un pays très-éloigné; il faudrait embarquer cinquante sujets qui n'eussent pas eu la petite vérole; on en vaccinerait deux tous les neuf jours, et

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on pourrait, avec ce nombre d'enfans, faire une traversée de deux cent vingt-cinq jours (sept mois et demi ).

Observations.

Si la personne que l'on se propose de vacciner est saine et bien portante, la vaccination n'exige aucune espèce de préparation; si elle ne l'est pas, il est avantageux de rétablir sa santé. En général, quoique la vaccination ne demande presque aucune précaution, l'extrême prudence peut en ordonner dans certains cas. On peut vacciner un enfant depuis deux mois de sa naissance jusqu'au travail de la première dentition, et depuis la fin de ce travail jusqu'à la deuxième dentition.

Quoiqu'un seul bouton vaccin suffise pour constituer la vaccine et préserver de la petite vérole, on pratique depuis trois jusqu'à six piqûres. Plus on les multiplie, plus on est sûr que quelques-unes d'elles produiront des boutons, et plus on se ménage les moyens d'obtenir du vaccin en abondance.

On s'est vu obligé de répéter la vaccination plusieurs fois : ce qui arrive rarement quand on vaccine de bras à bras quand le vaccin est à son point de maturité.

et

Il ne vient des boutons vaccins qu'aux lieux mêmes des insertions. Quelques médecins ont assuré qu'il s'en était formé dans d'autres parties du corps; mais le comité n'a encore aucune observation particulière à cet égard.

La vaccine n'est contagieuse ni par l'air, ni par le simple contact; elle ne peut se communiquer que par l'insertion du fluide vaccin.

Quelquefois la vaccine ne se déclare qu'au sixième, septième, huitième jour, et même plus tard. On a vu des piqûres commencer à travailler, lorsque les autres, faites en même tems marchaient vers la dessication. Pendant le cours de la vaccine, et s'il ne survient aucun accident étranger, il n'est pas nécessaire de donner des médicamens au vacciné, ni de le soumettre à aucun régime particulier; il suffit alors d'éloigner de lui les causes de maladies et d'indispositions.

La vaccine, qui préserve de la petite vérole, ne met pas, pendant sa durée, à l'abri des autres maladies; elle ne reçoit de ces maladies et ne porte sur elles aucune influence. Il peut arriver que quelque tems avant, ou même pendant les premiers jours de la vaccination 9 une personne ait contracté la contagion de la petite vérole; alors le vaccin n'ayant pas le tems d'empêcher les effets du virus varioleux introduit, la 2. Seconde Part.

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vaccine et la petite vérole marcheront ensemble, sans se confondre. On a vu la rougeole, la scarlatine, etc. se déclarer quelques jours après la vaccination, parcourir leurs périodes, et la vaccine, qui en avait été retardée, suivre ensuite sa marche régulière. Il est donc utile qu'une personne instruite dans l'art de guérir, décide du moment favorable pour vacciner, prononce si la vaccine est vraie ou fausse, et suive le vacciné pour traiter les maladies étrangères qui pourraient se déclarer pendant le cours de la vaccine. Si l'on a pratiqué la vaccination sur une personne ayant eu, ou seulement soupçonnée d'avoir eu la petite vérole, il ne faut pas se servir du vaccin qu'elle produit; on risquerait de donner, et, par suite, de propager la fausse vaccine, qui n'est point préservative de la variole.

Fait en séance, le 19 vendémiaire an 11. Ont signé tous les membres du comité, THOURET, président; GUILLOTIN, PINEL, J. J. LEROUX, PARFAIT, DELAROCHE JADELOT, DOUSSIN - DUBREUIL, MARIN, MONGENOT, SAlmade; Hussecrétaire.

SON,

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FIN.

عظم

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