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Cervet est un hameau dépendant de la commune de Saint-Léger-lès-Troyes. Les formes anciennes du mot ont été successivement: Ceruel, 1146-1169; Cervel, 1217; Cervellum, 1294; Servelz, 1298; Servel, 1348; Servet, xvшr siècle; Cervet, 1705 (a). On trouve encore: Cerveil, 1613 (38).

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Le Territoire. Les anciens aveux et dénombrements de la terre de Cervet (18, 47, 55, 76) sont unanimes pour lui donner les limites suivantes : au nord, l'ancien chemin de Troyes à Bar-sur-Seine, aujourd'hui route nationale n°71, à partir de l'endroit où cette route coupe la rivière de Triffoire jusqu'au moulin placé à l'extrémité de Bréviandes, sur la rivière de la Hurande; à l'est, le cours de la Hurande, en suivant son ancien lit, jusqu'à une chaussée appelée la Chaussée-de-l'Etang-l'Abbé; au midi, la chaussée de l'Etang-l'Abbé se prolongeant par une ligne qui passerait en deçà de la ferme des Blancs-Fossés et de Courcelle, pour aboutir à la rivière de Triffoire; et à l'ouest, la rivière de Triffoire.

Au dix-huitième siècle, les religieux de Montier-la-Celle, seigneurs du village de Saint-Léger, prétendirent avoir le droit de seigneurie sur l'église, parce que, disaient-ils, l'église n'était pas comprise dans l'étendue de la seigneurie de Cervet, mais dans celle de Saint-Léger, et ils prenaient comme ligne de séparation des deux seigneuries, à la hauteur de l'église, le rû venant de la bonde de l'Etangl'Abbé. Il serait trop long et sans intérêt de rapporter ici

(a) Boutiot et Socard. Dict. top. de l'Aube.

les procédures faites, et d'analyser les mémoires produits en 1769, 1784, 1785 et 1786 (a); la question n'était peutêtre pas encore jugée quand les lois révolutionnaires supprimèrent l'ancien état de choses.

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La Paroisse. L'église paroissiale, placée sous le vocable de Saint-Léger, avait dans sa circonscription Bréviandes, Cervet, La Planche, Herbigny et Saint-Léger.

L'abbé de Montier-la-Celle était gros décimateur, patron ecclésiastiqué et collateur de la cure (b).

La Seigneurie et sa Justice.- La seigneurie de Cervet était comprise dans le bailliage et marquisat, puis duché d'Isles; elle relevait du château d'Isles (c). Le seigneur était haut justicier, c'est-à-dire qu'il avait droit de haute, moyenne et basse justice. En outre des censives, le seigneur percevait tous les ans, à la Saint-Remy, sur chaque feu ou ménage de Cervet et Bréviandes, une poule pour le droit d'habitation, six deniers tournois pour droit de pâture, et vingt deniers tournois pour droit de four banal et de cuisson du pain dans les maisons des habitants (42 et 45).

Il avait en outre un droit d'usage et pâturage dans la forêt d'Aumont (96).

Le lieu de la justice seigneuriale était l'emplacement de l'ancien château, appelé le Fort de Cervet, dont il sera question plus loin.

La justice de Cervet et Bréviandes avait un juge mayeur ou juge en garde, son greffier, son lieutenant, et un procureur fiscal (d).

En 1597, le seigneur de Cervet fit établir le pilori et les

(a) Pièces appartenant à M. de La Rupelle.

(b) D'Arbois de Jubainville. Pouillé, p. 130. La nomination à la chapelle de Saint-Quirin, en l'église de la Madeleine, à Troyes, était à la présentation des Marisy. (Pouillé, p. 306.)

(c) Aujourd'hui Isle-Aumont. (Voy. les actes de foi et hommage, et d'aveu et dénombrement.)

(d) Dossier de Cervet. Arch. dép. (Archives judiciaires.

fourches patibulaires à l'ouverture de l'ancien lit de la Hurande, près du pavé de Bréviandes, afin de maintenir les limites de sa seigneurie près de cet ancien lit, les administrateurs de la maladrerie des Deux-Eaux ayant fait creuser un nouveau lit pour amener l'eau plus directement à leur moulin de Bréviandes (47).

que

Les anciens Seigneurs.

