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connu à la Havane, et généralement à l'île de Cuba. Un médecin de cette ville, M. le docteur Dupierris, croit devoir en attribuer la cause au déplacement de l'air et au renouvellement continuel des couches atmo~ sphériques par la brise journalière qui règne à la Havane, auxquels l'auteur de la note, M. Casaseca, ajoute une cause non moins efficace, la rapide purification de cette atmosphère par une belle et puissante végétation, toujours verdoyante, sous l'influence de l'éclatante lumière du soleil des tropiques. (Commissaires: MM. Thénard, Magendie, Dumas, Elie de Beaumont et Regnault.)

PRÉSENCE DE L'IODE DANS LES EAUX PLUVIALES, LES EAUX COU

RANTES ET LES PLANTES DES ANTILLES ET DES COTES DE LA
MÉDITERRANÉE.

M. Chatin adresse à l'Académie une note sur la présence de l'iode dans les eaux pluviales, les eaux courantes et les plantes des Antilles et des côtes de la Méditerranée, en réponse à deux communications faites récemment sur ce sujet par MM. Casaseca (de la Havane) et Martin (de Marseille), qui tendraient à infirmer quelques-uns de ses résultats.

M. Chatin se propose de démontrer dans sa note que les notes de ces deux habiles chimistes, loin d'infirmer ses recherches et ses vues à cet égard, les confirment au contraire.

Ainsi, dit M. Chatin, M. Casaseca, qui a trouvé dans l'eau.de l'Almendara environ 1/5 de milligramme d'iode par 10 litres d'eau, pense que cette proportion est inférieure à celle que j'ai constatée dans les eaux des contrées affligées de goître endémique, et il en déduit que pour expliquer l'absence de cette maladie à la Havane, il est nécessaire de faire intervenir la vivacité des courants d'air. Mais quand le savant professeur de la Havane saura que ce n'est généralement que dans les localités dont les eaux ne contiennent pas pour 10 litres d'eau 1/30° de milligramme d'iode qu'on observe le goître primitif, il reconnaîtra que ces analyses, loin d'être contraires à mes propres recherches, en sont une confirmation précieuse.

M. Chatin ajoute qu'il a eu l'occasion de constater la présence de l'iode (environ 1/20° de milligramme pour 10 litres) dans la pluie et dans l'eau des sources de la Guyane, ainsi que dans l'eau des rivières de la Guadeloupe. Il a aussi trouvé, et en quantité à peu près égale, l'iode dans le tabac de la Havane et dans le tabac de France.

M. Chatin fait suivre la note de M. Martin des observations suivantes

1° J'ai trouvé l'iode (à peu près à 1/150o de milligramme par litre) dans l'eau de pluie tombée à Nice dans la première quinzaine d'octobre, dans l'eau des citernes de Cette, dans une pluie recueillie par moi-même à Cette dans la matinée du 27 octobre; à Montpellier, dans la soirée du même jour.

2o J'ai constaté la présence de ce corps dans des eaux de source légères qui m'ont été envoyées des contrées qui avoisinent Marseille, ou que j'ai recueillies moi-même.

Il est cependant vrai de dire, d'une manière générale, que, contrairement à ce qu'on pouvait prévoir, les eaux pluviales sont moins chargées d'iode sur les côtes de France qu'à l'intérieur des terres. Si M. Martin veut bien adresser à la commission de l'Institut de l'eau de pluie recueillie par lui à Marseille, je ne mets pas en doute qu'on y trouvera d'autant plus d'iode que le vent soufflera plus des terres. (Commissaires : MM. Thénard, Magendie, Dumas.)

RAPPORT SUR UNE PARTIE DE LA CULTURE DE LA VIGNE
DANS LA CHAMPAGNE.

Pour bien saisir l'importance de la provignerie dans la Champagne, j'ai pensé qu'il fallait rappeler par une courte description tous les travaux qui s'exécutent avant cette saison.

