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que la calomnie fe plaît à répandre fur des citoyens honnétes qui fervent depuis long-temps la chofe publique fans intéret & par dévouement: ce font les propres expreflions du memoire de M. Necker.

L'intérêt éft tel ement inherent à toutes les opérations de finance qu'il s'est élevé ici, dans l'affemblée, un murmure d'improbation on eft perfuadé que le patriotifme des capitaliftés & des financiers fort rarement de leurs coffres forts.

Il paffe enfuite à l'examen des billets d'état; il en fait voir les avantages & les inconvéniens.

il

Se repliant fur les opérations des finances de l'état, qui déviennent de plus en plus compliquées. audeffus des forces & de la portée d'un feul homme, propofe d'établir, fous l'autorité du roi, un bureau ou comité chargé de l'adminiftration du tréfor public, fous le nom de commiffaire de la trésorerie: on y joindroit des pefonnes vertées dans les finances. Par ce moyen on n'auroit plus befoin de contrôleur ni de directeur général des finances. Il y auroit un préfident & un commiffaire rapporteur : ce comité feroit une fauvegarde contre les myftères en finances : il y auroit plus de diligence & d'exactitude.

La fuite du bulletin au Supplément.

6 SULLIVAN, prétre, SEVESTRE, fecretaire fecretaire& membre de la & men re de la corref correfpondance. pondance.

ANNONCES.

Septième livraison de la lifte des penfions, so.

Rapport fait au nom du comité des lettres-de-cachet, par M. Caftelane, le 20 février 1790, 80.

A RENNES,

Chez R. VATAR, fils, libraire, imprimeur de la correfpondance de Rennes à l'affemblée nationale, & du prefidial, au coin des rues Châteaurenault &de l'Hermine, No. 791, au premier etages

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SUPPLÉMENT au No. V:

Suite de la féance du samedi 6 mars 1790. Ce projet a été adopté par le roi, qui fent la con venance de choisir dans l'affemblée la plupart des mem bres qui compoferont ce bureau; mais pour cela, il faut que vous dérogiez en quelque chofe à vos décrets qui, dit-il, fuivant moi, ne font pas appli cables à l'efpèce. En effet, quand vous avez ren◄ du ces décrets, vous aviez en vue d'éloigner vos membres du gouvernement, de les préferver de l'esprit ministériel: mais ici c'est bien plutôt une place pénible qu'une grâce, une faveur. Enfin, il eft des cas où le législateur doit modifier fes loix. Vos membres ont acquis des lumières en cette partie. Evitons les erreurs où la féparation de la légiflation & de l'adminiftration des finances nous a entraînés.

Il invite enfuite l'affemblée ne pas fe refufer aux defirs du roi. Les membres qui feront choifis ne changeront pas de principes, par leur connexion avec des miniftres auffi bons patriotes qu'eux. Il annonce fon départ pour les eaux, & fait fentir le befoin d'être remplacé pendant fon abfence. Nos difficultés ne font que paffagères, continue-t-il; doublons le cap dangereux que nous avons à paffer, & nous arriverons

au port.

L'approvisionnement de Paris eft affuré pour plusieurs

mois.

En 1791, plus de déficit au moyen de réconductions; & ce, fans plus grande levée de deniers.

Il relève une phrafe de l'adreffe aux François, dont le fujet eft que les finances ne feront plus un mif tère elle manque, dit-il, abfolument d'exactitude: les comptes que j'ai rendus ont répandu la lumière... Les bonifications, en 1791, feront de 65 millions. Il propofe de rejetter fur les provinces,en janvier 1791, toutes les dépenses à leur charge, ce qui produira une économie de plufieurs millions, par les foins & la vi lance des affemblées administratives.

Tom. 17.

Abonnement de mars,

5.

Ne femble-t-il pas auffi, continue-t-il, que les dé partemens doivent prendre connoiffance du pillage & des incendies qu'ont effuyés plufieurs citoyens, pour les en dédommager dans des temps plus propres, finon rigoureufement, du moins avec équité. C'eft de la part du roi qu'il foumet cette idée à la confidération' de l'affemblée. Ici des applaudiffemens redoublés & unanimes ont interrompu la lecture, & ont témoigné combien l'affemblée étoit fenfible à cette nouvelle mar◄ que de bonté du roi pour fon peuple.

Il propofe enfuite divers remplacemens des droits fupprimés ou à fupprimer ou modifier; il approuve les impôts fur le luxe; il examine divers plans, & propofe le fien fous le titre d'obfervations.

En noté, M. Necker a obfervé que la caiffe d'efcompte ne veut payer qu'en affignats la fomme qu'elle doit verser au tréfor royal dans le cours de mars; il prie l'affemblée d'interpofer fon autorité, ou du moins, que fon préfident écrive aux adminiftrateurs pour les empêcher de payer autrement qu'en espèces ou en billets échéans en mars.

Ce difcours fera imprimé du premier jour.)