Courtalon (a) nous apprend la seigneurerie de Cervet appartenait en 1262 à Erard de Valery, connétable de Champagne, chambrier de France, célèbre par ses hauts faits militaires et les grands emplois dont il fut chargé sous saint Louis (6). Le Père Anselme, qui a donné la généalogie de la maison de Valery, ne parle pas de Cervet. Les noms des anciens seigneurs qui, après lui, ont possédé cette terre jusqu'aux Louvemont, sont indiqués dans un acte d'aveu et dénombrement fait en 1769 (96), relatant un droit d'usage appartenant au seigneur de Cervet, dans la forêt d'Aumont, et mentionné dans les anciens actes d'aveux et dénombrements, savoir :

HUEZ DE LA FAUCHE (aveu et dénombrement du 16 décembre 1361) ou de la Planche (Album de Fichot, p. 49);

JEAN DESNOYERS, à cause de Jeanne de la Fauche, sa femme (aveu et dénombrement des 5 juin et 8 juillet 1384, 8 août 1407);

HUEZ, seigneur de Bulignéville (aveu et dénombrement du 3 novembre 1413);

ETIENNE DE LOUVEMONT, dès 1466 (c);

FRANÇOIS I DE MARISY, en 1478 (11);

La terre de Cervet resta dans la famille de Marisy jusqu'à la mort du dernier représentant du nom :

(a) Top. hist., III, 118.

(b) M. D'Arbois a esquissé sa vie, dans l'Histoire des Ducs et Comtes de Champagne, IV, pp. 494-498.

(c) Accensivement du 26 octobre 1466, par Etienne de Louvemont, seigneur de Cervet. Parchemin. Signé de Claudin et Jeuffroy, notaires

FRANÇOIS III DE MARISY, décédé à Troyes le 3 août 1744 (92);

JEAN-FRANÇOIS ANGENOUST, écuyer, seigneur de Bouy-surOrvin, son héritier, la vendit en 1765, à :

PIERRE PUGET DE MONTHAURON, grand-bailli de Troyes, seigneur de La Planche (93); mais il la reprit faute de paiement (a), et la vendit en 1764 à son fils aîné:

ARMAND-FRANÇOIS ANGENOUST, écuyer, gendarme ordinaire de la garde du roi (94); la veuve et les héritiers de M. Collinet, conseiller au bailliage de Troyes, en étaient alors co-seigneurs (6) pour une faible partie, car, l'un des enfants, Claude Collinet, avocat au Parlement, n'en était seigneur que pour un dixième en 1769 (95). M. Angenoust la céda, en 1786, à :

M. GABRIEL HARISTEGUY, avocat en Parlement à Paris (96), et c'est de ses héritiers qu'elle a été acquise par M. de La Rupelle, en 1835.

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Le Château. II У avait autrefois à Cervet un château fortifié, situé à l'extrémité du pays, près de Saint-Léger; il ne reste aucune trace de construction; les fossés ont été comblés en grande partie, en sorte qu'il est impossible de reconnaître aujourd'hui, d'une façon bien déterminée, leurs contours. Enfin, les arbres et broussailles qui ont poussé dans l'enceinte ne permettent pas d'en apprécier les dimensions. Mais un procès-verbal d'arpentage fait en 1550 nous apprend que le terrain compris dans les fossés était d'une superficie de deux arpents 27 cordes (a).

jurés en la prévôté de Troyes. Suscription de : Arnoul Housse, notaire et secrétaire du Roi, prévôt de Troyes (à M. de La Rupelle). (a) Note de la main d'Armand-François Angenoust (à M. de La Rupelle).

(b) Sentence du 5 janvier 1764. Archiv. dép. (Archives judiciaires). Dossier Cervet.

Dès la fin du xv° siècle, ce château n'existait plus, même à l'état de ruine; des lettres accordées par Charles VIII à François de Marisy, le 5 juillet 1497, lui permettant de construire un pont-levis pour son château nouvellement édifié, rapportent que l'ancien avait été détruit par les guerres et faute de réparations (13). La destruction remontait déjà à une époque éloignée : les principaux habitants de Cervet, Bréviandes et Saint-Léger ont déclaré, dans une enquête faite alors pour constater le droit du seigneur de Cervet, à la construction d'un pont-levis, « que dès et » depuis le temps de leur cognoissance ils ont par plusieurs » et diverses foys ouy dire et maintenir aux anciens du » pays, que audit lieu de Cervel, de toute ancienneté, ils » avoient veu une mocte que lon appelloit le fort de Cervel, » en laquelle souloit avoir maison, fort et pont leviz, et » quilz avoient esté abatuz comme dient les ungs par » guerres, et les autres par feu, ainsi quilz ont oy dire » tout notoirement, tant audit lieu de Cervel que » ailleurs. » Mais on voyait encore à cette époque de grands fossés doubles (16).

Il s'agit ici vraisemblablement des guerres contre les Anglais pendant le xv° siècle. Le château aura été gravement endommagé par les projectiles, et peut-être même par le feu mis par les assiégeants. La situation malsaine de cet emplacement a détourné les seigneurs de relever ces ruines, et François de Marisy fit construire, peu de temps avant 1497, un nouveau château entouré de fossés « à trois traictz darc ou environ » de l'ancien, disent les lettres de 1497 (13), en un lieu appelé la Viéville (17), c'est-à-dire là même où est encore la maison d'habitation de M. de La Rupelle (34), qui a été construite vers 1840. Il ne reste plus rien du nouveau château construit par François de Marisy.

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