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Journal de Paris, & même toutes les Gazettes. Jufques-là il n'y auroit pas trop de plaintes à former, parce que ce fera au Public à en juger; mais ce qui eft contre toute bienséance, c'eft ce qu'on ajoute: «Que toutes les Perfonnes qui étant actuellement abonnées au Mercure de France, au Journal de Paris, au Courier de l'Eu "rope, à la Gazette de Leyde, à celle de France, &c., voudront les échanger contre les Journaux propofés, on donnera ces derniers gratis, " pendant les mois d'Odobre, de Novembre & a de Décembre; mais que, dans ce cas, il faudra 2 s'abonner à ces nouveaux Journaux pour neuf mois de l'année prochaine. Sans doute que le Public, (car il faut toujours compter fur fa juftice) n'aura pu lire fans indignation de pareilles propofitions. Si elles pouvoient être permifes, elles feroient la deftruction de tout ordre, de toute règle. Il n'y a pas un Négociant, un Commerçant qu'on ne puiffe ruiner avec de els artifices; & fi cette licence deyoit continuer, nous devrions tous élever nos mains vers le Ciel pour lui demander, ayec inftance, de la changer promptement en une fage liberté.

On a fait plus encore, M., contre le Mercure, & les Journaux dont je fuis Propriétaire, on á cherché à féduire les Auteurs, on leur a fait toutes fortes d'offres infidieufes on a voulu corrompre les Commis de mes Bureaux. On leur à offert de l'argent pour avoir les noms de tous mes Soufcripteurs, croyant, fans doute, qu'il fuffifoit d'avoir leurs noms pour avoir leur argent. Les uns ont déja publié qu'ils avoient fix, huit, à dix mille Soufcriptions. Şi ces Annonces avoient le moindre fondement de vérité leurs propriétaires auroient véritablement

fait une fpéculation fort adroite; car ils auroient, à l'inftant même de la publication de leurs prospectus, réalifé ce que quelques anciens Journaux n'ont obtenu qu'à la fuite de dix, vingt & même cent ans d'exiftence.

Enfin, je dois le dire publiquement, il n'y a point d'efforts, de petites rufes, de moyens fourds, qu'on n'ait employés foit directement, foit indirectement pour détruire un établiffement où j'ai mis une partie de ma fortune, & qui m'a coûté dix années de peines, de foins & de combinaisons; pour lequel feul j'ai rendu jufqu'à ce jour des redevances très-confidérables à trois Départemens, & fur lesquelles font affignées les penfions & la fubfiftance de nombre de Gens-de-lettres, & de Militaires, de Veuves & d'Orphelins.

J'aurois pu fufpendre au mois de Juillet toutes les penfions que je paye, puifque, dès cette époque, je ne jouiffois plus de l'exclufif dont j'ai joui pendant dix années. Je n'ai point cru devoir le faire pour ne point ajouter au malheur des circonftances. Je ne puis d'ailleurs douter que l'on ne regarde ces penfions comme auffi facrées que la dette Nationale, puisque prefque toutes font le prix du talent ou des fervices rendus à la Patrie, que l'Etat a cru devoir récompenfer. Je dis que ces penfions font auffi facrées que la dette Publique, car elles n'ont été affignées fur mes Journaux que pour décharger d'autant le Tréfor-Royal. Prefque toutes ont été données fur des Brevets du Roi, : & l'on ne pourroit les fupprimer fans commettre une injuftice qui déshonoreroit une Nation grande & généreufe, & qui, par les facrifices qu'elle fait dans ce moment-ci, veut prouver

l'Europe qu'elle tient tous fes engagemens, & qu'elle cherche à affurer le bonheur de tous les fujets de l'Empire.

Cependant je ne dois point payer feul, mon fort ne peut être différent de celui de tous les autres Citoyens, chacun ne peut avoir de droit de faire pour rien ce que je n'ai fait jufqu'aujourd'hui qu'à prix d'argent. Les Privilèges font fupprimés, la liberté de la Preffe eft accordée ; je ne dois donc rien payer du tout, ou je ne puis & ne dois payer que comme tous les autres Propriétaires de Journaux ou de papiers nouvelles, puifque je n'ai pas plus de droits qu'aucun d'eux. Je dirai méme plus, & on me l'a fait obferver, que je ne pourrois payer les redevances impofées, fans manquer au Public, & fans donner une forte d'atteinte à cette liberté dont nous allons être déformais fi jaloux, parce que ces redevances portant fur des Privilèges exclufifs, elles feroient la preuve que j'ai encore quelque efpoir de les conferver & que je ne prends pas affez l'efprit National, &c.

