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dépourvue d'intérêt. Il en est de même de celle qui suit, adressée à M. de Galoup, sieur de Chastoil, touchant les armes et bastons des chevaliers. La troisième, composée à l'occasion du couronnement de Henri IV, n'est qu'un exposé très-sommaire des cérémonies du sacre et des droits du souverain. Enfin le Traité

des libertez de l'Église gallicane est une réponse, sous forme de lettre, aux questions suivantes, si souvent agitées pendant la Ligue « Sçavoir si nostre Roy peut estre excommunié par le Pape; quelle puissance ont eue en France les Pontifes romains; quelles sont les libertez de nostre Eglise gauloise. »

La pagination reprend au Recueil de l'origine de la langue et poësie françoise, ryme et romans, qui termine le volume et qui fait l'objet de notre publication.

Indépendamment des ouvrages réunis dans l'édition posthume donnée par Hacqueville, en 1610, Fauchet avait traduit les œuvres de Tacite, ou plutôt il avait terminé la traduction commencée par Etienne de La Planche qui avait écrit celle des cinq premiers livres. « Celle de Fauchet est docte et d'un travail infini, au jugement du sieur La Croix du Maine. M. Huet dit qu'il avoit apporté à cet ouvrage beaucoup plus de bonnes dispositions d'esprit et d'estude que plusieurs de ceux qui l'avoient précédé; et que ceux qui allèguent que son abondance et son style diffus ne conviennent nullement à Tacite, ne prennent pas garde que notre langue ne peut pas s'accommoder de cette sécheresse et de cette breveté qui se trouve dans cet auteur 1. >>

Enfin, dans l'article qu'il a écrit pour la nouvelle Biographie générale, M. Lacour a transcrit les titres de plusieurs opuscules inédits de Fauchet: «Veilles ou observations de plusieurs choses dignes de mémoire en la lecture d'aucuns autheurs françois ; De l'utilité des histoires; - Que les mémoires de Philippe de Commines, tels que nous les avons, sont imparfaits; - Que la ville, anciennement dite Lutèce, estoit bastie là où est maintenant la cité de Paris et non à Melun; Que signifie le mot Pallefroi ? >>

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Le désir d'être complet nous a, sans doute, entraîné au delà des limites que comporte une notice littéraire. Nous avons voulu

1 Baillet, Jugements des savants, t. III, p. 119.

signaler des travaux historiques à jamais oubliés, quelquesunes des qualités qui brillent d'un si vif éclat dans nos historiens du dix-neuvième siècle; c'est-à-dire l'étude attentive des sources et une connaissance exacte des mœurs du moyen âge. J. SIMONNET,

Docteur en droit, substitut du procureur général à Dijon.

Histoire du droit criminel chez les Romains, par Ferdinand WALTER, professeur à l'Université de Bonn, traduite de l'allemand sur la troisième édition par J, Picquet-Damesme, chargé du cours de droit criminel à la Faculté de droit de Grenoble; 1 vol. in-8. Paris, 1863. Durand, libraire, rue des Grès-Sorbonne, 7. Prix : 3 francs.

L'histoire du droit criminel romain n'offre pas seulement un intérêt de pure érudition, de nature à appeler l'attention des publicistes et des historiens, elle présente encore des secours importants pour l'étude des développements du droit criminel en Europe. En effet, dès le milieu du moyen âge, et plus encore à partir du quinzième siècle, la jurisprudence et la législation empruntaient un grand nombre de principes et de décisions aux compilations de Justinien. Les savants jurisconsultes de cette époque, poussés soit par leurs habitudes intellectuelles, soit par les besoins de la pratique, cherchèrent dans les libri terribiles du corpus juris le complément, ou même les matériaux essentiels des ordonnances rendues en matière criminelle. Seulement, la plupart des interprètes, tenant peu de compte de la vérité historique, considérèrent en général les compilations justiniennes comme formant un ensemble harmonique et unitaire de législation répressive, au lieu d'y chercher la trace des législations diverses, élaborées en des périodes différentes, et mal coordonnées par Tribonien. De plus, les jurisconsultes modernes confondirent souvent les règles relatives aux délits privés avec celles qui concernaient les crimina publica ou extraordinaria, en général moins connus et moins étudiés, parce que les Institutes de Justinien ne s'en occupaient que dans un titre fort court. De là de singulières erreurs d'interprétation, lesquelles ont exercé une influence assez notable sur la formation de notre droit criminel, et dont on peut suivre la trace jusque chez les criminalistes français du dix-huitième siècle.

