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« défaites; de là, par une conséquence qui, pour être » imprévue, n'en est pas moins sensible, cette suite » de désastres qui ont étonné l'univers, ces avantages » continuels du parti le plus désordonné contre le parti le mieux organisé, et la perte des contrées qu'on possédoit, au lieu de l'acquisition de celles qu'on >> avoit convoitées; de là enfin, pour dernier résultat, » un découragement trop humble, succédant à une » présomption trop dédaigneuse, et successivement des défections infidèles, des paix isolées, mal auto»risées par l'exemple, mal excusées par la peur, mais qui ne laisseront pas d'entraîner l'une après l'autre » toutes les puissances.

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HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE, DES SCIENCES

ET DES ARTS.

L'an 1717, le 3 avril, Mort d'Ozanam. Jacques Ozanam (1), né près de Dombe, en 1640, et appelé par mademoiselle de Montpensier, l'honneur de sa Dombe, apprit la géométrie sans maître, dès l'âge de quinze ans, et composa dès lors, sur cette matière, un ouvrage qui resta manuscrit, mais où il trouva dans la suite, plusieurs articles dignes de passer dans ses ouvrages imprimés. Il enseigna d'abord à Lyon, et fut ensuite attiré à Paris par le père du chancelier d'Aguesseau.

Il est le premier qui ait donné un Dictionnaire de Mathématiques. Ses autres ouvrages sont :

1o. Les Récréations mathématiques et physiques,

(1) Il étoit juif d'origine, comme le marque assez son nom, qui, dit Fontenelle, a tout à fait l'air hébreu.

qui ont toujours un grand débit. On y trouve plusieurs problèmes utiles et agréables d'arithmétique, de géométrie, d'optique, de gnomonique, de mécanique, de pyrotechnie et de physique.

2o. Méthode facile pour arpenter. On y apprend l'art de mesurer toutes sortes de superficies, avec le toisé du bois de charpente.

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L'algèbre

3°. Nouveaux Elémens d'algèbre. » d'Ozanam, dit Leibnitz, me paroît bien meilleure » que celles qu'on a vues depuis quelque tems, qui » ne font que copier Descartes et ses commentateurs. » Je suis bien aise qu'il fasse revivre une partie des » préceptes de Viete, qui méritoient de n'être pas » oubliés. »

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40. Géométrie pratique. La nouvelle géométrie n'y paroît point, c'est-à-dire, celle qui s'est élevée si haut par le moyen de l'infini ; on n'y trouve que l'ancienne, mais approfondie avec beaucoup de travail.

Ozanam s'étoit livré à l'étude de l'astronomie, qui, de son tems, étoit encore un peu confondue avec l'astrologie judiciaire. Un comte de l'Empire le pria de tirer son horoscope, quoique Ozanam l'eût averti de ne pas croire à ces chimères. En même tems, le comte faisoit tirer le même horoscope par un médecin entêté de cet art, et qui s'y croyoit fort habile. Ozanam, sans suivre aucune des prétendues règles de l'astrologie, se contenta de prédire au comte tout ce qu'il put imaginer de plus heureux, le médeein envoya l'horoscope qu'il avoit dressé de son côté, en suivant scrupuleusement les règles.

Vingt ans après, le seigneur allemand apprit à Ozanam que toutes ses prédictions s'étoient accomplies, et

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pas une de celles du médecin. « Cette nouvelle, dit Fontenelle, lui fit un plaisir tout différent de celui qu'on prétendoit lui faire. On vouloit l'applaudir sur » son grand savoir en astrologie, et on le confirmoit » seulement dans la pensée qu'il n'y a point d'astrologie. »

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Si Ozanam ne croyoit pas à l'astrologie, il ajoutoit beaucoup de foi à ces pressentimens secrets, qui viennent quelquefois nous avertir de notre fin prochaine. Des étrangers ayant voulu le prendre pour maître de mathématiques, il les refusa, dit toujours le même >> auteur, sur ce qu'il alloit mourir. Et en effet, il » mourut presque subitement quelques jours après.

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» Il fut heureux dans le mariage; il avoit choisi sa » compagne, et ne l'avoit pas marchandée; il en eut jusqu'à douze enfans; mais la plupart moururent, » et il les regrettoit comme s'il eût été riche, ou plutôt » comme ne l'étant point.