P. S. Je m'attends bien, M., que ces représentations vont jeter l'alarme parmi ies Penfionnaires du Mercure ; cependant ils me rendroient peu de juftice, s'ils pouvoient penfer un inftant que je ne les fers point par cette démarche. Comme il feroit même poffible que leur fort ne pût être réglé avant le mois de Janvier, je fuis encore déterminé à remettre au Tréfor-Royal, ou aux Départemens, le montant des penfions des fix premiers mois de 1790. Car, dans ma pofition, je ne puis les payer directement, puifque ce feroit donner contre moi un titre qui pourroit m'obliger pour l'ave nir, & que mon fort, encore une fois, dans l'état actuel des chofes, ne peut être différent de celui des autres Citoyens.

Publication de la trente-quatrième Livraifon de l'Encyclopédie.

CETTE LIVRAISON eft compofée du Tome III, première partie de la Botanique (1), par M. le Chevalier de la Marck, de l'Académie Royale des Sciences. Du Tome I, deuxième partie des Beaux-Arts (2), par feû M: Vatelet, de l'Académie Françoife, & M. Lévêque, de celle des Infcriptions. Du Tome IX, deuxième partie de la Jurifprudence, Police & Municipalité (3), par M. Peuchet, Avocat. Du Tome III (4), deuxièine partie de la Marine, par M. Vial du Clairbois, Ingénieur-Conftructeur à Breft, &c.

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Le prix des deux premiers demi - volumes eft de 11, ci......

Le prix des deux derniers.

Savoir, un vol. à 11 liv. & un à 6 liv. conformément à ce que nous avons annoncé. Brochure des quatre demi-volumes.

11th

6

2

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Le port de chaque Livraison eft au compte des Soufcripteurs.

Nous n'entrerons point ici dans le détail des trois premiers demi-volumes qui compofent ceae Livraifon; nous renvoyons les Soufcripteurs à ce

(1) Imprimé chez M. Gueffier.
(2) Imprimé chez M. Prault.
(3) Imprimé chez M. Laporte.
Imprimé chez. M. Cloufer.

que nous en avons dit dans le grand Mémoire que nous avons publié fur l'Encyclopédie, où, en indiquant les divifions de ce grand Ouvrage, chaque Auteur a fait connoître le plan de fon travail & la néceffité d'une augmentation de volumes, fi l'on vouloit que l'Encyclopédie atteignît toute la perfection dont elle eft fufceptible.

La révolution actuelle nous force même d'annoncer que les parties de la Jurifprudence & des Finances feront augmentées chacune d'un volume ou d'un demi-volume, qui contiendra toutes les nouvelles Loix, & les réformes que l'Affemblée Nationale aura decrétées; peut-être ne compoferons-nous qu'un feul Ouvrage de ce Supplément, fous le titre de Didionnaire de l'Aemblée Nationale. Nous n'avons point encore de parti déterminé à cet égard; fi quelques Soufcripteurs croyoient avoir à fe plaindre de cette nouvelle augmentation, ils feront parfaitement libres de ne point acquérir ce volume de Supplémens; mais nous croirions manquer au Public & à la majorité de nos Soufcripteurs, dont les intentions nous font bien connues, fi nous ne faifions pas tous nos efforts pour compléter l'Encyclopédie. On ne commencera ce Dictionnaire que dans la dernière année où l'Encyclopédie fera terminée, c'eft-àdire, dans deux à trois ans, afin de ne le préfenter au Public que le plus complet qu'il fera poffible.

Le Tome III, deuxième partie de la Marine, complète cet important Ouvrage. Si on raffembloit de la première Encyclopédie ce qui fe trouve fur cette matière, on n'en pourroit pas former un quart de volume. M. Vial du Clai bois y a facrifié, pendant huit années entières de fa vie, tout le tems

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