Au contraire, notre époque, qui a eu le mérite de renouveler les bases du droit répressif d'après les principes nouveaux proclamés en 1789, s'est préoccupée de rétablir la vérité historique dans l'étude de la législation pénale des Romains. Les Italiens

et les Allemands surtout ont produit de très-remarquables travaux sur cette matière. Nous avons déjà signalé ailleurs à l'attention des jurisconsultes les excellents ouvrages de Rein sur le droit pénal, et de Geib sur la procédure criminelle des Romains. En attendant que ces chefs-d'œuvre, qui complètent tous les livres antérieurs sur ce point, aient été traduits en français, M. Picquet-Damesme, chargé du cours de droit criminel à la Faculté de droit de Grenoble, a eu l'heureuse idée de nous donner la traduction de l'Histoire du droit pénal chez les Romains, par J. Walter, professeur à Bonn. Ce livre forme la cinquième partie d'une excellente Histoire du droit romain, arrivée aujourd'hui à sa troisième édition, et devenue classique en Allemagne. Déjà en 1841 M. Laboulaye avait traduit avec succès, sur la première édition, le livre IV, consacré à la procédure civile. Espérons que le succès de l'Histoire du droit criminel engagera M. Picquet-Damesme à traduire l'ouvrage entier, qui serait d'un merveilleux secours pour les études juridiques en France. Le premier volume, en effet, renferme un tableau complet de la constitution romaine, écrit avec une érudition profonde, une exactitude et une netteté vraiment admirables. Le second volume renferme en outre une histoire interne du droit privé, véritable modèle d'analyse juridique, et que nous voudrions voir entre les mains de tous nos étudiants.

Quoi qu'il en soit, M. Picquet-Damesme a rendu un véritable service à la science en livrant dès aujourd'hui au public français l'excellent résumé du droit criminel, qui forme le livre V de Walter. Le traducteur a fait précéder son œuvre d'une introduction considérable et fort intéressante, où il développe des vues élevées sur le caractère général du droit criminel romain pendant la république, sa décadence sous l'empire, et enfin sur les renseignements que notre législateur lui-même pourrait puiser à cette source précieuse. Il y a là un tableau rapide et animé de la procédure si libérale des anciens judicia publica, et des considérations générales qui annoncent chez l'auteur, en même temps qu'un louable amour du progrès et des sentiments très-généreux, la prudente réserve d'un criminaliste éclairé.

Das criminalrecht der Roemer, Leipzig, 1844.

2 Geschichte des rom. criminalprocesses, Leipzig, 1842.

L'ouvrage de Walter se divise en huit chapitres, dont le premier présente des notions générales sur l'ensemble du droit criminel romain; le second traite des délits privés d'une manière assez complète quoique concise; le troisième des délits publics. Le quatrième chapitre est consacré aux pénalités; le cinquième aux juridictions; le sixième aux tribunaux appelés Commissions permanentes (quæstiones perpetua); le septième à la juridiction criminelle au temps de l'empire; enfin, le huitième et dernier offre le tableau de la procédure pénale aux dernières périodes de l'histoire romaine.

Nous avons comparé avec soin la traduction de M. PicquetDamesme au texte original, et nous croyons pouvoir affirmer que le traducteur a fait preuve d'une très-louable fidélité; partout il suit le texte de très-près, en s'attachant à reproduire la clarté et la concision de l'original. L'œuvre de Walter mérite cette consciencieuse attention, car c'est un de ces livres substantiels et précis où chaque mot a sa portée et repose sur un texte toujours cité en note, et dont la comparaison met en lumière l'admirable talent d'analyse de l'auteur. Ces notes offrent souvent, en outre, un excellent résumé des opinions des jurisconsultes ou historiens les plus récents sur les points controversés du droit criminel romain. M. Walter a tout lu, tout médité, et chaque édition de son livre est toujours au courant du dernier état de la science d'outre-Rhin sur la matière. Sans doute, on ne trouve pas dans son résumé les développements si abondants de Rein sur la partie générale du droit pénal des Romains, sur chaque crime en particulier, et sur tous les procès auxquels il a donné lieu, d'après les historiens. Mais ce point de vue devait rester étranger au plan de notre auteur, qui voulait nous donner la substance du droit positif aux diverses époques de l'histoire romaine. C'est ainsi qu'en un résumé de cent quatorze pages in-8°, M. Walter a trouvé le moyen de condenser les témoignages de tous les textes importants du droit criminel, en y joignant les indications des auteurs classiques et même des monuments historiques de diverse nature, etc. Ces documents sont distribués et mis en œuvre avec une méthode, une clarté, et surtout une précision au-dessus de tout éloge. Il faut donc féliciter M. Picquet-Damesme de l'entreprise qu'il a menée à bonne fin avec un talent si consciencieux et si distingué, et es

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