vase el remplissait les boîtes avec de l'eau qu'il prenait à la Seine. Le garde se promit de surveiller cet homme. En effet, il le guetta le lendemain, et le prit en flagrant délit ; c'était le sieur A.... garçon laitier chez la veuve A... Aujourd'hui, il comparaissait devant le Tribunal correctionnel, comme prévenu d'avoir vendu du lait falsifié par lui-même. La veuve A... était citée comme civilement responsable; elle ne se présente pas. Le sieur A... nie les faits; il prétend qu'on s'est mépris sur l'opération qu'on lui a vu faire au pont de Grenelle; qu'il ne mettait pas, comme on le prétend, de l'eau dans les boîtes, mais une liqueur ayant la propriété d'empêcher le lait de tourner; il faisait cette opération au moment d'entrer à Paris, ditil, parce qu'elle ne peut être faite longtemps à l'avance. Le Tribunal a condamné le sieur A... à quinze jours de pri→ son et 50 fr. d'amende et aux dépens, solidairement avec la veuve A... civilement responsable. FALSIFICATION DU LAIT AU MOYEN DE L'EcrÈmage. Tribunal de police correctionnelle du Havre, Audience du 25 juillet 1854. M. le Procureur impérial contre le nommé E. M..., culti valeur, prévenu de falsification de lait. Jugement. Attendu que la loi du 27 mars 1851 a eu pour but de réprimer toutes les fraudes, toutes les tromperies tendant à altérer ou à falsifier la nature ou la qualité des substances ou denrées alimentaires ou médicamenteuses; Que dès que la nature ou la qualité d'une denrée alimentaire ou médicamenteuse a été altérée, il importe peu que cette altération soit le résultat de l'addition d'une substance étran gère, ou de la suppression de certaines parties essentielles de cette même substance; Qu'il résulte de la discussion qui a précédé l'adoption de la loi dont il s'agit, qu'il y a falsification dans l'un comme dans l'autre des cas sus-énoncés ; Attendu qu'il est établi par l'instruction, et par les débats, que le 12 de ce mois, le nommé M... a envoyé, au Havre, 134 litres de lait qui étaient par lui destinés à être livrés aux personnes qu'il fournit habituellement ; Attendu que ce lait ayant été vérifié, il a été reconnu qu'il avait été dépouillé d'environ un tiers de sa crème ; Attendu que cette fraude constitue une falsification prévue et punie par les articles 1, 5, 6, 7 et 8 de la loi du 27 mars 1851 et par l'article 423 du Code pénal; Attendu que, dans le courant de l'année 1853, M. a déjà été condamné en vertu de la loi du 27 mars 1851; que cet individu se trouve en conséquence en état de récidive; Attendu qu'il existe encore dans la cause des circonstances atténuantes ; Par ces motifs, le Tribunal déclare M... coupable d'avoir, le 12 juillet 1854, falsifié, en l'altérant par l'enlèvement frauduleux du tiers de sa crème, une certaine quantité de lait (134 litres), destiné par lui à être vendu comme lait pur; et d'avoir, le même jour, mis en vente, au Havre, comme lait pur, le même lait ainsi falsifié ; Dit que M... est en état de récidive, aux termes de l'article 4 de la loi du 27 mars 1851; ; Juge qu'il existe dans la cause des circonstances atténuantes Et faisant application à M... des articles 1, 4, 5, 6, 7, 8, de la loi du 37 mars 1851, et des articles 423 et 463 du Code pénal, dont lecture a été donnée par le président, Le condamne à un mois d'emprisonnement et à 300 f. d'amende; Ordonne que le dispositif du présent jugement sera áfficlié à cinquante exemplaires dans l'arrondissement du Havre, et in séré dans les journaux le Courrier du Havre, le Journal du Havre, l'Echo du Havre; le tout aux frais du dit M...; Condamne, enfin, le sus-nommé aux dépens, pár corps, conformément à l'article 52 du Code pénal. Ainsi jugé et prononcé, au Havre, au palais de justice, le 25 juillet 1854, et dûment signé sur la minute, par MM. Duchemin, doyen des juges, remplissant les fonctions de président, pour empêchement de ce magistrat; Elie Le Févre, juge; Masson, juge suppléant, et Mercier, commis-greffier. Pour copie conforme, délivrée par le greffier soussigné, à M. le procureur impérial, sur sa réquisition. SUR LES PROPRIÉTÉS DU LYCOPERDON. M. le docteur C. Maupoint (d'Angers) communiqué quelques détails sur une nouvelle expérience d'assoupissement des abeilles qu'on ne lira pas sans intérêt et qui, si nous sommes bien informé, devra conduire prochainement à une ingénieuse