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ODE

A un prince qui m'invitoit à vivre auprès de lui; par M. MALLET de Geneve.

GRAND

́RAND prince! à qui les destinées
Ont accordé de fi beaux jours,
Et qui voit couler res années
Entre la gloire & les amonts,

Ta cour auroit pour moi des chasmės,
De l'amitié j'entends la voix,

Mais à l'amour je rends les armes,

Ce dieu me retient fous fes loix.

Crédit, grandeurs, gloire, fortune !
Je réfifte à tous vos attraits,
Votre éclat en vain m'importune
*** feul à més regrets.

C'eft pour lui qu'eft faite la gloire;
Pour lui fermé du fang des dieux.
Moi, dans les faftes de l'histoire,
J'écrirai fon nom glorieux.

Ce héros, Fortune fuperbe!
Pour te plaire, a franchi les mers.
Le vermiffeau rampe fous l'herbe
L'aigle s'éleve au haut des airs.

Si je ne puis, dans ma carriere,
'Avoir de fi brillans fuccès,

Je veux au moins dans ma chaumiere,
Vivre obfcur & mourir en paix.

Trop heureux qui fous fes ombrages,
Plantés des mains de fes ayeux,

Vit loin des cours, de leurs orages,
De leurs plaisirs tumultueux.

Qui, fans orgueil & fans bafleffe,
Ne régna, ne rampa jamais,
Et qui parvient à la richelle,
Entouré d'heureux qu'il a faits.
Sa compagne aimable & féconde
Lui donne un foutien tous les ans,
Sa famille eft pour lui le monde,
Et fes feuls biens font les enfans.

Je me trompe : un'ami fi、
A fa richeffe ajoure encor.
Amour, tendreffe paternelle,
Amitié voilà fon tréfor.

Au printems, dans fes pâturages
Il voit les troupeaux bondigans,
Ses brebis fous d'épais ombrages
Dépofer leurs agneaux naians.
Lorfque fa faucille tranchante
Coupe en été l'or des moiffons,
Malgré la chaleur adurante,,
Il remplit l'air de fes chanfons.

Plus heureux encore en automne,
Il recueille dans fon jardin

Les fruits qu'a fait naître Pomone,
Sur un arbre enté de fa main.

A les repas, un verd feuillage
Sert de lambris à fon fallon,
Ses mets font des fruits, du laitage,
Et fon fiege, un banc de gazon.

D'une fontaine l'onde pure.
A fes pieds vient brifer fes Blora,

Et cette eau par un doux murmure, Prépare les fens au repos.

Du travail l'utile falaire,

La nuit rend la vie à fes fens,
Le fommeil fuit pour fa chaumiere
La ville & les palais des grands.

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Loin de lui ces fonges funebres,
Vengeurs des foibles opprimés,
Qui des puiffans dans les tenebres
Tourmentent les cœurs allarmés.

Chez lui n'habite point l'envie.
Content de lui-même & du fort,
Il meurt fans regretter la vie
Et vécut fans craindre la mort.

Puiffó-je ainfi dans l'hermitage,
Que me laifferent mes aïeux,
Achever mes jours fans orage,
Et revivre dans mes neveux l
Des bolquers où chanta Voltaire,
De Ferney je t'écris ces vers.
Pour *** feul j'ose en faire,
Il écrivit pour l'univers.

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L'EXPÉDIENT,

DANS

CONTE, par le même.

ANS une cave fur la rue,

Un cheval s'étoit laiffé cheoir,
Les badauds accouroient le voir.
L'un veut qu'on emploie une grue,
Un autre s'en fie à fès bras,

Et chacun d'eux crie &.confeille.
Ua ivrogne voit l'embarras.
Tirez-le, dit-il, en bouteille,

LE DÉBUTANT, par le même.

ON

Ox dit qu'un jour maître Toupet,

Se croyant né pour Melpomène,
Par le rôle de Mahomet,

Ofa débuter fur la fcene.

Sifflé, mais non point interdit,
Notre gafcon s'avance & dit :

» Je bois, Memeurs, qué tout eft mode; » Hyer jé bous accomodois,

» Aujourd'hui jé bous incommode,
» C'est en bain qué jé changerois,
» Er de métier & de méthode.
» La scene mé perd à jamais,

» Dès demain, jé bous raccommode. «

LE VIEILLARD, par le même. Dz jour en jour tout dépérit,

Et la nature dégénere,

Difoit un vieillard décrépit.

Les femmes n'ont plus l'art de plaire,
Les hommes manquent de vigueur,
Les fruits ont perdu leur faveur,
Comme le foleil fa lumiere,

Les fleurs ont un parfum moins doux.
Vieillard zien n'a changé que vous,

ACADÉMIE S.

SÉANCES

DE DIVERSES SOCIÉTÉS.

I.

COLLEGE royal de France.

LE 14 novembre dernier, le college a tena

fon affemblée publique de rentrée.

M. de la Lande l'a commencée par l'hiftoire de l'aftronomie en 1791, & l'éloge de M. Lepaute d'Ageler, aftronome de l'académie, qui a fait le voyage autour du monde avec M. de la Peyroufe.

M. Levefque a lu un mémoire fur la politique infidieufe de Louis XI.

M. Gail a lu la traduction de deux idylles de Théocrite, avec un difcours fur la poéfie paftorale, & en particulier fur cet auteur, dont il fe propofe de publier bientôt la traduction.

M. de Cournand a lu un mémoire fur l'art dramatique, & le perfectionnement dont il eft devenu fufceptible par la révolution de France.

M. l'abbé de l'Ifle a terminé la féance par la

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