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jufqu'à vouloir deux fois faire arrêter Thurot fur fon bord. Heureufement les foldats eurent honte de l'emportement de leur chef, & refpecterent Thurot; mais on peut imaginer ce que produifit cette oppofition obftinée entre deux commandans qui avoient des vues tout-à-fait différentes. On perdit en débats & en délais un tems précieux, à Carrikfergus, où l'on étoit débarqué. Les Anglois eurent le tems de raffembler une efcadre fupérieure en canons & en hommes, & fondirent fur Thurot au moment où il fortoit du port. Ecoutons encore un autre écrivain anglois, auteur d'une hiftoire de la guerre de 1756, où il raconte la mort de Thurot.

> Thurot fit tout ce qu'on pouvoir attendre » de l'intrépidité de fon caractere; il combattit > avec fon vaiffeau jufqu'à ce qu'il fût plein > d'eau & couvert de morts enfin il fut tué...

Le public pleura la mort du brave Thurot, » qui combattit moins pour l'intérêt que pour > l'honneur... Il eft honteux de voir dans le

fein de la France des hommes jaloux du vrai » mérite, chercher à ternir l'éclat de la gloire » du célebre capitaine Thurot, dont les Anglois > même ont admiré les exploits. <<

Il n'étoit pas moins honteux que le gouverne meni laiffât dans l'indigence un frere & une fille de cet excellent citoyen, qui avoit fi bien mérité de fa patrie, & qui n'avoit rien laiffé après lui que fon nom. L'affemblée nationale vient de laver dignement cette tache, en affurant à Mile. Thurot une penfion de 2000 livres. L'ouvrage, dont on rend compte ici, eft imprimé à

fon profit; il nous femble qu'il n'y a pas un bon François qui ne doive en acheter un exemplaire.

(Mercure de France.)

UEBER das Vaterland der Chaldeer und Phonicier, &c. Sur la patrie des Chaldéens & des Phéniciens; par M. DIT MAR. Berlin, chez Matzdorff. Grand in-8vo.

LA nation chaldéenne étoit déja connue de

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Moïfe. Cet hiftorien facré remarque que Thara, le pere d'Abraham, étoit natif d'Ur en Chaldée; mais fi Moïfe a nommé ce pays d'après les peuples qui l'habitoient de fon tems, ou fi ce nom étoit déja connu du tems d'Abraham qui alors auroit été lui-même un Chaldéen, c'eft une queftion qui eft encore à décider. A en croire des auteurs moins anciens, parmi lesquels M. Ditmar cire le Juif Jofephe, Abraham étoit véritablement d'origine chaldéenne; opinion que toutes les traditions juives paroiffent confirmer. Mais cette haute antiquité des Chaldéens paroît un peu doureuse, lorfque l'on confidere qu'ils ne font point compris dans l'énumération des peuples faite par Moïfe dans le Xe. chapitre de la Genese, à moins qu'ils ne doivent être compris fous le nom d'Arphafchad, dont l'écriture fe fert en d'autres occafions pour les indiquer; & M. Ditmar eft d'autant plus porté à adopter cet

avis, qu'il retrouve le même nom dans l'Arrapechites des Grecs, qui lui fert pour déterminer la pofition de l'ancienne Chaldée. Jufques - là les regles de la probabilité sont affez respectées; mais dans la fuite on eft tenté de croire que l'auteur fe foit laiffé entraîner par l'étymologie des noms un peu plus loin qu'il ne s'étoit d'abord propofé. Il retrouve fes Chaldéens en des régions où nul autre fe feroit avifé de les chercher. Sur un paffage d'Etienne de Byzance, qui nous apprend que les Chaldéens avoient d'abord porté le nom de Cephenes, & fur quelques conjectures des plus hardies, M. Ditmar établit, comme une certitude, que les Chaldéens & les anciens Perfes font une même nation. Et bientôt ces peuples font transformés en Ethiopiens, à caufe de ce Memnon d'Ethiopie qui fortit de Suze pour aller au secours des Troyens; enfuite de quoi la Palestine, & particuliérement la ville de Joppe ou Jaffa feroient compris dans l'ancienne Ethiopie; ce que notre auteur prouve encore par la fable d'Andromede. C'eft dans la même Ethiopie qu'auroit régné Sesoftris, & où l'on trouvera le fleuve Egyptus & le royaume d'Egypte même, fous les noms d'Ephrate & dé Babylone; c'eft de-là que Sefoftris & Ofymanduas auroient fait leurs expéditions guerrieres. La mer érythréenne, felon nos tre auteur, n'eft autre chofe que le golfe de Perfe. Les Phéniciens ne feroient venus de l'A

rabie en Paleftine par la mer rouge, comme Juf tinus & d'autres hiftoriens nous l'ont appris, mais du golfe de Perfe, en traverfant ou le royaume de Babylone, ou bien l'Arabie, déferte & le mont

Séir jufqu'à Joppe, & de-là dans la Phénicie. M. Ditmar croit que l'incurfion d'Amraphel, roi de Sinear, dont il eft fait mention dans le 14e. chapitre de la Genefe, & qu'il regarde comme le même événement dont parle Manethon dans T'hiftoire d'Hykfos, pourroit fort bien avoir rapport à cette tranfmigration. On ne peut s'empêcher de regarder ce parallele entre l'écriture fainte & la narration de Manethon comme un peu hafardé ; & l'on croit pouvoir avancer fans bieffer la vérité, que l'ouvrage de M. Ditmar auroit été beaucoup plus utile, s'il s'étoit épargné la peine de tant de conjectures favantes. D'ailleurs la lecture en eft affez curieufe, & l'on ne peut qu'admirer. la vafte érudition qu'il a fallu pour ramaffer les matériaux de tant de paradoxes hiftoriques.

(Oberd, allg. litter. zeitung )

A view of the naval force, &c. Confidérations fur la force navale de la Grande-Bretagne, fur fon état actuel, fur le bois de charpente, la conftrustion des vaiffeaux, les ports & les havres de ce royaume; fur les ordonnances qui regardent les of=" ficiers & les, matelots de chaque département, comparés avec ceux des autres puiffances européennes, avec des réflexions, & les plans les plus propres pour perfectionner le fervice de mer; par un offieier d'un rang fupérieur. In-8vo. 5 fh. broché. Sewel. Londres, 1791.

TOUTES

OUTES les fois que des perfonnes, diftinguées dans leur profeffion, par leur rang & leur fortune, & poffédant d'ailleurs un efprit d'indépendance, daignent communiquer au public les fruits de leurs connoiffances & d'une expérience souvent achetée au service de leur patrie, nous fentons vivement la reconnoiffance que leur conduite nous inspire. L'auteur de ce traité, fur un fujet qui intéreffe particuliérement les Anglois, comme une grande nation maritime & commerçante, femble n'avoir en vue que l'avantage de fon pays. Il nous informe, dans une très-courte préface, qu'il avoit été induit à faire ces obfervations par la néceffité qu'il avoit trouvée dans la dermiere guerre, que nos départemens maritimes travaillaffent davantage à augmenter notre force navale il ajoute, que fi fon livre fait naître.

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