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faire enfuite le tranfport des retours & échanges. M. Dupont demandoit deux vaiffeaux de la marine royale que le roi paroftroit réformer, & qu'il donneroit à la compagnie. Cette compagnie devoit être compo fée de MM. d'Urvet, le Rat & Dupont.

La fuite à l'ordinaire prochain.

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Na. A la réception de votre lettre d'avis, M. de Fermon, l'un de nous, alla prendre à la pofte l'envoi de MM. les boulangers; & le même jour, il fit à l'affemblée l'annonce de leur don patriotique, & donna lecture de leur délibération : l'affemblée applaudit beaucoup à ces preuves de leur patriotifme. C'étoit un mardi foir, & nous croyons qu'il vous en avoit été rendu compte par la lettre du mercredi.

6 SULLIVAN, prêtre, fecretaire & membre de la correfpondance.

COSTARD, fecretaire & membre de la corref pondance.

Détails fur le complot de M. Maillebois.

Le nouveau plan de confpiration annoncé, a acquis aujourd'hui une réalité d'évidence, dont le comité des recherches de la commune, & celui de l'affemblée nationale pourront adminiftrer des preuves aux incrédules. Ce projet a été dénoncé à ces comités, par le propre fecrétaire & le valet-de-chambre de M. de Maillebois,

Voici a-peu-près le plan que ce général avoit tracé: I!. demandoit au roi de Sardaigne huir millions, autant au roi, d'Efpagne & au roi de Naples; de plus, il propofoit de faire un emprunt cautionné par le roi de Sardaigne. Ce monarque étoit prié de fournir une armée de vingt-cinq mille hommes, qui, partagée en trois divifions, devoit entrer dans le Dauphiné par Embrun, dans le Lyonnois par la Savoye, dans la Provence par Nice. Les mécontens de ces provinces devoient joindre cette armée, & y être des engagés par des adreffes & un manifefte publiés par hommes vendus à l'aristocratie. Ces armées devoient fe rendre à Lyon, où l'on efpéroit être favorifé par les en

noblis. Le roi devoit être invité à s'y rendre; & M. de Maillebois affuroit avoir des moyens fûrs pour l'y faire. conduire fans danger.

Les petits princes d'Allemagne étoient auffi engagés à entrer dans l'Alface & dans la haute Champagne, avec deux armées de dix à douze mille hommes pour faire diverfion. Le roi arrivé à Lyon, l'armée combinée s'avançoit vers Paris, & maffacroit tout ce qui s'oppofoit à fon paffage. Arrivée à Paris, cette armée en formoit le blocus, & menaçoit les habitans du pillage, de la famine & de la mort, s'ils refufoient de fe foumettre. La diffolution de l'affemblée nanationale devoit être le terme de ces opérations.

Dans le même temps que le fecrétaire de M. de Maillebois le dénonçoit aux comités des recherches de l'affemblée nationale & de la ville, deux lettres arrivées de Turin, & dépotées au même comité, annonçoient que le projet de M. de Maillebois avoit été porté à Turin. C'étoit M. le chevalier de B...., aide-de-camp de M. le maréchal de Broglie, qui s'étoit chargé de négocier dans cette cour, & un confeiller au parlement de payer les frais de fon voyage.

M. de Maillebois étoit à Thuvy, château appartenant madame de Caflìni, lorsqu'il a été inftruit de la révélation de fon projet; il en eft parti le 22 mars à dix heures du matin, pour Breda, où il doit être rendu en ce moment.

CAMP VOLANT EN BRETAGNE. COPIE de la Lettre écrite par MM. les Députés de Bretagne, à M. le Comte de Saint-Prieft, le 27 Mars 1790, en Comité.

La province de Bretagne, Monfieur, eft inquiète du projet de camp-volant que vous annoncez par votre lettre du 6 mars & cette inquiétude, nous le difons franchement, nous paroit fondée. Les municipalités, chargées particulièrement du maintien de l'ordre, n'ont pas dû voir avec indifférence', qu'on fubftituât à leur autorité la force militaire qui lui eft fubordonnée; & vous avez fi bien fenti, Monfieur, combien cette mefure pouvoir inf pirer d'alarmes, que vous avez dit à meffieurs les députés de Nantes," qu'on n'avoit pas eu l'intention de former de Camp-Volant, expreffions que nous lifons cependant dans votre lettre du 6 mars

Le projet et donc inconteftable, & dans le moment où la fageffe preferit la plus grande furveillance, tout eft examiné & fcruté avec attention par les citoyens. On a remarqué par exemple que vous préveniez les municipalités que M. d'Hervilly étoit

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autorifé à compofer fon armée de divers détachemens des troupes qui font difperfées dans la province, & l'on en a conclu que le projet étoit de donner à M. d'Hervilly feul, plus de forces militaires, qu'à tout le refte de la province; précaution inutile, fi l'on ne fongeoit qu'à repouffer quelques pay. Jans mal armés. On a remarqué encore que vous menaciez de la refponfabilité les villes que le foin de leur fûreté empêchetoit de confentir qu'on diminuât leurs forces; que M. d'Hervilly, loin de dire aux municipalités qu'il fe portera fur leurs réquisitions dans les lieux qui auront befoin de fecours, leur apprend qu'il eft chargé des difpofitions; qu'il efpère qu'on fe concertera avec lui, c'eft-à-dire qu'on prendra fes ordres ; il vante fon patriotisme, il eft vrai, mais il cite auffi la rigueur de la faifon.

