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cité contint plus d'ammoniaque; Paris, sous le rapport des éma-· nations, peut être comparé à un amas de fumier d'une étendue considérable.

TOXICOLOGIE.

EMPOISONNEMENT PAR L'IODE A LA SUITE D'INJECTIONS DANS LE FOYER D'UN ABCÈS SYMPTOMATIQUE.

On sait que l'iode est généralement bien supporté soit à l'intérieur, soit surtout à l'extérieur; et cependant il y a des idiosyncrasies rebelles dont il faut tenir compte. Ainsi, il y a ya un an, le Journal de médecine et de chirurgie pratiques a rapporté le cas d'une femme à laquelle M. Nélaton prescrivait un gramme d'iodure de potassium chaque jour, et qui fut prise d'accidents formidables ayant beaucoup de rapports avec ceux que l'on observe dans l'œdème de la glotte. On fut assez heureux pour conjurer ces accidents par l'emploi exclusif des vomitifs; mais on n'en craignit pas moins un instant d'être obligé d'en venir à la trachéotomie. Un fait analogue s'est passé récemment dans les salles du même chirurgien, à la suite d'une injection de teinture d'iode.

Un jeune homme, affecté du mal de Pott, portait aux deux cuisses des abcès par congestion. M. Nélaton, désirant essayer dans ce cas les injections iodées, prit le parti de ponctionner l'abcès de la cuisse gauche. Cette opération fut pratiquée le 20 juin. Du pus s'écoula en assez grande quantité; puis quan d, au moyen de pressions méthodiques, on eut vidé convenablement le foyer, on y injecta, à l'aide d'une seringue à hydrocèle, la solution iodurée généralement usitée dans le service, et dont les proportions sont les suivantes :

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On injecta le contenu de deux seringues; mais on eut beau presser, il n'en ressortit environ que la moitié, après quoi la canule fut retirée et la petite plaie pansée avec du diachylon. Or, voici ce qui arriva.

L'opération avait été faite à dix heures et demie. A trois heures, le malade éprouva des étourdissements et du trouble de la vue; bientôt survinrent des vomissements de matières séreuses mêlées à du chocolat. Il avait en même temps un malaise extrême, la peau humide, les extrémités froides; le pouls petit, filiforme; la respiration accélérée, et tous les signes d'une prostration prononcée. A cinq heures, les vomissements persistaient, mais le pouls s'était relevé. Même état le soir et pendant toute la nuit.

Le 21 juin, persistance des vomissements, gémissements inarticulés, accablement; on remarque un gonflement énorme des deux paupières supérieures, dont la teinte est violacée. Le malade se plaint de souffrir au fond de la gorge.

Le 22, -quoique abattu, il se sent un peu plus fort; il accuse. plus nettement sou mal. On examine la gorge, et on n'y trouve que de la sécheresse; mais la respiration est génée, surtout pendant l'inspiration. Le malade tousse comme dans le croup, et sa voix ne vibre pas.

Cette aphonie, cette toux éteinte, cette inspiration difficile sont des signes propres à l'œdème de la glotte, œdème qui a été noté par Orfila comme un des symptômes de l'empoisonnement par l'iode. Le gouflement des paupières et les vomissements ne laissaient d'ailleurs planer aucun doute sur la cause de ces accidents. Il était manifeste qu'ils étaient le résultat

d'une absorption de la teinture d'iode injectée et laissée dans le foyer de l'abcès. La cause du mal étant ainsi connue, la première indication qui se présentait était de provoquer l'expulsion de la substance toxique, comme on l'avait fait avec succès, l'année dernière, chez la malade dont nous avons parlé. Mais ici pouvait-on recourir aux vomitifs? Non. Ce jeune homme avait vomi surabondamment; d'un autre côté, sa faiblesse extrême ne permettait pas de le traiter avec une grande énergie. On s'est borné, en conséquence, les deux premiers jours, à lui donner de la glace et des boissons glacées; des sinapismes ont été promenés sur les extrémités, des vésicatoires volants appliqués sur les parties latérales du larynx; et, le troisième jour, quand les vomissements ont été arrêtés, M. Nélaton à prescrit une pilule contenant une goutte d'huile de croton tiglium pour chasser ce qui restait de teinture d'iode dans les voies digestives. Si cette médication eût échoué et que l'asphyxie fût devenue imminente, l'unique ressource eût été alors la tracheotomie.

BRULURE DES DEUX YEUX PAR LA CHAUX.

