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l'invafion de cette maladie; ils feront autorifés à accorder des récompenfes aux perfonnes qui leur donneront ces inftructions, ou leur prêteront des fecours effentiels pour leurs recherches. <

» Ces officiers de santé feront chargés du fervice journalier des malades, & de leur prefcrire tels remedes que les circonstances peuvent exiger. Ils recevront une rémunération proportionnée à l'exercice de leurs fonctions; & pour obvier à tout relâchement dans les foins, comme auffi à toute tentation de fe livrer à quelqu'écart relativement, foit à la quantité, foit à la` qualité des médicamens, on fixera un prix modéré pour chaque vifte, & on rembourfera les avances pour les remedes aux prix de la facture. «

» Les malades auront le privilege de choifir l'officier de fanté qu'ils voudront, pourvu que ce foit un de ceux qui auront été dénommés pour traiter ces maladies. L'opinion eft la bafo de la confiance, la confiance celle de l'espérance, & l'efpérance le fouverain cordial des malades. Mais il faut que cette liberté de choix soit limitée, parce que la crédulité des pauvres ne les rend que trop fouvent le jouet des impofteurs entreprenans en raison de leur ignorance. «

» 2°. Les officiers de fanté, commiffionnés, feront prendre fans délai une dose de poudre de James, de tartre émétique, ou de tel autre remede que les circonflances exigeront, & que l'expérience a prouvé être fouvent capable d'arrêter la fievre. <

> Ils donneront les inftructions relatives an régime & aux vêtemens des malades, à la ven

tilation, la température & la propreté de leurs chambres, aux précautions relatives à leur linge fale, à leur féparation, autant que faire fe pent, d'avec le refte de la famille, & à l'interdiction abfolue de toute vifite. <

» Si la fievre menace d'être maligne, ils adminiftreront à chaque perfonne qui aura foin des malades, une dofe de rhubarbe, & enfuite une décoction de quinquina. <

> On lavera les chambres des malades avec du favon (qui n'a pas de mauvaise odeur) & de l'eau chaude, afin qu'elles fechent d'autant plus vite. Il faut que les malades aient du linge propre, tant fur leur perfonne que dans le lit, & fi les draps de lit font fales, ou qu'ils fentent mauvais, il faut leur en donner d'autres. Toutes les fois qu'on les change de linge, ce qui doit être fouvent, il faut plonger celui qu'on a ôté dans de l'eau froide, à laquelle on aura ajouté un peu de leffive des favonniers, ou un peu de chaux vive, & avant que de le laver, il faut le rincer plufieurs fois dans de la nouvelle eau. Il faut d'ailleurs qu'on le lave au grand air, à l'aide de la machine appellée dolly.

Lorfque les malades iront à la felle, le baffin dont ils fe ferviront contiendra un peu d'eau froide, & auffitôt que les excrémens feront vidés, il faut y verter de la nouvelle eau froide, & l'emporter hors de la chambre fans perdre de

tems. <

de

» Il eft effentiel pour la pureté de l'air, le renouveller; il faut encore pour le rendre falubre, avoir égard à fa température; car le froid

eft non-feulement défagréable aux fens des ma·lades communément très-délicats; mais il eft en⚫ core plufieurs maladies dans lefquelles il nuit par fa qualité fédative, & on l'a' fouvent foupçonné -de donner de l'énergie à l'infection. A faur recourir à la ventilation, fans que les malades foient exposés aux courans d'air, attendu que fans inquiétude, fur le danger des effluves morbifiques, ils font fortement prévenus contre les courans d'air froid, fur-tout lorfqu'ils font au lit ou qu'ils dorment. Ces préjugés, s'ils méritent eette dénomination, demandent de la condefcendance; car quand même l'autorité les réduiroit au filence, ils agiroient fourdement & puiffamment for l'ame, en caufant de l'appréhenfion des anxiétés & des infomnies. Un feu modéré contribue à la purification d'une chambre; mais en été, où le feu feroit à charge, on placera une groffe lampe ou une chandelle fous la cheminée, pour produire un courant réglé d'air. «

On ne recommande pas des odeurs ni des fumigations antifeptiques dans les chambres des malades, parce que de la maniere dont on en fait ordinairement ufage, elles n'ont pas beaucoup d'efficacité pour corriger la contagion fébrile, & qu'en outre, elles font toujours nuifibles au fyftême nerveux des malades. «

» Dans tous les cas de mortalité, il faut laver le corps mort avec de l'eau de chaux, l'envelopper dans un drap enduit de poix, & l'enfermer dans une biere. Il faut l'enterrer dans une foffe d'une profondeur confidérable, & on jettera fur le cercueil une quantité fuffifante de

chaux nouvellement éteinte, pour le couvrir en: tiérement. Cette précaution a pour objet de préferver du danger de la contagion, lorfque dans la fuite on pourra touvrir la foffe. «

» Après la guérifon ou la mort d'un malade, on blanchira la chambre avec de la chaux nouvellement éteinte, & on appliquera ce blanc encore chaud. Il faut également laver, avec de l'eau de chaux, le plancher & tous les meubles de bois. Si le lit de plume a été gâté par les excrémens du malade, il faut le brûler; quant au chalft, aux draps de lit, &c. il fuffira de les laver, & de les purifier à l'air, avec des précautions indiquées, «

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3°. Si dans la maifon d'un malade attaqué de fievre il y a plus d'une chambre, il ne faut laiffer entrer dans celle où couche le patient, que les perfonnes néceffaires à fon fervice, & on interdira à chaque membre de la famille du malade, l'entrée dans la maifon des voifins, & autant qu'il eft poflible, le commerce avec les autres citoyens. <

» La même regle fera obfervée à l'égard du commerce des voifins ou des étrangers, avec la famille du malade. «

Dans les cas de malignité particuliere, s'il y a plufieurs malades, & qu'ils foient ferrés dans la même chambre, & que d'ailleurs la facilité de les foigner, & les refources pour prendre les précautions néceffaires afin d'obvier aux progrès de la contagion, foient difproportionnées aux befoins, il faut les tranfporter dans une autre maison mieux aérée, & où il y aura moins de

probabilité que l'infection fe répandra. On pent approprier à ces ufages un petit nombre de chaumieres vides, & permettre aux familles des malades de les fuivre, afin de leur accorder ces tendres foins de la vie domeftique, qui font la plus grande confolation de l'homme fouffrant, & tournent à un fi grand bénéfice moral pour la perfonne qui s'en acquire. <

Afin d'engager à obferver ftrictement ces réglemens, on délivrera, après la ceffation de la fievre, une récompenfe au maître ou à la maîtreffe de la maifon, qui produiront un certificat de l'officier de fanté qui aura été chargé du traitement de la maladie. <

4o. Aux époques où les fievres épidémiques régnent, on exhortera fortement tout le corps des pauvres à la fobriété & à la propreté. On aura foin que les marchés foient fournis abondamment de viandes & de végétaux falubres, ainfi que de chauffage, le tour à bon prix; on déconfeillera l'ufage des alimens falés ou fumés; on permettra le thé comme une jouissance sa, lutaire. On aura l'œil fur tous les grands atteliers, & on les purifiera foigneufement, non feulement on veillera fur leurs latrines, mais on empêchera encore qu'il n'y ait ni tas de fumier, ni tueries dans leur voifinage. Dans ces ouvroirs, une portion journaliere de porter ou de bierre dans laquelle on auroit fait infufer de l'ablynthe, pourroit fervir de préfervatif contre la contagion; plein une cuillerée à thé, ou deux de graine de moutarde entiere, avalée en fe couchant, paroît être un moyen encore plus effi

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