K..., ouvrière gantière, était atteinte depuis quelque temps. à la cuisse gauche d'une affection qui lui causait de vives douleurs, l'empêchait de marcher, et que les médecins traitaient comme étant une coxalgie, affection éminemment chronique et de nature scrofuleuse, lorsque, au mois d'avril dernier, sa mère eut la pensée de la confier à un sieur R..., dit P..., dont on lui avait parlé comme tenant à C....... une espèce de maison de santé et ayant la réputation de remettre les membres luxés.

Cette jeune fille est restée chez R... l'espace de six semaines; elle en sortit beaucoup plus souffrante et se plaignant vivement des mauvais traitements et, en quelque sorte, des tortures auxquelles elle avait été soumise; elle avait subi un amaigrissement notable, et l'état général de sa santé paraissait profondément altéré. Elle fut immédiatement mise à l'hospice des enfants, où sa santé s'est améliorée sous l'influence d'un bon régime et d'un repos prolongé, l'affection locale persistant seule et paraissant s'être considérablement aggravée pendant le séjour de l'enfant chez le sieur R...

Le docteur Collomp, dans un rapport motivé avec soin, explique de quelle façon la maladie de cette jeune fille, à laquelle il avait d'abord donné des soins, a dû subir l'aggravation qui a été constatée lors de son entrée à l'hôpital des enfants, par suite de l'application d'un traitement qui consistait dans des marches forcées et douloureuses, et dans des tractions sur le membre malade, traitement éminemment contraire au mal de la jeune K....

Le docteur Collomp conclut de ce qu'il a vu, des renseignements qui lui ont été fournis, de l'existence d'un abcès froid, du gonflement considérable et de l'étendue du raccourcissement du membre inférieur gauche de l'enfant; qu'il faut voir dans tous ces faits des preuves irrécusables qu'il a existé de graves accidents dans l'articulation de la hanche gauche, et

que ces accidents doivent être attribués à des causes externes et fortuites, ce qui se concilie avec les moyens violents employés par R...

A raison de ces faits, le sieur R... a été traduit devant le Tribunal correctionnel comme prévenu: 1° d'avoir exercé sans diplôme la médecine et la pharmacie; 2° d'avoir, par son ignorance et son ineptie, occasionné des blessures et une aggravation de maladie à la jeune Louise K...

La mère de celle pauvre enfant expose en pleurant les faits relatés ci-dessus, et déplore la fatale pensée qu'elle a eue de retirer sa fille des mains des médecins pour la confier à un charlatan.

Le sieur R..., qui continue à C... les pratiques que sa mère, connue sous le nom de la Dame Blanche, exerçait depuis longtemps dans cette commune, prétend qu'il ne fait qu'exécuter les ordonnances du docteur A...

Le Tribunal a condamné le sieur R..., pour avoir exercé illégalement la médecine, mais sans avoir pris le titre de docteur, à 5 fr. d'amende, et pour avoir, par son ignorance et son ineptie, causé des blessures et une aggravation de maladie à jeune K..., à deux mois de prison et 16 fr. d'amende.

Dans le cas où un avocat a été appelé à compléter un Tribunal, il n'est pas exigé, à peine de nullité, que le jugement intervenu mentionne que cet avocat a prêté le serment prescrit par la loi, alors que le défaut de prestation de serment n'est pas justifié, qu'il n'est qu'à l'état de simple allégation devant la Cour de cassation, et que d'ailleurs les parties n'ont fait aucune réclamation devant lui sur l'irrégularité de sa composition,

(V. arrêts des 8 décembre 1813, 22 mars et 23 septembre 1831, 30 juillet 1833, 9 février 1836, et un arrêt du Parlement de Paris du 12 juin 1735.)

Le fait par un officier de santé, prévenu d'escroquerie, d'avoir pris dans un prospectus son prénom, avec l'intention de dissimuler son véritable nom, alors qu'il avait déjà été condamné sous ce véritable nom; d'avoir ordonné des remèdes que le Tribunal déclare qu'il savait inefficaces; d'avoir fait la promesse de guérir, dans un délai de dix jours, des maladies qu'il savait incurables, etc., constitue les manœuvres frauduleuses exigées par l'art. 405 du Code pénal pour établir le délit d'escroquerie.