Le jeudi 25 du mois dernier, un homme de la campagne, âgé d'environ trente ans, tombe la face la première dans un bassin de chaux éteinte. A l'instant même, il ressent une vive douleur dans les deux yeux et cesse de voir. On l'amène deux jours après à M. Desmarres, qui enlève des culs-de-sacs conjonctivaux une certaine quantité de matière blanchâtre, terreuse, mêlée à du sang coagulé. Les cornées semblent être atteintes dans leur surface seulement, la gauche moins que la droite; leur pourtour sclérotical est d'un blanc de craie et absolument insensible au contact d'un instrument; les conjonctives sont brûlées à peu près dans toute leur surface, surtout dans leurs replis inférieurs et supérieurs. Il n'y a aucune douleur ; il n'y

a pas de photophobie; l'état général est parfait, mais le malade ne peut pas se conduire, et ne peut que reconnaître quelques objets de l'œil gauche seulement.

A propos de ce malade, et dans le but d'indiquer la réserve que le médecin doit mettre à poser un pronostic dans les brùlures des yeux, M. Desmarres rappelle l'histoire d'une jeune dame que M. le docteur Coqueret lui a adressée il y a environ trois ans pour une brûlure des yeux par de l'acide sulfurique, que son mari, poussé par d'injustes motifs de vengeance, lui avait jeté au visage en plein jour, sur le pont Royal. Les cornées étaient presque claires; les sclérotiques, de même que dans le cas précédent, étaient profondément atteintes autour de la membrane transparente, surtout du côté gauche. Il y avait insensibilité complète des parties touchées par l'acide. La malade n'avait pas de fièvre, pas de douleur, et voyait assez bien des deux yeux. Mais vers le douzième jour, une réaction très vive commença à se manifester; la sclérotique et la cornée s'ouvrirent presque en même temps dans une très grande étendue du côté gauche, le cristallin s'échappa, et peu à peu la conjonctive se rétrécit à ce point, qu'un mois après les deux. paupières se soudèrent l'une à l'autre, malgré tous les moyens chirurgicaux employés. Plus tard, des essais furent tentés pour les séparer et placer un oeil artificiel, mais tout fut inutile. Heureusement l'œil droit guérit complétement après avoir couru les plus grands dangers.

Treize jours se sont passés depuis que l'homme dont il a été question plus haut a été atteint par la chaux. L'œil droit, qui a été le plus profondément brûlé, est toujours dans le même état anatomique, et tout porte à penser que la réaction y deviendra fort redoutable. Du côté gauche, un chémosis phlegmoneux partiel, accompagné de douleurs et de photophobie, commence à se montrer en haut et en dehors; la cor

née s'ulcère à sa circonférence. Cependant M. Desmarres espère dompter cette inflammation au moyen de la médication antiphlogistique générale la plus énergique, et surtout par les scarifications multipliées sur l'œil.

INFLAMMATION VIVE DES YEUX CAUSÉE PAR LA CHAUX

PROJETÉE DANS CES ORGANES.

M. Duperthuis a fait connaître le fait suivant :

Il y a quelques jours, un jeune garçon de cinq ans reçut dans les yeux une poignée de chaux éteinte; aussitôt des douleurs vives se déclarent; il pousse des cris et ferme convulsivement les paupières. Arrivé auprès de lui, j'entr'ouvre cellesci avec peine, et je trouve les yeux pleins de chaux délayée. Sur-le-champ j'essaye de la retirer au moyen d'une barbe de plume; mais, voyant que je n'y réussis que très difficilement et que les accidents marchent, l'idée en quelque sorte instinctive me vient de me servir de ma langue. J'ai donc balayé du bout de cet organe mobile les parties envahies par le caustique, que j'ai enlevé par paquets sans être rebuté ni par la répugnance que m'inspirait une telle opération, ni par la brûlure que j'éprouvais moi-même. Les deux yeux sont très enflammés, avec tuméfaction considérable des paupières, mais j'ai l'espoir que le gauche ne sera pas perdu.

Ce n'est pas le seul fait d'un accident pareil qui soit à ma connaissance. Il y a quelques années, on m'amena un jeune homme de seize ans qui avait les deux yeux complétement perdus au moment où je le vis pour la première fois. On me raconta que ce jeune homme avait reçu dans les yeux de la poudre de chaux et qu'à la suite de cet accident il s'était développé une très vive inflammation, dont aucun moyen n'avait pu venir à bout.

M. Coursserant qui a été témoin d'un accident semblable,

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