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quelque nouvel effort dans un sujet d'une fi grande utilité nationale, il aura comblé fes vœux & rempli l'objet qui lui a fait prendre la plume. -Son ouvrage est dédié à S. A. R. le duc de Clarence, & contient douze chapitres, fuívis d'un appendix. Nous allons en donner une analyse.

CHAP. I. Traité des domaines de la Grande-Bre tagne, de fes revenus, & de fes resources.

CHAP. II. Etat de la flotte royale pendant la derniere guerre. Marine des puiffances étrangeres.

A la fin de la guerre en 1783, norre flotte eonfiftoit en 145 vaiffeaux de 100 jufqu'à 50 ca nons.- La France en comptoit 83.-L'Efpagne 74. — La Hollande de 40 à 50 vaiffeaux à deux ponts. La Ruffie 63 vaiffeaux armés, dont 37 étoient de ligne. Le Danemarck 31 vaiffeaux de ligne. — La Suede 26 à 28. - Le Portugal 13 à 15.

CHAP. III. Des différens bureaux de marine, avec les réglemens qui ont lieu dans ceux des puiffances étrangeres.

L'inftitution d'une académie maritime, fortement recommandée pour l'éducation de la jeuneffe, deftinée au fervice de mer. Les François font en poffeffion d'un établiffement admirable en ce genre. Si notre gouvernement ne fe prête pas à cette idée, nous ofons efpérer que la fociété, qui vient de s'ériger récemment pour l'encouragement de l'architecture navale, travaillera à faire réuffir un plan d'une telle conféquence pour le bonheur national.

CHAP. IV. De la conftruction des vaiffeaux de guerre, & des autres navires.

Nos conftructeurs de vaiffeaux ont peu de théorie auffi les meilleurs ouvrages que nous poffédons fur ces matieres, font généralement compofés par des étrangers. L'auteur paffe en revue les défauts qui fe trouvent le plus communément dans nos vaiffeaux. Si, afin d'être

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toujours préparé à entrer en guerre, on a des objections à faire contre la conftruction & l'armement d'un grand nombre de vaiffeaux, Fauteur propose dans ce cas, ou d'en avoir plufieurs fur les chantiers toujours couverts, comme à Venife; où d'en avoir la charpente, &c. arran gée, coupée, numérotée, & difpofée de façon à être toujours prête. On condamne ici la coutume pernicieuse, connue dans nos chantiers, fous le nom de droit de copeaux. On prétend que la perte, occafionnée par ce dégât, monte à ce qui fuffiroit pour bâtir une chaloupe de guerre par jour.

CHAP. V. Sur les quais & les chantiers.

On recommande la conftruction de magafins propres à recevoir les agrêts des vaiffeaux de guerre, où les chofes néceffaires à chaque na¬ vire feroient dépofées féparément, numérotées & marquées de maniere à être trouvées dans le moment qu'on en auroit befoin. L'auteur fe plaint que les vieux vaiffeaux font condamnés trop légérement. On réclame de nouveaux réglemens pour remédier à cet inconvénient, de même qu'à plufieurs autres, dont on fe plaint, dans les chantiers publics.

CHAP. VI. Maniere de former l'équipage d'un vaisseau,

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On trouve les deux méthodes ufuelles, à favoir, la presse ou l'enrôlement forcé, & l'emploi de volontaires, également fujets à de grands abus; & à des retards forcés. On y propofe les remedes fuivans un corps de marine enregiftré, ou une milice navale, ou enfin l'emploi conftant dans les chantiers d'un certain nombre de marins, en forme de journaliers, qui feroient logés dans des cafernes, récompenfés par une légere addition à leur paie, & remplacés, en tems de guerre, par des travailleurs ordinaires. On examine enfuite les mauvais effets qui s'enfuivent de la coutume de faire paffer les équipages de vaiffeau en vaiffeau.

CHAP. VII. Maniere de lever des matelots, en les · enregiftrant, & de la demi-paie.