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Fontenelle nous apprend encore qu'Ozanam avoit une piété solide, et qu'il disoit quelquefois : >> mathématicien doit aller en Paradis en ligne perpendiculaire. >>

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HISTOIRE RELIGIEUSE.

Le 14 de nisan, le 3 avril, l'an 33 de l'ère vulgaire, JESUS-CHRIST meurt pour triompher de la mort, et l'épitaphe du tombeau où il descend, n'est pas: Hic jacet, " ici repose,» mais: Surrexit, non est hic; « il s'est relevé, il n'est plus ici. >>

« La sainteté de l'Evangile parle à mon cœur, dit » Jean-Jacques. Voyez les livres des philosophes

:

» avec toute leur pompe qu'ils sont petits près de celui-là! Se peut-il qu'un livre à la fois si sublime » et si simple soit l'ouvrage des hommes ! Se peut-il >> que celui dont il fait l'histoire ne soit qu'un homme » lui-même ? Est-ce là le ton d'un enthousiaste ou » d'un ambitieux sectaire? Quelle douceur, quelle

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pureté dans ses mœurs! Quelle grâce touchante dans » ses instructions! Quelle élévation dans ses maximes! quelle profonde sagesse dans ses discours! Quelle présence d'esprit, quelle finesse et quelle jutesse » dans ses réponses! Quel empire sur ses passions! » Où est l'homme, où est le sage qui sait agir, souffrir » et mourir sans foiblesse et sans ostentation? Quand » Platon peint son juste imaginaire, couvert de tout l'opprobre du crime, et digne de tous les prix de la » vertu, il peint, trait pour trait, Jésus-Christ la > ressemblance est si frappante, que tous les Pères » l'ont sentie, et qu'il n'est pas possible de s'y tromper. Quels préjugés, quel aveuglement, ou quelle mau» vaise foi ne faut-il avoir pour oser comparer le fils de Sophronisque au fils de Marie? Quelle distance de l'un » à l'autre! Socrate, mourant sans douleur, sans ignomi> nie, soutient aisément jusqu'au bout son personnage; » et si cette facile mort n'eût honoré sa vie, on douteroit » si Socrate, avec tout son esprit, fût autre chose qu'un sophiste. Il inventa, dit-on, la morale; d'autres » avant lui, l'avoient mise en pratique : il ne fit que » dire ce qu'ils avoient fait; il ne fit que mettre en leçons leurs exemples. Aristide avoit été juste avant » que Socrate eût dit ce que c'étoit que justice. Léo>nidas étoit mort pour son Socrate pays avant que » eût fait un devoir d'aimer la patrie. Sparte étoit sobre

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>> avant que Socrate eût loué la sobriété': avant qu'il » eût défini la vertu, la Grèce abondoit en hommes » vertueux. Mais où Jésus avoit-il pris chez les siens » cette morale élevée et pure, dont lui seul a donné » les leçons et l'exemple? La mort de Socrate, philosophant tranquillement avec ses amis, est la plus » douce qu'on puisse désirer; celle de Jésus expirant » dans les tourmens, injurié, raillé, maudit de tout » un peuple, est la plus horrible qu'on puisse craindre. » Socrate, prenant la coupe empoisonnée, bénit celui qui la lui présente, et qui pleure ; Jésus, au milieu » d'un supplice affreux, prie pour ses bourreaux achar» nés. Oui, si la vie ou la mort de Socrate sont d'un » sage, la vie et la mort de Jésus sont d'un Dieu.

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» Dirons-nous que l'histoire de l'Evangile est in» ventée à plaisir? Mon ami, ce n'est pas ainsi qu'on >> invente; et les faits de Socrate, dont personne ne doute, sont moins attestés que ceux de Jésus-Christ. » Au fond, c'est reculer la difficulté sans la détruire. » Il seroit plus inconcevable que quatre hommes, » d'accord, eussent fabriqué ce livre, qu'il ne l'est » qu'un seul en ait fourni le sujet. Jamais des auteurs juifs n'eussent trouvé ni ce ton, ni cette morale; et » l'Evangile a des caractères de vérité si grands, si frappans, si parfaitement inimitables, que l'in» venteur en seroit plus étonnant que le héros. » L'an 1287, le 3 avril, Mort du pape Honorius IV.

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Jacques Savelli, noble Romain, fut élu pape à Perouse, le 2 avril 1285. Il aimoit les lettres, et projeta pour les faire revivre, des établissemens que la brièveté de son pontificat ne lui permit pas d'exécuter. Il fut

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