Page images
PDF
EPUB

correfpondance familière, dont une partie a déjà été publiée; c'eft dans ce commerce fecret de lumières & de fentimens, irrécufable témoin de l'état habituel de fon ame, qu'on verra fe déployer, tous les jours de fa vie, cette bienfaifance active qui le faifoit aller au devant de tous les befoins qu'il pouvoit fatisfaire, de toutes les douleurs qu'il pouvoit adoucir, de tous les malheurs qu'il pouvoit prévenir ou réparet; ce zèle infatigable pour les intérêts de l'humanité, cette élévation d'ame

énergie de caractère, cette franchise d'o pinion, cette haine pour toutes les cfpèces de tyrannie, ce mépris pour toutes les cfpèces de vice, qui tant de fois rallièrent contre lui des hommes médiocres que bleffoit fa fupériorité, des hommes vils qu'humilioient fon caractère &fes vertus, & quelques hommes puiffans qui en redoutoient l'influence.

"Voilà, dit M. Dumas, & c'est par cette réflexion qu'il termine fon Ouvrage, voilà le Philofophe que des hommes qui, par leurs traits envenimés, arment contre eux-mêmes l'opinion publique, ont tourmenté vivant, & dont ils ne ceffent d'infulter les manes. Il n'oppofa à leurs fréquens outrages que des travaux & des fuccès continuels, le mépris & le filence de la fupériorité «.

Cet Ouvrage ne peut qu'honorer infiniment l'Ecrivain qui, jeune encore, s'est

empreffé de rendre à la mémoire de M. d'Alembert l'hommahe d'eftime & de reconnoiffance que lui doivent tous les amis de la raifon, de la juftice & de la vérité; la manière dont il a conçu & exécuté fon fujet, prouve qu'il eft destiné à traiter un jour les plus grands objets de la Philofophie avec beaucoup de lumière, d'élégance & de précifion.

TABLEAUX hiftoriques & chronologiques de l'Hiftoire ancienne & du moyen âge des principaux pays de l'Afie, de l'Afrique & de l'Europe; avec un Précis de la Mythologie Grecque, expliquée d'après Héfiode, & un Tableau des principes généraux de la Langue Françoife. Ouvrage élémentaire à l'ufage des, jeunes perfonnes des deux sèxes; par M. DE GRACE, Cenfeur Royal. A Paris, chez Onfroy, Libr. rue St-Victor.

CET Ouvrage estimable eft d'un homme confommé dans l'art difficile d'enseigner; cinquante aus d'habitude ont fait chercher à M. de Grace, & l'ont mis à portée de trouver une Méthode qui pût graver dans la mémoire l'ordre des temps hiftoriques.

[ocr errors]
[ocr errors]

» J'ai imaginé, dit-il dans fon Aveniffe»ment, de faire un Tableau hiftorique & » chronologique de toutes les révolutions générales aurivées depuis la fondation des Empires d'Allysie & de Babylone jufques & compris les Etats formés fur les debris de l'Empire Romain, & j'ai » tâché de former une espèce de chaîne » de ces diverles révolutions fucceflives. "Ainfi l'on peut voir, pour ainsi dire, » d'un coup d'oeil, les caufes du bouleverfement des premiers Empires; l'établiffement de ceux qui leur ont fuccédé; " enfin les différentes révolutions qui ont changé tant de fois la face de l'Europe » de l'Afie & de l'Afrique. Ce Tableau eft » renfermé dans le premier Chapitre, & l'on pourroit l'appeler la Mappenonde » de l'Hiftoire

[ocr errors]

93

[ocr errors]

On voit avec plaisir l'habile Inftituteur adopter la Chronologie du favant Freret, dont nous ne connoillons peut être pas tour le prix en France, & à qui les Anglois & les Allemands, bons Juges en matière d'érudition, rendent plus de juftice que fes Compatriotes mêmes.

Les Tableaux de M. de Grace, pour chaque grand Empire, fervent de développement au premier, de préparatif à l'étude de l'Hiftoire & de récapitulation des principaux évènemens; ils donnent une idée fort avantageufe d'un Livre du même Auteur, dont ils font en partie une courte

analyfe; fon grand Ouvrage a été publié it y a près de trente ans, fous le titre d'introduction à l'iftoire de l'Univers, par le Baron de Puffendorff, &c. en S Volum. in-4°. avec Cartes; c'eft là qu'on trouvera les citarions & les preuves néceffaires pour la vérification des faits, que les limites. d'un Ouvrage élémentaire ne lui ont pas permis d'y inférer.

En général, M. de Grace s'eft très-bien tiré du chaos hiftorique des premiers temps;. fon ftyle, comme narrateur, eft clair & rapide; des explications probables des noms des anciens Peuples montrent en lui un homme érudit; & l'on y voit auffi avec plaisir le Littérateur, car il femble fe plaire à raconter en détail, dans le Tableau des Royaumes d'Arménie, le trait qui a fourni à l'imagination vigoureuse de Crébillon le fujer de fa plus belle Tragédie, de cette Pièce dont le grand Corneille fe fut fait honneur; en un mot, de Rhadamifle & Zenobie. Jalonx d'inftruite fes Lecteurs & de leur épargner de la peine, M. de Grace a le plus grand foin d'éclaircir la Géographie ancienne par la moderne. Ce Livre nous a paru mériter l'éloge qu'en fait le Cenfeur, qu'il pouvoit être utile même à d'autres qu'aux jeunes gens; par exemple, beaucoup de perfonnes ignorent que les Daces & les Gètes ne font qu'vn même Peuple; les Ecrivains Grecs fe fervoient du nom de Gètes, & les Romains de

:

celui de Daces; Strabon femble les distin guer en plaçant les Daces dans la partie fupérieure du pays, eu égard au cours du Danube, & les Gètes dans la partie inférieure ; il n'en eft pas moins vrai qu'ils n'avoient qu'un feul & même langage, ce qui affurément prouve leur identité : ces deux Peuples étoient d'origine Scytique ou Tartare. M. Danville regarde les Gètes comme une branche des Mailagètes ou grands Gètes; il a retrouvé dans l'Hiftoire de Timur, écrite en Perfan, le nom de Gère donné à un grand espace de pays au delà du Syon ou Sirr, qui eft le Jaxarte des Anciens or on fait que ce fleuve coule dans la Scythie, aujourd'hui Tartarie. Une autre particularité, également peu connue, c'eft que les Goths furent les premiers qui firent. des établitfemens dans la contrée que les Gètes avoient autrefois occupée ; que les Wandales, les Huns, les Lombards, les Awares, les Bulgares, &c. s'y fixèrent fucceffivement; & qu'enfin des Nations Tartares, connues fous le nom de Hongrois, ont fondé dans une partie de la Pannonie un Royaume qui fubfifte encore aujourd'hui. Ce qui vient à l'appui de cette dernière opinion fur les Hongrois, c'eft que leur Langue diffère entièrement de celle des Peuples voitins; elle n'a aucune analogie avec l'Allemand ni avec l'Esclavon, fouche du Polonois, du Bohé-mien & da Ruffe, tandis qu'elle eft abso

« PreviousContinue »