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lorfque leur perception fut confiée à la rapacité des Traitans. Selly, le vertueux Sully, rétablit l'ordre dans les Finances fous le me:lleur des Rois; mais cet ordre fut bientôt interverti à la retraite de ce Miniftre, par les mains avides & intéreffes des Ital ens, qui jouirent du plus grand crédit pendant la Ré, gence de Marie de Médicis. Richelieu, plus occupé de l'agrandiffement de la Monarchie qu'il gouvernoit, que du foulagement des Peuples, laifa le champ libre aux déprédateurs. Le pouvoir abfolu de Mazarin, en excitant la guerre civile, mit le comble au défordre, & le Royaume ne commença à devenir Horiffant que lorfque Louis XIV prit en main les rênes du Gouvernement, Colbert vint, en 1661, donner une forme certaine à l'Adminitration des Finances; il diminua les dettes de l'Etat, & proportionna les revenus aux dépenfes. M. Pel letier, qui lui fuccéda, auma mieux fe de mettre volontairement, que de rien charger aux difpofitions de fon prédéceffeur. MM. de Pontchartrain & de Chamillard ayant eu recours aux expédiens profcrits par Colbert, leur adminiftration fut onéreufe à l'Etat & au Peuple; M. Defmareft, nommé après eux, ami de l'ordre & de l'écono mie, joignoit à beaucoup de capacité la bonne volonté néceffaire au rétablitlement des Finances, & propre à ranimer la confiance; mais la rigueur de l'hiver de 1709, la difette des grains, la continuation de la

guerre, & les autres défaftres arrivés fous fon Ministère, ne lui permirent pas de faire ufage des arrangemens qu'il avoit prévas & médités.

Cer Ouvrage contient auffi le détail des appointemens & foldes par jour & par mois pour l'Infanterie, li Cavalerie & les Dra gons; les anciens principes du Gouvernement par rapport à l'Administration des Finances; comment & depuis quand on s'en est éloigné, & de quelle manière le défordre s'eft introduit dans cette partie de l'Adminiftration on y trouve une infinité de tableaux très foignés, qui font connoître fous les trois Règnes les revenus de la Couronne, les dépenfes ordinaires de l'Etat, & les augmentations & diminutions auivées depuis le cominencement du 17. fiècle. Nous ne pouvons indiquer ici, faute de place, les matières curieufes dont ce Livre eft reinpli.

C'eft pendant le Ministère de M. Defmarcft, & par les ordres, que cet Ouvrage a été compofé. M. Delmareft, fatisfait de la clarté & de la fimplicité avec laquelle on y avoit développé toute la matière des revenus, des dépenses & des dettes pendant ces trois Règnes, le porta à Louis XIV; & fur le compte qu'il eut la bonté de lui en rendre, ce Monarque fi accorder à l'Auteur une gratification annuelle de 10,000 liv. à commenter de 1708, dont il a joui jufqu'à la mort du Prince, époque

à laquelle il négligea d'en demander la con

tinuation.

Cer Auteur, qui déclare avoir paffé o années de fa vie dans cette partie de l'Adminiftration, & s'y être toujours occupé à faire des recherches fur les Finances, avoit acquis la connoiffance la plus exacte de leur fituation. On a cru done. rendre fervice au Public en lui offrant cet Oavrage dans l'inftant où un Monarque jufte & bienfaifant, qui fe glorific lui-même d'être le premier ami de fes Peuples, entouré des Repréfentans de la Nation, fait mertre fous feurs yeux la fituation actuelle & vraie des Finances de fon Royaume; dans un temps où un Minire intact, adoré des François, rappelé par le vœu public au tion des affaires, à l'exemple des Sully & des Colbert, s'eft fait un devoir de préfenter au Roi & à la Nation, en 1781, un Compte public de fa première Admi niftration.

Cet Ouvrage eftimable ( 1 ), a exigé beau coup de foins; il fera utile à ceux qui veu lent prendre des connoiffances en Finances. La Collection des Comptes rendus, in-4°. mis au jour en 1988, en fera néceffairement la fuite, & celui de M. Necker le complé

ment.

(1) Le manufcrit exiftoit dans la Bibliothèque d'un homme inftruit, qui a bien voulu le confier & en permettre l'impresion

VARIÉTÉS.

EXPOSITION des Peintures, Sculptures & Gravures de MM. de l'Académie Royale, au Salon du Louvre (25 Août au & Q.6tobre 1789.)

Nous

ous aurions pu donner plus tôt le compte que nous allons rendre; mais il auroit fallu isvenir fur les lacunes de l'Expofition, & l'espace que les objets politiques laitlent à la Littérature & aux Aris, eft beaucoup trop refferré pour qu'ane même matière puie être le motif de plus d'un Article. Celui qu'on va lire contiendra peu, très peu de critique. Ce n'eft pas au fein des troubles & de l'inquiétude, que les Artistes peuvent conferver ce calme de réflexion qui les conduit à s'éclairer fur leurs imperfections comme à reconnoître la jufteffe des obfervations qu'on leur propofe. Il ne faut donc confidérer ceci que comme un hommage à quelques talens, & un encouragement pour quelques autres.

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PEINTURE S.

M. VIEN. Nos, 1 & 2. L'Amour fuyant l'ef clavage. Une mère faifant porter, par fes enfans, des offrandes à l'Autel de la Sageffe. De la grace, de la délicateffe, & un bon ton de couleur. Dans fa vieilleffe même, M. Vien conferve la pureté du ftyle, l'accord des proportions, & l'enfemble de l'harmonie.

D5

M. DE LA GRÉNÉE l'aîné, No. 3. Alexandre confulte l'Oracle a' Apollon. La compofition de ce Tableau eft trop éclarée relativement au fujet; du refte, elle eft noble & ben conçue, & les mouvemens des deux principaux perionnages font bien faifis dans le caractère.

M. BRENET. Ncs, 4-5. La continence de Scipion. Henri II décore du Collier de jon Ordre le Vicomte de Turenne. Dans la continence, le rérite de Scipion ne brille point par la figure de la femme, & le ton de la compofition eft beaucoup trop fage. Le fecond Tableau eft muet, & dénué de

tout mouvement.

M. DU RAMEAU. N°. 6 à 8. Séance des EtatsGeneraux, Elquille qui laiffe tout à délier. Deux Tableaux ovales; l'un, J. C. guérifft le Paralytique l'autre, J. C. chuffant les Vendeurs du Temple. Compofitions froides, & dont le ton de couleur feroit difficile à exprimer. Le Combat d'Entelle & de Darès. Tabicau malheurcax, cxpoté malleusenferent pour la feconde fois.

MA, DE LA GRENÉE le jeune. N° 9 à 12. Télémaque dans le de Calypjo. Belle compofition exécutée d'un ton un peu rembruni, mais qui marche à l'effet. Achille reconnu par Ulyffe. Da flyle, de la pureté, du me uvement, & de la vérité, C'eft un Tableau digne d'étre diftingué Des efquifles bien faites, mais un peu Lâtées.

M. SUVÉE N°. 13 à 18. On eft faci é de voir que les compofit ons préfentes de cet Artille foient inférieures à celles qui ies ont précédées.

M. VINCENT. N. 19 Zeuxis choififfent pour modèles les plus belles filles de Crotone. Il cft vraisemblable que les modèles fint moins heueux en France quà Crotone; car les files que choisit Zeuxis ne font pas très - fé tuifa us. Le muvement du Peintre annonce de l'indé afton; cft brillare, le coup de pincea

la compettu

ge, & l'effet harmonicux.

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