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des produits bruts des mines, tant de ceux qui deviennent marchandises par l'exploitation seule des mines, comme sont les combustibles fossiles, la houille, par exemple, que des produits qui, pour devenir marchandises , exigent des préparations ultérieures, le feu des usines, ou l'emploi d'autres agens; tels sont les métaux à l'état de pureté qui. leur donne pour la première fois leur nom propre à l'aide des opérations métallurgiques ; tels sont plusieurs oxydes, et plusieurs sels métalliques ou terreux.

La richesse minérale devient relative, c'està-dire , elle influe plus ou moins sur la prospérité des États auxquels la nature l'a départie, à proportion de la surface de leur territoire et de leur population. Les exemples suivans suffisent pour rendre sensible la différence que M. Héron de Villefosse établit entre la richesse minérale absolue et la richesse minérale relative. La richesse minérale absolue des pays de Hanovre et de Brunswick , c'est-à-dire, la valeur annuelle des produits de leurs mines et usines , est de six millions de francs ; elle existe entièrement au sein des montagnes du Hartz, qui sans elle seroient inhabitées, et là sur une étendue de treize myriamètres carrés, elle fait vivre cinquante mille habitans — La richesse absolue de la Saxe , qui est de sept millions quatre cent vingt mille francs , se trouve presqu'entièrement concentrée dans les montagnes métallifères, dites Erzgebirge , dont l'étendue est de cinquante-neuf myriamètres carrés, et là elle fait vivre trois Cent soixante et deux mille habitans.—En Prusse, la richesse minérale absolue de laSilésie seule , s'élève à peu près à neuf millions de francs , sur un territoire de trois cent quatre-vingt-six myriamètres carrés, où l'on compte neuf cent soixante-seize raille neuf cent trente-quatre habitans. Ainsi, dit M. Héron de Villefosse : « Quoiquele Hartz , «Je Erzgebirge , et la Silésie , ne diffèrent » quant à leur richesse minérale absolue , que » comme les nombres 6, 7, et 9 , ces trois « pays présentent une différence très-considé35 rable de richesse minérale relative; car , il 35 est évident,' qu'à un même espace, et à un » même nombre d'habitans, correspond, au 3) Hartz et dans le Erzgebirge, un produit » annuel du règne minéral beaucoup plus con» sidérable qu'en Silésie, et que toutes les con» séquences qui en résultent pour la prospérité » publique , 6uivent la mêrne proportion ». C'est d'après cette manière d'envisager les min es et usines, que l'auteur a dressé le tableau dela richesse minérale absolue et relative des principaux Etats de l'Europe et de l'Amérique. Si les statisticiens qui ont traité partiellement des mines de quelques contrées, ont souvent présenté des idées vagues sur cette partie intéressante de la richesse publique , cela vient de ce que n'ayant aucun égard à l'étendue du territoire et à sa population , et n'établissant point , comme M. Héron de Villefosse, une différence, qui est très-essentielle entre l'industrie génératrice relative aux mines etusines proprement dites, etl'industrie manufacturière qui façonne les produits obtenus , ils ont négligé des circonstances qui devaiexit modifier leurs résul

tats, qui seules pouvaient les rendre précis et susceptibles de comparaison , en un mot, vraiment utiles. M. Héron de-Villefosse , au contraire , en combinant à l'aide du calcul les résultats d'observations relatives aux mines, avec les résultats connus d'étendue et de population de chaque pays , nous présente des rapports numériques de richesse minérale absolue et de richesse minérale relative pour l'Espagne , tant en Europe qu'en Amérique; pour le Portugal, les Etats-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne, la Russie , la Suède, les États Danois, la Monarchie Autrichienne, les royaumes de Saxe , de Bavière , de Prusse , de Westphalie; pour l'Empire français, et pour le grand-duché de Berg. Le tableau statistique de la richesse minérale des principales puissances chez lesquelles fleurit l'exploitation des mines, tel qu'on le trouve page 240 de l'ouvrage , indique les lieux où sont situées les mines et les usines les plus célèbres; la nature et la quantité de matières premières (i) que l'on obtient annuellement.

Ce tableau, où le lecteur voit d'un coup d'œil quelle quantité d'or, d'argent, de mercure,

(1) M. Héron de Villefosse nomme dans le cours de son ouvrage , matières premières } les objets que l'industrie génératrice des mines et usines fournit à l'industrie manufacturière. Les métaux parvenus à l'état de pureté qui leur donne leur nom dans le commerce , sont des matières premières , parce qu'ils reçoivent toutes sortes de formes dans les manufactures , et que suivaut le Dictionnaire de l'Académie française , tout ce qui est susceptible de prendre des formes ultérieures est réputé matière première.

de plomb, de cuivre, d'étain , de fer, de cobalt, de zinc, de houille , de soufre, de vitriol , d'alun , tel ou tel Etat de l'ancien et du nouveau continent obtient annuellement des mines exploitées sur son territoire , est suivi de recherches très-curieuses sur les mines et usines. L'auteur nomme les différentes sources où il a puisé tous les renseignemens qui ont servi de base à ses tableaux : ce sont tantôt des pièces officielles qui lui ont été communiquées, tantôt des rapports manuscrits de voyageurs éclairés , ou des ouvrages en langues étrangères, récemment publiés par des hommes d'un mérite supérieur et généralement reconnu ; c'est dans l'ouvrage même qu'il faudra désormais chercher ces précieux renseignemens, car ils ne sont pas susceptibles d'être analysés, étant euxmêmes le fruit d'une analyse qui n'a rien admis de superflu. Ainsi, bornons-nous à indiquer , d'après les détails qui se trouvent dans l'ouvrage de M. Héron de Villefosse, que dans l'ensemble des pays énoncés ci-dessus, l'exploitation des mines et usines procure annuellement , d'après le terme moyen d'un grand nombre d'années:

4marci.

Or 76,763"

Argent 3,784,029

Mercure. .. '. . . . 39,66oiui'11- de ioo1L

Plomb 4^0,972

Cuivre 38a, 186

Etain 64,5oo

Fer en barres et fonte moulée i5,i8o,543

Cobalt; oxyde de cobalt

( safre, smalt ) 39,684

(Oxyde de zinc) ou calamine 77,53iîninU"

Houille et bois fossile. • 2,61,716,000

Soufre i6,444

Vitriol ; sulfate de fer, de

cuivre ou de zinc. . . • 137,944

Alun 139,097

Dans ces nombres ne sont pas compris les produits très-importans du grand-duché de Berg, que l'auteur présente séparément page 441; non plus que les produits minéraux de PItalie considérés à part, pag. 225 et pag. 423; non plus que ceux des Etats voisins des rives du Rhin , tels que Bade r Wirtenberg , Hessed'Armstadt et Nassau Usingen , qui sont l'objet d'un exposé particulier, pag. 226 et suivantes.

D'après les prix moyens que l'auteur énonce, comme base de ses laborieux calculs , la valeur des marchandises rapportées ci-dessus, comme 1e fruit de l'industrie génératrice des mines et usines, est annuellement une somme de 962,350,000 francs en produits bruts auxquels l'industrie manufacturière donne ensuite un

()rix infiniment plus considérable , ainsi que 'auteur, le fait voir en plusieurs endroits par des faits authentiques. Remarquons encore avec lui, pag. 271, que « la valeur des produits an» nuels de toutes les mines d'or et d'argent du » monde entier, est tout au plus le quart de » celle que composent les autres matières pre» mières extraites annuellement du sein de la » terre , sans compter parmi celles-ci les » pierres et les terres employées par les diffé» rens arts, et sans compter le sel que nous

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