Chacun sait que la taille de la vigne est le premier travail du vigneron; ce travail s'exécute aussitôt les premiers beaux jours de février. II consiste dans l'enlèvement de la majeure partie du sarment fourni par la pousse de l'année qui vient de s'écouler, c'est-à-dire que des trois ou quatre brins de sarment qui forment chaque cep, on n'en réserve ordinairement qu'un, auquel on ne donne que 15 centimètres de hauteur pour un cep, et le double pour chaque cep destiné à être provigné aussitôt que le premier labour (la bêcherie) est donné.

La bêcherie se fait au moyen d'un hoyau (espèce de houe à lame longue, recourbée à angle droit, à environ 10 centimètres du chef, et emmanchée au bout d'un bâton approchant de la forme d'un arc de cercle). Elle s'exécute de la manière suivante : Sous chaque cep, on creuse d'environ 10 centimètres en dégageant le mieux possible la souche; puis, avec le pied, on fait descendre cette souche dans le trou que l'on a formé jusqu'à ce qu'il ne sorte plus hors de terre que la' taille nouvelle ou le plus jeune sarment. Cette saison est ordinairement

finie à l'apparition des premiers raisins, c'est alors que commence la provignerie.

On a vu que c'était en taillant que les ceps à provigner étaient préparés et qu'à cet effet le sarment était coupé d'environ 30 centimètres au-dessus de la souche, au lieu de 15 centimètres que l'on laisse pour un cep ordinaire. D'après cela, chaque ouvrier, muni de son hoyau et d'un crochet en fer de 20 à 30 centimètres de longueur, prend le cep à provigner le plus près possible de terre, et après l'avoir tiré jusqu'à ce que la couche soit hors de terre d'environ 20, 30 au 40 centimètres (suivant le cas où il y a plus ou moins de temps que'le ceps a été proigné), le fixe de côté au moyen dudit crochet. Ensuite, il fait un trou de 50 à 80 centimètres de longueur et 20 centimètres de profondeur dans lequel il étend le mieux qu'il peut la souche du cep, et il met sur la partie la plus jeune de cette souche une panerée d'une fumine composée ordinairement de deux parties à peu près égales de fumier et de terre forte, quelquefois crayeuse, mais plus souvent de la nature du limon, et cela suivantla nature des terrains qui est très variée sur la surface de notre territoire; il relève ensuite l'extrémité du cep en laissant passer hors de terre trois bourgeons autour desquels il forme un pot de la forme à peu près d'un entonnoir; il remplit le reste du trou qu'il a formé avec la même terre qui en provient, et va recommencer la même opération à chaque cep marqué pour cela.

Le nombre de ces ceps que nous appelons provins, doit être annuelment du douzième environ de la masse, c'est là la meilleure condition d'entretien de la vigne dans nos contrées.

Le choix de la nature de la terre mêlée au fumier pour l'opération du provignage n'est pas indifférent autant qu'on pourrait le penser. Un vigneron intelligent approprie toujours à chaque nature de terrain une terre d'une nature différente. Ainsi, dans les terrains brûlants, où l'on rencontre des cailloux calcaires à la surface, dans le rapport environ de 1 à 25, il mettra du limon ou de la craie pure. Au contraire, dans les terrains blancs, crayeux et froids, il mettra une terre sablonneuse ou une terre rouge brûlante.

Généralement les vignerons emploient le limon de préférence parce que cette espèce de terre entretient très bien la verdure de la vigne, empêche jusqu'à un certain point la coulure, et a aussi l'avantage d'être facile à travailler.

Malgré tous ces avantages, je crois qu'il vaudrait beaucoup mieux ne se servir ni de craie ni de limon, parce que, à mon sens, si l'on gagne beaucoup sous le rapport de l'augmentation des récoltes et sous le rapport du fumier économisé par cette méthode, on perd peut-être encore plus sur la qualité des récoltes dans les terrains où l'on prodigue cette espèce de terre. La preuve la plus convaincante de ce que j'avance, c'est qu'autour de chaque place où habituellement cette terre est déposée, les raisins mûrissent rarement, et que, fussent-ils mûrs, les raisins conservent un goût acerbe que l'on ne retrouve point à quelques pieds de là. Il vaudrait beaucoup mieux n'employer que de la terre tirée dans des endroits se rapprochant autant que possible de la nature des terrains produisant la meilleure qualité de vin; par là on arriverait, à la longue il est vrai, à avoir une qualité plus uniforme dans les produits de chaque contrée.