En deux mots, monsieur, l'effroi eft général; &, c'est une raifon fuffifante de rejetter jufqu'à l'idée de ce camp-volant, qui feroit injurieux aux Bretons. Ce feroit faire penfer au reste de la france que la bretagne eft couverte de brigands, tandis qu'il n'en a paru (Eh! comment encore!) que dans un petit coin. Mais comme il eft prudent d'être attentif fur cette partie qui a éprouvé du défordre, nous vous prions d'envoyer un escadron de dragons à Ploërmel, un fecond à Joffelin & un troisième à Pontivy trois villes qui de tout temps ont eu de la cavalerie. On peut ajouter à cette précaution celle de recommander aux municipa lités de fe prêter mutuellement le fecours & l'affiftance de leurs détachemens à toute requifition, & nous vous prions encore de donner fur cela vos ordres.

Il nous refte, Monfieur, à vous folliciter de nous faire, le plutôt qu'il vous fera poffible, une réponse propre à diffiper les inquiétudes de nos concitoyens qui affirment que depuis la nouvelle du camp volant, ils ont vu briller une joie perfide fur les phyfionomies des malveillans.

Nous avons l'honneur d'être, &c.

REPONSE de M. le Comte de Saint-Priest, à Meffieurs les Députés de la Bretagne à l'affemblée Nationale.

Paris, le 27 Mars 1790. Je reçois, meffieurs, la lettre dont vous m'honorez aujourd'hui.

Il m'eft très-aifé de vous répondre fur toutes les inquiétudes que la province de bretagne a conçues, & qui vous paroiffent fondées, ce dont je ne faurois convenir. Pour éclaircir ce qui caufoit tant d'ombrage, il fuffifoit de préfumer que M. d'Hervilly ne feroit point un pas fans en être requis par les municipalités; en effet, pouvoit-on fuppofer qu'une difpofition, faite à la demande de plufieurs villes de

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votre province, dont j'ai donné avis aux principales, & qui étoit connue de quelques-uns de fes députés, porteroit fur une bafe inconftitutionnelle, au moment fur-tout où l'affemblée nationale venoit de donner un décret fanctionné fur l'ufage des troupes réglées, de l'infraction duquel je me ferois rendu refponfable?.

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Lorfque j'ai dit à meffieurs les députés de Nantes, qu'il ne s'agiffoit pas d'un camp-volant, c'eft qu'en effet ce projet inconteftable ne devoit être mis à exécution que dans le cas où plufieurs lieux de la province auroient à la fois de mandé des troupes réglées. Il falloit fans doute alors former un corps tiré de plufieurs villes rendues refponfables de leur refus, qui pût, en s'établiffant au centre des ravages porter, fans perdre fon enfemble, du fecours fur divers points, fauf à renvoyer les troupes dans leurs garnifons, lorfque le feu feroit calmé. Je fuis charmé, meffieurs, que la province foit tranquille; M. d'Hervilly n'a dès lors rien à faire, que de fe tenir à fon régiment. Si on a befoin de lui, il marchera dès qu'il fera réquis, & non autrement.

Quant à la difpofition que vous fouhaitez, pour qu'on vous envoie de la cavalerie à Ploërmel, Joffelin & Pontivy, j'en ai déja écrit à M. d'Hervilly; mais comme cela regarde plus particulièrement le miniftre de la guerre, je lui fais part de votre defir. J'écrirai cependant aux trois municipalités en queftion de fe correfpondre fur leurs befoins refpectifs de troupes réglées.

Il me refte, meffieurs, à vous remercier de vous être expliqués nettement avec moi; j'en ufe de même avec vous. Si cela fe pratiquoit plus fouvent, on éviteroit de prolonger des défiances aflez naturelles à l'efprit de la liberté, mais qui font fouvent injuftes & nuifibles au bien public. J'ai l'honneur d'être avec un véritable attachement, MESSIEURS,

Votre très-huinbles & très-obéiffant
ferviteur,

Le Comte de SAINT-PRIEST..

A VI S.

On trouve chez R. Vatar, fils, libraire, au coin des rues Chdreaurenault & de l'Hermnie, au premier étage.

Aux états-généraux, fur lá néceffité d'une réforme dans l'ordre judiciaire, par M. le comte de Sanois, l'une des victimes de l'ordre judiciaire, 1 vol. in-8°.

Réponses aux objections & aux murmures des françois mécon rens, broch. in-8°.

RENNES, chez R. VATAR, fils, libraire, 1790.

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No. XVII.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Du mercredi 7 avril 1790.

BULLETIN DE LA CORRESPONDANCE
DE RENNES.

Suite de la féance du jeudi ler avril 1790.

Ceux que la malignité portoit à ne trouver dans M. Dupont qu'un faifeur d'affaire, ont eu à ce mot, un inftant de jouiffance,& ceux qui connoiffoient fa délicate probité, un inftant d'inquiétude. M. l'abbé Maury a demandé à lire un paffage d'une lettre de M. Dupont ; mais comme on avoit lieu de fe défier d'une lecture tronquée, & par-là même toujours infidieufe; on a requis que la lettre fût lue en entier elle. Pa été; il en eft réfulté que, bien loin que M. Dupont fût de l'avis du privilége exclufif de la nouvelle compagnie des Indes, il fe montroit au contraire fon plus ardent adverfaire. On y a entendu avec plaifir cette phrase: «Je ne fuis pas tout-à-fait infenfible à mon intérêt ; » mais je une tête fi romanefque, que je préférerai toujours l'intérêt du roi & de la nation au mien. »

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Cette phrafe où l'on a retrouvé M. Dupont, a diminué le nombre des rieurs, en faveur de M. l'abbé Maury. Depuis lors, il a perdu le plan & le fil de fes idées; il a fort mal établi les deux dernières propofitions de fon difcours; il s'eft borné à dire que des parAbonnement d'avril.

Tom. IV.

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