Il n'y a pas exercice illégal de la médecine de la part de l'individu muni d'un diplôme d'officier de santé qu'il a obtenu dans un département autre que celui où il exerce réellement la médecine, mais il y a infraction à l'art. 35 de la loi du 19 ventôse an XI, qui défend aux officiers de santé d'exercer la médecine dans les départements autres que celui où ils ont obtenu leur diplôme; mais cette loi spéciale n'ayant édicté aucune peine pour cette infraction, il y a lieu de faire application des peines du droit commun, et de prononcer les peines de simple police. (V. arrêts des 12 et 18 novembre 1841, et 16 octobre 1847.)

Rejet du pourvoi d'Adrien C... contre un jugement du Tribunal correctionnel supérieur de Coutances, du 13 août 1853, qui l'a condamné à trois mois d'emprisonnement et 15 fr. d'amende, pour escroquerie et infraction à l'art. 35 du décret du 19 ventôse an XI.

M. Jallon, conseiller rapporteur; M. Bresson, avocat-général, conclusions conformes; plaidant, Me Paignon, avocat.

EAU MAGNÉTIQUE.

EXERCICE ILLÉGAL DE LA MÉDECINE

ET DE LA PHARMACIE.

André B... a commencé par pratiquer l'ébénisterie, mais

ayant trouvé trop de concurrence dans le faubourg SaintAntoine, il s'est fait professeur de magnétisme.

Il a eu un élève, ou se disant tel, le sieur B..., qui se donne ce titre et qui paraît en conséquence devant la 8° Chambre, en compagnie de son professeur.

Le 1er juillet, un commissaire de police pénétrait rue Amelot, 46, dans l'appartement d'André B... Dans la première pièce se trouvaient réunies douze personnes qui venaient, disaientelles en général, pour assister à une séance de magnétisme. Mais quelques-uns de ces curieux faisant antichambre répondirent avec plus de franchise: l'un venait demander des renseignements propres à lui faire retrouver la bourse qu'il avait perdue; d'autres venaient chercher la guérison de leurs maladies, maladies difficiles à guérir apparemment, car la dame T... venait ainsi assidûment depuis trois années entières.

En outre, la saisie donna quelques pièces probantes; de nombreuses ordonnances de médecine signées B..., sur quelques-unes desquelles, à la suite de la signature, on voyait les lettres sacramentelles : D. M.; plus, un certificat délivré au sieur B..., dans lequel il prenait la qualité de médecin.

A côté de ces pièces se trouvaient des lettres adressées par les malades, et enfin des flacons ayant contenu des substances pharmaceutiques et des bouteilles remplies encore de l'eau magnétique.

L'eau magnétique! quel beau titre ! Il est vrai qu'elle ne faisait pas beaucoup de bien, mais elle ne faisait pas de mal. L'eau magnétique était tout simplement de l'eau claire, l'analyse l'a démontré; mais nous sommes persuadé que les clients des sieurs André B... et B... ne le croient pas.

André B... prétend qu'il enseignait à son élève le magnétisme direct et sans sommeil. Son eau était de l'eau magnétisée dans laquelle il faisait passer les principes morbides des magnétisés. 3° SÉRIE. 10.

4

Le Tribunal, sur les conclusions conformes de M. le substi

tut Rolland de Villargues, a condamné André B... et B... chacun à 500 fr. d'amende.

HYGIÈNE PUBLIQUE.

Conseil d'Hygiène publique ET DE SALUBRITÉ DU DÉPARTEMENT

DE LA SEINE.

Instruction populaire (1).

Le choléra est ordinairement précédé de légers symptômes auxquels on ne porte pas assez d'attention, et qu'il suffit de dissiper pour arrêter le développement ultérieur de la maladie. Le plus commun de ces symptômes, c'est la diarrhée.

Il est donc de la plus grande importance de se soigner dès que ce symptôme se manifeste, quelque léger qu'il soit. Les moyens les plus simples à employer en attendant les conseils d'un médecin, qu'il est toujours nécessaire d'appeler, sont les suivants diminution ou abstinence complète d'aliments; usage du riz ou de ses préparations; infusion légère de the'; administration de quarts de lavement emollient et calmant (décoction de guimauve et de tête de pavot).

:

Si la diarrhée persiste, et, à plus forte raison, si d'autres symptômes l'accompagnent, il faut en toute hâte appeler un médecin.

D'un autre côté, les soins hygiéniques, si utiles dans tous les temps pour la conservation de la santé, deviennent surtout nécessaires à l'époque des épidémies. I importe donc de se vêtir chaudement et d'éviter les refroidissements; de se tenir avec propreté ; de vivre plus régulièrement encore que de coutume; d'éviter les excès de nourriture et de quelqu'autre na

(1) Cette instruction peut être utile dans toutes les localités.