Ce chapitre eft très-long: il contient 122 pages, pendant que les fix premiers n'en contiennent ensemble que 24. Par une faute de l'imprimeur, il eft fubdivifé en d'autres chapitres. au-lieu de fections.

La premiere tentative qu'on fit pour lever 'un corps de marins au moyen d'un registre, fut en 1346. On employa alors pour armer les deux flottes de 706 vaiffeaux qu'on équipoit, la même manière à-peu-près, dont on leve aujourd'hui la milice. Fowey, dans la province de Cornouailles, fournir à-peu-près deux fois autant de vaisfeaux que la cité de Londres. Après celle-ci, C'étoit Yarmouth qui fournit le plus grand nombre, 43 vaiffeaux, pendant que Briftol n'en fourniffoit que 22. Le roi en donna 24, le même nombre que Londres, mais pas autant que Shore

ham. Chaque navire, un portant l'autre, étoit armé de 26 hommes.

On trouve ici la liste de la flotte, telle qu'elle fe trouvoit à la mort de la reine Elifabeth. On y lit auffi l'acte de parlement pour l'augmentation & l'encouragement des matelots, paffé dans les ans 7 & 8 du regne de Guillaume III. Il porte Pérection d'un regiftre. On lit enfuite l'extrait de l'acte introduit par M. Pulteney, & la défenfe qu'en a faite l'auteur de ce livre. Cet acte tend à venger les droits des marins, & à comparer la méthode de les lever par force, & par la preffe, avec celle de les enregistrer. Les obe jections qu'on a faites à cette derniere méthode font établies dans toute leur force, & victorieufement combattues. Nous donnerons la conclufion de ce qu'il dit à ce fujet, & ce fera un échantillon favorable de la maniere de notre auteur.

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La maniere d'équipper les flottes de fa majefté par la force & la violence, n'eft pas moins impolitique qu'elle eft inconstitutionnelle. On ne pourra jamais le perfuader que c'eft en violant tous les droits de nos braves marins, qu'on réuffira à les engager à la défense de ceux de leurs oppreffeurs; & néanmoins tel eft le traitement qu'ils ne manquent jamais d'effuyer, toutes les fois qu'on les invite à facrifier leur liberté & leurs vies pour la défense de leurs com patriotes. Peut-on raisonnablement fuppofer que ces mêmes hommes combattront pour des avantages dont ils ne jouiffent jamais plus long-tems qu'il ne plaît aux miniftres de fa majefté; ou

bien, pour la liberté & le bonheur de ceux qui les traitent en efclaves. Néanmoins les matelots anglois ont tant d'attachement & tant d'affection pour la mere-patrie, que toutes les fois qu'ils rencontrent l'ennemi commun, ils femblent perdre la mémoire de leurs torts nombreux, pour ne s'occuper qu'à foutenir l'honneur du pavillon anglois.

11 feroit donc digne de cette grande nation commerçante d'approprier une petite partie de fon extrême opulence au bonheur futur & au foulagement d'une race de braves gens, qui mérite nos remerciemens & notre reconnoiffance en tems de paix, & dont les fervices font inap. préciables en tems de guerre. La coutume de violenter nos braves défenfeurs toutes les fois qu'on a befoin de leurs fervices, doit régimber fur le public, qui les récompense fi mal; & fi on n'adopte pas d'abord un traitement plus généreux, plus humain, & plus conflitutionnel, il eft impoffible de prévoir tous les maux auxquels une telle tyrannie pourra enfin nous expofer. <<

On donne ici un calcul des fraix qu'on fup•pose devoir coûter l'érection d'une fociété projettée de matelots, & qu'on met en comparaison avec ceux qu'occafionne la preffe, pendant une guerre de fix ans. Il paroît par cette eftimation, que les dépenfes qu'exigera l'établiffement d'un corps fuffifant de matelots expérimentés, feront, au bout de cinquante-quatre ans, moindres de deux tiers, que l'intérêt de l'argent employé dans la preffe pendant le cours de trois guerres, dont chacune dureroit fix ans ; quand bien même on

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