Beaucoup de vignerons pourront m'objecter que s'ils possèdent une vigne dans une contrée donnant un vin de bonne qualité, ils n'iront pas arracher cette vigne afin de modifier leurs autres terrains. Ma réponse à cette objection est toute prête. Je dirai : commencez par étudier la composition de la surface de la terre dans les meilleures contrées de votre terroir, remarquez bien dans quelles proportions l'argile, la pierre et d'autres substances y entrent, et sans avoir égard à la couleur qui ici n'y est que pour très peu de chose, tâchez de découvrir dans les friches communales, qui sont à votre disposition pour cela, le terrain qui réunit le plus d'éléments semblables à ceux que vous avez observés; je dis alors que vous êtes sûrs, en employant cette terre, de modifier la mauvaise qualité de certains terrains, et que vous conserverez la qualité de vos meilleures contrées.

L'expérience démontre de la manière la plus évidente que c'est plus à la nature du terrain qu'à là bonne exposition que l'on doit le degré de qualité des récoltes.

Ainsi, sur le territoire des Vertus, la contrée donnant la meilleure qualité de vin (le Montferrés) est située sur un plan de pente en regard du levant, tandis que la contrée donnant la qualité la plus inférieure (les Monts de Vroye) se trouve exposée au sud. Donc, il n'y a que la na-` ture du terrain qui peut apporter cette différence, puisque la culture et la maturité des ceps est la même dans l'une et l'autre contrée.

Si l'on observe les différentes qualités des produits de la vigne, sous le point de vue de la composition de la couche supérieure de terre végé

tale, on voit que plus cette couche renferme de glaise commune, plus la qualité est médiocre. Généralement les terrains donnant un vin de qualité supérieure sont difficiles à travailler; ils renferment des cailloux siliceux à peu près plats et d'une couleur très faible, dans le rapport environ de 1 à 30, et demandent beaucoup de soins et d'engrais; la vigne y est plus difficile à entretenir que dans les terrains crayeux et donne des récoltes moins abondantes et moins sûres.

On voit par cet exposé d'une partie des travaux suivis dans la culture de la vigne en Champagne, que ces travaux (demandent plus de temps et d'argent que sur tous les autres points de la France où l'on cultive la vigne et notamment dans les contrées méridionales, et je crois que c'est à la méthode de culture que nous employons que nous devons d'être préservés jusqu'à ce jour de l'invasion de l'oïdium. Ce qui prouve en faveur de cette opinion, c'est que des treilles vigoureuses en sont atteintes depuis deux ans dans nos contrées, sans que dans toute l'étendue du territoire, non seulement des Vertus, mais, je crois pouvoir l'affirmer, de toute la Champagne, un seul cep se trouve attaqué par ce fléau.

A coup sûr l'humidité du sol par suite d'une saison pluvieuse et froide ne peut être la cause du développement de l'oïdium; car s'il en était ainsi, les treilles qui sont toujours élevées et à l'abri pour ainsi dire de toute humidité, seraient préservées, et nos vignes qui ne soni élevées que de 50 à 60 centimètres au-dessus du sol devraient, par cette même raison, être totalement perdues, tandis que c'est tout le contraire.'

Je pense que c'est à la méthode de provigner et d'enterrer en bêchant la souche du cep jusqu'à la pousse de l'année qui vient de s'écouler, que l'on est redevable d'être à l'abri de cette maladie. J'espère que l'expérience démontrera, mieux que je ne saurais le faire, la vérité de ce que j'avance. A. CHARPENTIER.

Vertus, le 12 novembre 1853.

PRIX PROPOSÉS par l'ACADÉMIE DE MÉDECINE.

Prix proposés pour 1854.

Prix de l'Académie.

De l'huile de foie de morue, considérée comme agent thérapeutique. Ce prix sera de la valeur de 1,000 francs.

Prix fondé par M. le baron Portal.

Anatomie pathologique des cicatrices dans différents tissus.

Ce prix sera de la valeur de 1,500 francs.

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