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» à dessein de se procurer par cette dévotion une » heureuse année.

» D'autres gens, qui sont adorateurs du siècle, » font toute autre chose, car ils étalent leurs richesses » et leurs biens, et se mettent au milieu, passant » le jour à les compter et à les admirer, à se ré» jouir, et à prendre toute sorte de plaisirs, dans » la pensée que c'est un bon augure pour >> douce et abondante année. » ( Voyage de Chardin, tom. II. )

HISTOIRE.

L'an 1562, le 1 mars, Massacre de Vassy.

une

Le duc de Guise, passant par Vassy en Champagne, ses gens prennent querelle avec les Huguenots asscmblés au prêche, dans une grange voisine de l'église où le duc entendoit la messe; on en vient aux mains; le duc accourt pour appaiser le tumulte; il est blessé d'un coup de pierre au visage; ses gens, furieux de sa blessure, se jettent sur les Calvinistes, en tuent une vingtaine, et en blessent un plus grand nombre. C'est ce que les Protestans ont appelé le massacre de Vassy.

Cet accident, qu'ils ont voulu faire passer pour un coup prémédité, fut le signal d'une guerre civile des plus cruelles, laquelle est comptée pour la première entre les Catholiques et les Protestans.

L'an 1576, le 1 mars, Le parlement vérifia un édit d'Henri II, du mois de février précédent, portant que les enfans qui ne sont pas parvenus à ce que les lois appellent legitimas ælas; savoir les mâles

à trente ans accomplis, et les filles à trente, et qui se marient sans le consentement de leurs père et mère, ou du moins, sans leur avoir fait trois som mations respectueuses, pourront être exclus de leurs successions.

L'an 1790, le 1 mars, Léopold II, grand-duc de Toscane, part de Florence pour aller succéder à son frère Joseph II, roi de Hongrie et de Bohême, et empereur d'Allemagne.

L'an 1792, le 1 mars, Mort de l'empereur
d'Allemagne, Léopold II.

Ce monarque enlevé, à l'Allemagne dans la force de l'âge et de l'expérience, avoit d'abord gouverné pendant vingt-cinq ans le grand-duché de Toscane, où sa mémoire ne périra jamais. Quoiqu'au milieu des innombrables ordonnances par lesquelles il administra ce petit Etat, on découvre une attention exagérée à des détails fort au-dessous du souverain, un penchant à des innovations dont l'utilité n'a pas été toujours évidente; il restera de ce code immense des réformes nécessaires, des lois utiles, et une amélioration sensible de plusieurs parties du gouvernement public.

Léopold ne perdit jamais de vue le principe indiqué à son père par un administrateur italien, très connu dans la république des lettres. « Souvenez» vous, avoit dit cet homme d'Etat au grand-duc François Ier (depuis empereur ), souvenez-vous » que vos prédécesseurs n'ont été que grands-ducs

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» de Florence, et que vous devez être grand-duc de » Toscane. »

Eclairé par cette judicieuse distinction, Léopold fit disparoître une grande partie des priviléges de la capitale, onéreux au reste du grand-duché, sur lequel il étendit également sa bienfaisance. L'abolition des juridictions seigneuriales, son code criminel, sa réforme des prisons, ses lois sur la détention des débiteurs, ses encouragemens aux défrichemens, et plusieurs autres actes de son administration, méritèrent à ce souverain des éloges qui allèrent jusqu'à l'enthousiasme, surtout en France, où les nouveautés quelconques trouvent des admirateurs tout prêts. L'enthousiasme étoit de trop, mais l'estime étoit raisonnable: elle survivra au monarque qui l'a justifiée.

On lui a reproché une trop grande économie, la passion de gouverner dans chaque détail, passion commune à tous les princes de sa maison, une vigilance fatigante sur les actions même indifférentes du citoyen, des changemens qui offensoient, non-seulement les préjugés du peuple, mais encore ses sentimens telle, par exemple, que cette ordonnance, bientôt retirée, pour les sépultures com

munes.

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Ces défauts, dont quelques-uns ne tenoient peutêtre qu'aux circonstances, furent compensés par l'esprit d'ordre et d'application, par des connoissances étendues, par l'aversion pour la guerre, par l'amour pour la justice, par une sollicitude constante sur les besoins de ses sujets.

Depuis son avènement au trône impérial, Léopold

avoit donné le plus grand éclat à son gouvernement: une paix honorable avec la Turquie, les Pays-Bas recouvrés, les diverses branches de la monarchie raffermies, une alliance difficile, conduite à sa signature, ont illustré les deux seules années de son règne. Une nouvelle et grande carrière s'ouvroit devant l'empereur le premier rôle lui étoit réservé dans cette lutte de tous les rois contre le torrent révolutionnaire qui menaçoit d'entraîner dans son cours tous les trônes de l'Europe: sans doute que la Providence ne lui avoit donné en partage que les vertus pacifiques, puisqu'elle l'enleva au moment où il falloit déployer toute l'énergie, toute l'audace des vertus guerrières.

Léopold II eut pour successeur son fils François II, aujourd'hui sur le trône, et père de Sa Majesté l'impératrice des Français, reine d'Italie.

HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE, DES SCIENCES
ET DES ARTS.

L'an 1553, le 1 mars, Mort de Rabelais.

François Rabelais, né à Chinon en Touraine, d'un aubergiste ou d'un apothicaire, vers l'an 1483, entra chez les cordeliers de Fontenay-le-Comte, où il prit les ordres sacrés. Une aventure scandaleuse le fit renfermer dans une prison monastique, dont il eut le bonheur de s'évader. Clément VII lui accorda la permission de passer dans l'ordre de Saint-Benoît; mais bientôt après, Rabelais quitta tout-à-fait le cloître, et alla étudier en médecine à Montpellier, où il prit le bonnet de docteur, et où il obtint une chaire dans

T

cette faculté. Il n'occupa point long-tems cette place, et se rendit à Lyon, pour y exercer la médecine. Jean du Bellay, évêque de Paris, allant à Rome, au commencement de l'année 1534, pour l'affaire du divorce d'Henri VIII, roi d'Angleterre, emmena avec lui Rabelais, en qualité de son médecin. De retour en France, le cardinal du Bellay le nomma chanoine séculier de Saint-Maur, et enfin curé de Meudon. Il remplit avec beaucoup de zèle, et avec une gravité qu'on n'auroit pas dû attendre de l'auteur de Pantagruel, les importantes fonctions du ministère ecclésiastique. Sa maison étoit ouverte aux pauvres et aux misérables, qu'il assistoit de tous ses moyens. Il rassembloit souvent des savans pour s'entretenir avec eux sur les sciences et particulièrement sur la médecine, pour laquelle il eut toujours un goût particulier.

L'érudition de Rabelais étoit immense. Il possédoit à fond les langues latine et grecque ; il écrivoit même des lettres dans cette dernière, comme on peut le voir dans le recueil de Guillaume Budé, où l'on en trouve qui sont adressées à Rabelais. Il savoit en outre, l'italien, l'espagnol, l'allemand, l'hébreu et même l'arabe.

On a fait de la vie de Rabelais à-peu-près comme depuis, de la vie de Santeuil, une espèce de recueil de bons mots et de bons contes, dont aucun n'est bon, ou ne l'est que pour le peuple. La plupart même de ces histoires, qu'on a long-tems trouvées agréables, sont démontrées impossibles.

Que Rabelais étant à Lyon, et voulant venir à Paris, mais n'ayant ni de quoi faire son voyage, ni de quoi payer son auberge, ait imaginé de faire écrire sur de petits sachets : Poison pour faire mourir le roi,

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