application médicale : A l'heure indiquée, on apporta sur une table une nouvelle ruche (système de Beauvoys), dont la veille au soir on avait clos toutes les issues. Un côté de cette ruche, fermé seulement par une toile métallique, laissait aux abeilles le libre accès de l'air, et donnait aux curieux la faculté de suivre toutes les phases du narcotisme qu'on allait si facilement obtenir. Une ouverture pratiquée vers la base du côté opposé permit d'introduire l'extrémité d'un soufflet armé de l'enfumoir disposé à cet effet. Quelques fragments de lycoperdón giganteum étant mis en ignition à l'aide d'allumettes recouvertes d'encens pour éviter l'effet destructeur de la fumée de soufre, M. Ferré dirigea sa fumigation dans la ruche. • Deux minutes n'étaient pas écoulées que toute la bruyante colonie était plongée dans une ivresse évidente ou dans un sommeil lethargique. La reine, qui semblait avoir conservé là liberté de son intelligence et de ses mouvements, put être facilement saisie; on la mit en sûreté sous un verre, escortée dé quelques butineuses pour lui conserver le prestige de sa royauté. Les abeilles endormies et tombées presque toutes au fond de la ruche, c'était le moment de commencer la visite domici liaire, de retirer tous les cadres verticaux (qui aujourd'hui méritent une préférence légitime sur les autres), d'inspecter tous les gâteaux, de choisir quelques rayons de miel, de faire enfin une ronde de police pour chasser tous les malfaiteurs. Toutes ces opérations demandèrent à peine un quart d'heure, pendant lequel la population, en sieste profonde, fut aisément délogée dans une grande boîte en fil métallique. Au bout de ce temps, le mouvement, le bourdonnement et la vie commençaient à renaître dans cette espèce de cimetière apparent; on assistait à la résurrection de tous ces cadavres ailes, qui bientôt àllaient réprendre, sous la direction de leur reinè, les utiles fonctions que leur assigne leur poëte-historien: Ore legunt sobolem (VIRGILE). Après cette expérience si pratique, si triomphante pour les propriétés soporifiques de l'humble vesse de loup (lycoper don), un intelligent apiculteur présenta une ruche d'un autre modèle, qu'il supposait envahie par le plus cruel ennemi des abeilles, le galleria cerella où alvearia, plus connu sous le nom de fausse teigne. La ruche était close avec une simple serviette. On procéda de suite à la fumigation narcotique, deux minutes après, l'oreille, appliquée sur les parois de la ruche, constatait la suspension complète de tout bourdonnement: le mystère fut de suite dévoilé; puis, comme dans les romans tant soit peu moraux, le vice puni et la vertu récompensée ! Suivant les prévisions, on trouva une si grande quantité de cocons de fausses teignes qu'indubitablement l'avenir de la ruche était compromis. On fit précipitamment une razzia sur tous les insectes parasites, et les abeilles, à leur réveil, grâce à cette intervention tutélaire, purent jouir en paix de l'intégrité de leur territoire. CONCOURS POUR UNE PLACE DE Professeur de chimie A L'ÉCOLE D'Alfort. ! M. Lassaigne, titulaire de la chaire de chimie, de physique et de pharmacie à l'Ecole impériale vétérinaire d'Alfort depuis 1828, et fonctionnaire de cet établissement depuis 1818 vient d'être admis, sur sa demande, à faire valoir ses droits à une pension de retraite ; son remplacement comme professeur aura lieu, par décision ministérielle du 30 octobre dernier, suivant le programme publié ci-dessous : Programme (1) du concours qui sera ouvert le 24 février 1855, à l'École impériale vetérinaire d'Alfort, pour une place de professeur de physique, chimie, matière médicale et pharmacie, vacante à cette École. Première séance, rédaction d'un mémoire sur les questions (1) Note du Rédacteur. La lecture de ce programme, les conditions exigées, font penser que le brevet de vétérinaire ne devrait être qu'une affaire de forme; en effet, si la première Ecole de France veut avoir des professeurs comme feu Dulong, qui était membre de l'Institut, comme M. Lassaigne, il faudra la plupart du temps qu'elle aille les chercher ailleurs que dans les Ecoles vétérinaires; en effet, des connaissances chimiques, ́physiques, médicales et pharmaceutiques profondes, ne s'acquièrent que par des études longues, sérieuses, assidues et continuelles. A. CHEVALLIER. |