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La mort imprévue de Charles XII, tué au siége de Frederikshall, fit évanouir tous ces vastes projets. Le baron de Gortz qui, dans le cours de son ministère, avoit exercé avec dureté la puissance de son maître, fut immédiatement arrêté après la mort de Charles, et condamné, par le sénat de Stockholm, à avoir la tète tranchée: exemple de vengeance peut-être encore plus que de justice, et affront cruel à la mémoire d'un roi que la Suède admire encore!

HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE, DES SCIENCES

ET DES ARTS.

L'an 415, le 2 mars, Mort d'Hypacie.

Hypacie ou Hypatie, fille de Théon, philosophe et mathématicien célèbre d'Alexandrie, eut son père pour maître. Elle le surpassa dans la connoissance des mathématiques, et surtout dans la géométrie, dont elle avoit fait son étude principale. Pour se perfectionner dans les sciences, elle alla à Athènes, et y fit de si grands progrès, qu'on lui donna la chaire que le célèbre Plotin avoit occupée à Alexandrie. Sa réputation se répandit partout, et on vint de toutes parts l'entendre. Elle étoit d'une rare beauté, et tous ceux qui la voyoient en étoient épris. Toujours. tentée, elle fut toujours sage. Un de ses écoliers ayant conçu pour elle l'amour le plus violent, elle ne répondit jamais à ses instances que par des raisonnemens philosophiques. Tous les préfets d'Egypte re-* cherchèrent son amitié. Oreste surtout fut lié très étroitement avec elle. Comme saint Cyrille et ce

préfet étoient brouillés, et que celui-ci ne vouloit pas se raccommoder avec le saint évêque, le peuple crut que c'étoit par le conseil d'Hypacie, qui étoit payenne comme lui.

La populace conçut contre elle une haine implacable, qui s'aigrit de plus en plus.

« Une troupe de gens emportés, dit Fleury, con» duits par un lecteur nommé Pierre, la guettèrent » comme elle entroit chez elle, la tirèrent de sa » chaire, et la traînèrent à l'église nommée Césarée. » Ils la dépouillèrent, la tuèrent à coups de pots » cassés, la mirent eu pièces, et brûlèrent ses membres » au lieu nommé Cinarion. Cette action, dit l'his»torien Socrate, attira un grand reproche à Cyrille » et à l'église d'Alexandrie; car ces violences sont >> entièrement contraires à l'esprit du christianisme.

L'an 1729, le 2 mars, Mort de Bianchini.

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François Bianchini, savant antiquaire, étoit né en 1662, à Vérone, où il institua l'Académie des Alétophili (amateurs de la vérité).

Clément XI le nomma secrétaire des conférences, pour la réforme du calendrier; il employa d'ailleurs beaucoup de tems en observations, spécialement pour construire la belle méridienne qui est aux Chartreux à Rome, et qui va de pair avec celles de Sainte-Pétrone, de Bologne, et de Saint-Sulpice de Paris.

Il étoit encore bel-esprit, et on a de lui des poésics et des ouvrages d'éloquence.

Vérone sa patrie, qu'il illustroit, et qui a toujours honoré les citoyens qui l'honoroient elle-même, lui

fit ériger, après sa mort, un buste dans la cathédrale. A Rome, il fut agrégé à la noblesse romaine, honneur qui fut étendu à toute sa famille.

On a de lui, 1o. Une savante édition d'Anastase le Bibliothécaire; 2°. Une Histoire universelle d'Italie.

TAYLOR

HISTOIRE.

L'an 1553, le 3 mars, Lettres-patentes de Henri II, roi de France, par lesquelles ce prince permet à Aubin Olivier, de monnoyer au moulin.

Comme la dépense excédoit de beaucoup la façon de monnoyer au marteau, dont on se servoit avant ce tems, la fabrication d'Aubin fut defendue en 1585. En 1640, on commença à se servir du balancier, et en 1683, on inventa la machine dont on se sert pour marquer le cordon sur les pièces d'or et d'argent.

L'an 1590, le 3 mars, Le prince Maurice de

Nassau surprend la ville de Breda, par le stratagème d'un bateau de tourbes, où il avoit caché des soldats.

Cette place étoit alors au pouvoir des Espagnols. Charles de Haranguières, natif de Cambrai, capitaine d'une compagnie de gendarmes, gagna un marinier nommé Adrien de Bergen, qui fournissoit des tourbes aux habitans de Breda et à la garnison du château. De concert avec le nautonier, il fit construire le navire de manière qu'un certain nombre de soldats pût être caché sous les tourbes.

Le samedi 3 mars, à dix heures du matin, les conducteurs du navire jetèrent l'ancre dans le fossé qui est devant le château de Breda.. Au moment de

l'arrivée, un caporal de la garde du château arriva dans un esquif, pour visiter le navire; il entra dans la chambre de la poupe, où il ouvrit une fenêtre, et regarda en dedans. Les soldats cachés, qui la plupart étoient attaqués, de rhumes violens, se mordoient les bras et les mains pour se fermer la bouche, et ne pas tousser pendant la visite du caporal. Celui-ci n'ayant rien trouvé de suspect (1), s'en retourna au corps-de garde. Comme les glaces empêchoient le navire d'avancer, les soldats de la garnison se mirent les uns à casser la glace, les autres à pousser le navire, et à manoeuvrer jusqu'à ce qu'il fût arrivé dans le château. Pendant ce tems le prince de Nassau se tenoit caché avec quelques troupes dans une île qui est à deux lieux de Breda.

Le commandant du château ordonna à ses soldats de porter des tourbes au corps-de-garde, et les gagnedeniers ne tardèrent pas à y arriver. Ils travailloient tous si ardemment à décharger le navire, que le tillac sous lequel étoient cachés les soldats, commençoit a se découvrir. Les nautoniers, effrayés de cette diligence, qui alloit tout découvrir, engagèrent les gagne-deniers à prendre un peu de repos, et leur donnèrent même de l'argent, en leur disant : «< Allez-vous-en boire à » notre santé, demain vous déchargerez le reste tout » à votre aise. » Les gagne-deniers abandonnèrent aussi tot le travail sans la moindre difficulté.

Sur le soir, un domestique du commandant entre

(1) Un historien Hollandais rapporte que ce caporal ayant enfoncé sa pique au travers des tourbes, un soldat qui en eut le bras percé, ne poussa aucun cri.

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