Séance du famedi 6, au foir.

Nous paffons une foule d'adreffes de dévouement & d'actions de grâces, les détails de plusieurs petits dons patriotiques.

Les députés de la commune de Paris ont été introduits à la barre ; ils ont exposé la rareté du numéraire, qu'ils attribuent à la caiffe d'efcompte. Ils propofent de faire procéder promptement à la vente des biens eccléfiaftiques, de nommer des commiffaires pour furveiller les opérations de la caiffe d'efcompte, &c. Leur adrefle intéreffante fur les moyens de remédier à la rareté du numéraire, fera prife en confidération par l'affemblée..

M. Mulot, au nom de la commune, demande à laf femblée de fouftraire les peuples du Bas-Limousin & de Brive en particulier, aux pourfuites acharnées d At qui en a déjà fait exécuter plufieurs.

M. Malès a fait une motion fur l'affaire de Brive, tendante à fufpendre toute procédure & surfeoir toute exécution. M. Charles de Lameth parlant en faveur des accufés conclut aux mêmes fins.

M. Guillaume demande la fuppreffion des prévôtés de maréchauffée. La question eft trop importante, reprend M. de Menou, pour être décidée sur le champ; il faut l'ajourner. M. Guillaume y confent, parce que par-là il fera furfis à l'exécution de tout jugement prévôtal. Après quelques débats encore, l'ajournement de M. Guillaume eft décrété, & la furféance à tous jugemens définitifs prévôtaux eft ordonnée.

On a introduit enfuite les députés de la ville du Havre, qui ont lu l'adreffe fuivante :

«La commune du Havre vient avec cette refpec tueufe liberté qui caractérise le vrai citoyen, vous peindre fes allarmes, & l'effrayant tableau des malheurs dont l'état eft menacé.

Le temps preffe ; le mal eft à fon comble; le com merce touche au moment de fa ruine; s'il tombe, il entraînera le royaume dans fa chûte.

Nous n'employerons pas les momens précieux que yous nous accordez à démontrer l'importance des coJonies; leur influence fur la force & la profpérité de l'empire, l'impoffibilité de les conferver fans la continuation de la traite & de la fervitude des noirs; la liaison intime du commerce & de l'agriculture, & fes rapports avec tous les genres de travail & d'induftrie. Ces grandes vérités fe font développées dans toute leur étendue, fous la plume éclairée du patriotifme, & les adreffes que vous avez reçues des differentes parties du royaume vous ont prouvé, noffeigneurs, qu'elles ont frappé l'oeil de la nation.

Nous nous bornerons à vous expofer la fituation actuelle des ports de mer, des places commerçantes, des villes manufacturières, enfin de tout ce qui tient au commerce; & fa chaîne eft immenfe !......

Vos importans travaux, une impérieufe néceffité, ont 1éculé jufqu'à ce moment la décifion que la nation inquiètte attend avec tant d'impatience; & l'incertitude

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feule, que ce retard a fait naître, a caufé des mau infinis, & peut-être irréparable....

Au premier cri qui s'eft fait entendre pour la deftruc tion de la traite x de l'efclavage des noirs, feuls moyens poffibles de continuer la culture des colonies, le royaume s'eft ébranlé, la terreur s'eft répandue dans toutes les claffes de citoyens, ia fufpenfion des travaux, la défiance, le difcrédit, ont été la fuite de certe première commotion; des fecouffes violentes ont agité les colonies: les inquiétudes de la métropole ont redoublé, & les préfages d'un avenir finistre ont déjà produit des malheurs. Enfin, les nouvelles qu'on a reçues des Antilles ont porté le dernier coup au commerce expiran.... Les navires défarmés dans les ports, les atteliers déferts, les manufactures im mobiles, un defféchement univerfel de toutes les branches de l'industrie nationale, la douleur, les plaintes, les murmures, le défefpoir..... Cette peinture eft affligeante, mais malheureufement trop fidèle. —

Des milliers d'ouvriers demandent à grands cris l'emploi de leur temps & de leurs bras, bientôt ils demanderont leur fubfiftance; & lorfque la fource des bienfaits, afféchée par des pertes & des facrifices énormes, fera tarie pour eux, que deviendront-ils 2. que feront-ils ?

Si la feule appréhension d'un mal, encore incertain a caufé tant de défaftres réels, que ferait-ce donc fi une loi à jamais fatale, marquoit le commerce du fceau d'une éternelle réprobation?

Nous n'entreprendrons pas, noffeigneurs, de décrire les terribles effets que produiroit cette décifion impolitique; votre fageffe & vos lumières fauront les preffentir.

L'anéantiffement des fortunes, les banqueroutes, le défordre, les foulevemens, font peut-être les moindres maux que nous aurions à redouter.

P ononcez donc, noffeigneurs, prononcez fans différer; le fort de l'empire eft dans vos mains; qu'un décret, digne de votre fageffe, raffure la nation

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