On fe rappelle encor le fort de Marfyas. t Quel fupplice, crioit le malheureux Satyre! Ah! pourquoi, Dieu vainqueur, veux-tu qu'on me Ah! périse à jamais & mon art & mon chant! On fuit, malgré les cris, l'arrêt impitoyable.. Vous auriez pu compter fes fibres transparentes, Il feroit difficile de traduire plus fidèlement & en plus beaux vers. Rien de vague, rien de pénible, rien de recherché. M. de Saint Ange poffède ce talent fi néceffaire pour traduire les Anciens, d'exprimer d'ane. manière rare & excellente les détails les plus rebutans. Voici un fragment de la Fable d'Arachné, qui réanit l'exactitude la plus fcrupuleufe à la liberté du style le plus élégant & le plus rapide. Maonis Elufam defignat imagine Tauri, Et comites clamate fuas, tactumque vereri, Afilientis aqua, timidafque recondere plantas, Arachné, d'autre part, peint Europe enlevée ; Nous citerons encore un Difcours de Progné à Philomèle; on y remarque tout le feu & tout le mouvement de l'éloquence poétique & théatrale. Ut fenfit tetigiffe domum Philomela nefandam, Dejectoque in humum vultu jufare volenti, Aut linguam, aut oculos & quæ leps membra pu- 'Abftulerunt, ferro rapiam ; aut per vulnera mille, 'i Sontem animan expeilam. Magnum eft quodcumque› paravi, Quid fit adhuc dubito. ( DU PALAIS. ) A peine Philomèle en a touché le feuil, Elle héfice, frémit; mais par un tendre accueil, Progné calme fes fens, & des treffes de lierre Débatraffant fon front, l'embraffe la première. Elle baie les yeux de honte & de douleut; Elle fuit, malgré foi, coupable envers fa fœur : Elle veut le jurer ; & fa main qui l'attefte, Au défaut de la voix, l'exprime par fon gefte. Philomèle pleuroit: Progné blâme fes pleurs. Le dépit, la pitié rallument fes fureurs. Non, non; c'est par du fang, c'cit par du fer, ditelle, Puifqu'il manque à nos mains une arme plus cruelle, Que tu dois te venger du Tyran que je hais. Le verfer goutte à goutte, & de fon cœur coupable Les Notes méritent une attention particulière. Ce ne font pas des citations fcholaftiques, ce font des remarques de goût, des recherches piquantes, des difcuffions & des explications dont les Maîtres & les Ecoliers peuvent tirer un grand profit. Elles doivent fur-tout plaire aux gens du Monde: par exemple, l'Auteur, en fe moquant de Benferade, trouve l'art de citer tout ce qu'il a de plus curieux. Il a évité les inutilités & les hors-d'œuvres fi communs & fi fatigans dans les Ecrits de ce genre. N. B. Le premier Tome de cette Traduction, contenant les I, II & IIIc. Livres, fe trouvent chez Valeyre, rue de la VieilleBouclerie. Prix, 3 liv. 12 f. Les IV, V & VIe. Livres, formant le deuxième. Tome, fe vendent au même prix chez Moutard. SPECTACLES. ACADEMIE ROYALE DE MUSIQUE. LE M. Marmontel, en traitant ce même sujet, dont nous avons re. a compte dans le temps, a fuivi le plan de Métaftafe en confervant la double imrigue; il s'en eft écarté en fupprimant l'inci❤ dent par lequel Timante fe croit coupable d'in cefte. Il a cru que cette fituation, pour faire tout fon effet, demandoit à être développée, & qu'alors elle feroit devenue dans fon Drame une feconde action. M. Dériaux a penfé différemment; il a formé fon troisième Acte de l'imbroglio des reconnoiffances; Timante, dans cette Pièce, après avoir reçu fon pardon pour avoir manqué aux Loix du Royaume, éprouve de nouvelles fouffrances en fe croyant l'époux de fa fœur. Du refte, la double intrigue eft fupprimée. C'est au Public à juger laquelle des deux marches eft la plus naturelle, la plus conforme aux règles dramatiques, la plus fufceptible d'effet. Nous n'étendrons pas plus loin l'analyse de ce sujet assez connu. Nous remarquerons feulement qu'il paroît que M. Dériaux ne l'a pas cru toujours fuffifant pour remplir fes fcènes, purifqu'il s'eft jeté de temps en temps dans des lieux communs de morale, comme dans ce chœur du fecond Acte. |