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à cet objet. M. le profeffeur Prochaska montra lee figures microfcopiques de plufieurs vers inteltinaux nouvellement découverts. M. l'abbé Dobrowsky lut un traité fur la dépendance de la nation Efclavonne de l'augufte mailon d'Autriche, & M. le profeffeur Gerfiner expofa l'efquiffe de fes tables renfermant les productions de la nature & des arts dans le royaume de Bohême. Deux grandes médailles furent diftribuées à MM. Preifler & Schmitt, pour leurs ouvrages fur l'hiftoire-naturelle, qui avoient obtenu l'approbation de la fociété.

(Oberdeutfche allg litter, zeinung.)

SPECTACLES.

PARIS.

THEATRE DE LA RUE DE RICHELIEU.

Les fauffes bonnes fortunes, comédie en trois

actes & en profe, donnée à ce théatre le lundi 17 octobre, n'a obtenu qu'un foible fuccès.

La pureté & l'élégance du ftyle, le bon comique de quelques fcenes, & l'efprit qui y brille par-tout, n'ont pu racheter l'invraisemblance & les longueurs multipliées du fujet que nous allons extraire en deux mots.

Verfac, fur le point d'époufer fa coufine Florife, qu'il aime & dont il eft aimé,. fe prend de paffion, dans un bal, pour trois perfonnes à la fois. La premiere eft une coquette, la feconde une jeune innocente, & la troifieme une Italienne vive & jaloufe, Florife, qui connoît l'inconftance de fon amant, l'attire avec myftere dans une maison d'amie, où elle contrefait tourà-tour les trois perfonnages pour qui il l'abandonne. Des rendez-vous sont donnés par elle dans un bal, où, à l'aide de plufieurs dominos, elle paffe encore pour les trois amantes de Verfac Bientôt elle fe démafque celui-ci la reconnoît.

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y a entre eux un combat de tendreffe, & tout finit par un raccommodement. Un oncle, affez inutile, vient débiter de la morale à travers tout cela, & un valet, parfaitement joué par M. Michaut, y fait briller une délicateffe rare & un attachement fincere pour Verfac, dont il ne para tage point les égaremens.

Comme tous les événemens font prévus dans cette piece, il n'y a point d'intérêt. Elle peut cependant amufer, dès qu'on a pris son parti fur les invraisemblances qui s'y rencontrent à

tout moment.

Mlle. Candeille y joue très-bien le rôle long & fatiguant de Florife, &, dans le fecond acte, elle exécute un morceau de piano avec cette perfection de talent qu'on lui connoît sur cet inftrument.

Le mercredi 9 novembre, on a donné la premiere représentation de l'Héritiere ou les champs & la ville, comédie en cinq actes & en vers, M. Fabre d'Eglantine.

de

Cette représentation a été fort orageufe: les difpofitions hoftiles étoient évidentes, & l'auteur a droit d'en appeller du parterre en tumulte au parterre attentif. On peut convenir qu'il y a des longueurs dans l'ouvrage, & que la base de l'intérêt n'eft pas affez forte pour foutenir des développemens auffi multipliés; mais les caracteres y font bien foutenus, & l'on peut faire difparoitre ce qui a nui au fuccès de la premiere représentation.

M. de Luffan, qui s'eft enrichi au Mexique,
Tome ler.

Ꮲ .

revient dans fa patrie après une longue abfence; il ý retrouve fon ami Monval & Sophie, sa' fille, embellie de toutes les graces & de toutes les vertus, & digne de toute fa tendreffe. Une marquite d'Alfort qui a flairé la fucceffion, eft venue s'établir dans la terre de Lufan, & a réuffi à mettre de fon parti Mélife, fa fœur, en faisant briller à fes yeux tout l'éclat de la cour. Son fils eft avec elle; c'eft la copie de ces fats modernes, beaucoup plus ridicules que les anciens, parce qu'ils n'en ont point les graces, & dont la fatuité confifte dans un graffeyement enfantin qui contrafte avec leur air capable. Germeuil, fils d'un officier invalide, & fecrétaire de la marquife, n'a pu fe défendre des charmes de Sophie; mais il fouffre dans le filence, & tout lui défend d'efpérer. Hélene, femme-de-chambre de Sophie, a pénétré fon fecret, & eft fa feule confidente.

Luffan ne voit pas de trop bon œil l'alliance projettée. Il preffe fa fille de lui ouvrir fon cœur; elle héfice, & pour la mettre à fon aise, fon pere lui propofe de l'inftruire du choix qu'elle a fait. Sophie fe conforme à cette idée, & remet à Hélene un billet pour Germeuil. Le marquis, qui a lieu de fe croire aimé, furvient,

prétend avec affez de fondement, que le billet eft pour lui. Luffan eft défolé de ce choix & du malheur de perdre la fille, qui va entrer dans un monde nouveau. La marquife triomphe, Mélife eft en extafe. On envoie chercher Sophie; elle arrive, & fon cœur eft cruellement bleffé du qui-pro-quo. Elle déclare à fon pere

que c'eft à Germeuil qu'elle a adreffé le biller.: La marquife fe retire, en cachant fon dépit sous le mafque de la hauteur, & Germeuil qui igno roit fon bonheur, & que fes amis ramenent, paffe en un inftant du défespoir au comble de l'ivreffe.

Cette piece a été fort applaudie pendant les trois premiers actes. Dans le 4e.,' où l'intérêt doit aller en croiffant, il a paru fe ralentir. Le moyen employé par l'auteur, c'est-à-dire, le moment où Sophie force fa femme-de-chambre à lui révéler le fecret de Germeuil, & cela d'un ton fort dur, a indifpofé les fpectateurs. Une tirade contre les abus de l'hôtel des invalides, ia redoublé les murmures.

Des longueurs interminables ont achevé de fa tiguer l'attention. Le dénouement a paru brusque, & mal amené. On retrouve cependant dans cet ouvrage le cachet de l'auteur. Il y a des tirades agréables, mais encore beaucoup de négligences. Mile. Lange a joué avec beaucoup d'intérêt le rôle de Sophie; M. Monvel avec beaucoup d'ame celui du pere, & M. Sainclair a mérité des éloges dans celui de Germeuil. Mlle. Candeile a donné, à celui de la marquife, le caractere de nobleffe & d'infinuation qui lui convenoit. M. Talma a faifi parfaitement toutes les nuances & tous les ridicules, foit pour le ton, foit pour le coftume des merveilleux qui brillent dans les foyers; & M. Michaut a rendu, avec ́un naturel charmant, la brufque & bonne franchise de Monval.

Ce fuccès moins heureux ne doit pas décou

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