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HISTOIRE RELIGIEUSE.

L'an 1033, le 3 mars, Mort de Sainte Cunégonde, impératrice d'Allemagne.

Cunégonde, fille de Sigefroi, premier comte de Luxembourg, femme de l'empereur Henri II, est célèbre dans l'histoire pour l'épreuve qui fit triompher sa vertu de la plus horrible calomnie. Accusée d'adultère auprès de son époux, elle prouva son innocence, disent quelques historiens, en tenant dans ses mains une barre de fer ardente, sans se brûler. D'autres prétendent que l'épreuve se fit différemment, et que l'empereur la fit marcher pieds nus, sur neuf socs de charrue rougis au feu.

Cette épreuve du fer ardent avoit commencé dans le huitième siècle. « Ce fer ardent, dit le président » Hénaut, étoit béni et gardé soigneusement dans

quelques maisons religieuses, car toutes n'avoient » pas ce privilége.

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» Lorsqu'il fut question en Espagne, de savoir » lequel devoit être préféré de l'office romain ou de » l'office muzarabe, il fut ordonné que les deux livres » de liturgies seroient jetés au feu, et que celui qui • résisteroit aux flammes auroit la préférence dans la célébration des offices divins.

» Mais' enfin ces épreuves s'abolirent insensible»ment. Le pape Etienne V, Louis-le-Débonnaire,

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l'empereur Frédéric II, le parlement de Paris, y » mirent fin par des bulles, par des ordonnances et » par des arrêts.» (Abrégé chronologique de l'Histoire de France, tom. I, p. 81.)

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L'empereur Henri II, étant mort en 1024, Cunégonde' prit le voile dans une abbaye qu'elle avoit fondée près de Cassel. Elle y mourut dans les exercices de la pénitence la plus rigoureuse. La cathédrale de Bamberg renferme le corps de cette impératrice, canonisée par le pape Innocent III.

L'an 1605, le 3 mars, Mort du pape Clément VIII.

Hipolyte Aldobrandini, né à Fano, fut élu pape le 30 janvier 1592. Lorsqu'il s'entendit proclamer, il se prosterna, pour prier Dieu de lui ôter la vie si son élection ne devoit pas être avantageuse à l'Eglise. Les actes les plus remarquables de son pontificat sont l'absolution de Henry IV, roi de France (Voyez 17 septembre.); l'occupation de Ferrare en 1598 (Voy. 13 janvier. ), et le triomphe qu'il préparoit au Tasse, (Voyez 14 avril. ) Son successeur fut Léon XI, (Voyez 27 avril. ) Clément VIII étoit, suivant Muratori, d'un caractère impérieux et sévère. Ce fut le dernier pape du seizième siècle, pendant lequel la chaire de Saint-Pierre a été presque toujours occupée par d'habiles pontifes.

L'an 1717, le 3 mars, Mort d'Allix.

Pierre Allix, né à Alençon, fut d'abord ministre protestant à Rouen, puis à Charenton. Après la révocation de l'édit de Nantes, il se réfugia en Angleterre, où il fut très bien accueilli, et nommé trésorier de l'église de Salisbury. C'est dans cette ville qu'il mourut. Il a laissé un très grand nombre d'ouvrages théologiques; les plus remarquables sont: 1o. Jugement de l'ancienne église judaïque contre les mystères : ce livre

est écrit en anglais; il est estimé et mérite de l'ère; 2o. De Messiae duplici adventu. Dans cet ouvrage singulier, Allix prétendit que Jésus-Christ devoit revenir en 1720, ou au plus tard en 1736.

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HISTOIRE.

L'an 1193, le 4 mars, Mort de Saladin

Ce nom est célèbre dans l'histoire des croisades ; mais celui qui a véritablement illustré ce nom, c'est le fameux Saladin, le héros de l'Asie, le digne rival de Philippe-Auguste, roi de France, et de Richard Coeur-de-Lion, roi d'Angleterre. Ses rapides conquêtes dans la Palestine mirent de nouveau toute la chrétienté en mouvement, et firent établir en France, en Angleterre, et dans les autres pays de la chrétienté, l'impôt connu sous le nom de díme saladine; impôt dont le clergé ne fut pas exempt, parce qu'il s'agissoit principalement de sa cause.

L'expédition de la Terre-Sainte étoit devenue pour la chevalerie un objet plus auguste et plus sacré depuis les malheurs des Chrétiens; Jérusalem étoit prise; Guy de Lusignan, qui avoit rassemblé les débris de cette royauté détruite, étoit dans les fers depuis la bataille de Tibériade, gagnée en 1187, par Saladin. Ces revers avoient fait mourir de douleur le pape Clément III. Philippe-Auguste et RichardCoeur-de-Lion s'armèrent pour rétablir sur le trône Guy de Lusignan.

La fortune de Saladin céda au commencement à la valeur presque surnaturelle de Richard, qui le battit deux fois l'une auprès de Césarée, l'autre dans les plaines de Rama; mais tous ces prodiges de valeur ne

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purent remettre les chrétiens en possession de Jéru– salem; et Richard, par sa témérité, donnoit souvent prise sur lui: il aimoit à s'exposer; il fut sur le point d'être enlevé à la chasse par les Sarrasins; il dut son salut à la présence d'esprit et à la générosité d'un gentilhomme normand, nommé Guillaume de Préau, qui cria: « Je suis le roi, comme s'il eût voulu s'attirer un traitement plus favorable. A ces mots, on l'entoure; il est pris: le roi échappe. Les Sarrasins conduisent leur prisonnier vers Saladin, qui, déjà prévenu de la prise que ses soldats avoient faite, attendoit Richard, et fut fort surpris de ne pas le reconnoître dans le prisonnier qui s'offrit à sa vue. Ce prisonnier se vanta de son stratagème, et Saladin le loua de son noble dévouement.

Ces princes orientaux, que nous traitons de Barbares, nous ont donné plus d'une fois les plus grands exemples de clémence, et ont poussé la générosité aussi loin qu'aucun prince chrétien. Quand Saladin entra dans Jérusalem, après la bataille de Tibériade, des épouses, des mères, des filles, se jetèrent à ses pieds, lui demandant leurs maris, leurs enfans, leurs pères, qu'il avoit pris au siége. Son noble cœur ne put soutenir ce spectacle : il rendit tous les prisonniers, et paya leur rançon à ses soldats.

11 donna de sages lois à ses Etats, et sut les faire exécuter. Son neveu ayant été cité en jugement, il le força de comparoître.

Un marchand présenta requête contre Saladin luimême, au cadi de Jérusalem, se prétendant lésé dans quelqu'un de ses droits; le juge, étonné de l'audace de cet homme, demanda au sultan ce qu'il avoit à faire?

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