Page images
PDF
EPUB

Le difcours préliminaire contient des détails trop importans pour nous laiffer le loifir de relever quelques inexactitudes de ftyle, qui font d'ailleurs excufables dans l'ouvrage d'un étranger,

Ayant ainfi généralement exprimé notre fatisfaction fur le catalogue des pierres compofées de M. Taffie, nous fouhaiterions pouvoir, fans bleffer la vérité, le donner comme exempt d'une tache qui malheureusement fouille rous les catalogues de ce genre, en dépréciant, comme ils font, les cabinets qu'ils ont l'intention de décrire. La mythologie des anciens eft pleine d'allégories, & de toutes les allégories, celle que les peintres & les fculpteurs mettoient générale. ment le plus de peine & de foin à exprimer & à embellir, eft la repréfentation de la puissance créative de la divinité, fous des figures & emblêmes qui tendent directement à fomenter & enflammer ces paffions, que la morale ne butte qu'à réprimer ou modérer, & que les préceptes du chriftianifme commandent expreffément de mortifier & fubjuguer, Dans ces représentations allégoriques des anciens, qui ont été fervilement copiées & multipliées presqu'à l'infini par les artiftes modernes, l'oeil perçant de l'éleve & de l'antiquaire pénétre aisément le voile du myflere, & contemple la réalité qu'il enveloppe & recele mais la plupart de ceux dans les mains de qui tomberont ces volumes, n'y verront probablement rien au-delà des empreintes, qui font

propres à fatisfaire la groffiere imagination des libertins, à faire rougir la modeftie, & à provoquer avec raifon la cenfure des moraliftes.

Il eft vrai que M. Taffie peut dire, qu'en exerçant fon art, il eft obligé de copter les pierres qu'il trouve entrer dans son projet ; il peut dire que ce n'est pas à lui d'apprécier la connoiffance de ceux qui l'emploient, & à déterminer fi leur favoir les rendra capables de difcerner, dans l'antiquité, le bon du mauvais ; il peut de plus alléguer pour excufe, que comme l'oeil eft le fens qui tranfmet le plutôt les objets à l'efprit, il a, contre la pratique de fes prédéceffeurs, prefqu'entiérement exclu des taillesdouces jointes à cet ouvrage, tout ce qui pouvoit choquer les bonnes mœurs ou offenfer la délicateffe. Si l'on peut recevoir ces excufes pour M. Taffie, quelle apologie pourra faire M. Rafpe, pour la complaifance avec laquelle il s'arrête fur un article qu'il eft prefqu'indécent de nommer? Dans ce fiecle, & chez une nation où tout le monde lit, un auteur anglois, lors même qu'il n'écrit que pour les artiftes & les amateurs, ne doit jamais entiérement perdre de vue

Virginibus puerifque canto.

(Monthly review.)

14

MAXIMES de guerre relatives à la

pagne

guerre

de cam

& à celle des fueges; par M. le comte DE KEWENHULLER, feld-maréchal-général des armées de S. M. I. R. & A.

PREMIER EXTRAIT.

DANS un moment où la France, menacée

d'une guerre formidable contre des troupes ex-
périmentées, manque de bons généraux, nous.
ne croyons pas pouvoir faire rien de plus utile
à la patrie que de répandre les maximes de guerre
d'un général avantageufement connu par une dé-
fenfive favante dans le Trentin contre l'armée
des alliés (en 1735), & qui commanda avec
tant de fuccès les armées de l'impératrice-reine
en Bohême & en Baviere. Nous ne prétendons
pas cependant que cet ouvrage, petit par fon vo-
lume, mais grand par le nombre de choses qu'il
renferme, & qui mériteroit des Follard & des
Turpin pour commentateurs, puiffe fuffire fett
à former un bon général. Nous favons qu'il en
eft de l'art militaire comme du jeu des échecs :
Savoir la marche eft chose très-unie,'

Jouer le jeu, c'eft le fruit du génie.

Mais un homme doué des qualités naturelles qui forment les bons généraux, peut s'aider infiniment des maximes qu'il contient, s'il fait fe les rendre familieres; & on peut regarder avec ES

:

juftice ce petit livre comme le bréviaire du guerrier.

La premiere de toutes les qualités du général eft la valeur, fans laquelle, dit le maréchal de » Saxe, je fais peu de cas des autres, parce » qu'elles deviennent inutiles; la feconde eft l'efprit il doit être courageux & fertile en expédiens; la troifieme eft la fanté. «<

» Le général doit avoir le talent des promptes & heureuses rcffources; favoir pénétrer les > hommes & leur être impénétrable, avoir la capacité de fe prêter à tout, l'activité jointe à l'intelligence, l'habileté de faire en tout un > choix convenable, & la jufteffe du difcernement.a » Les parties d'un général font infinies; l'art » de favoir faire fubfifter une armée, de la ménager; celui de fe placer de façon qu'il ne puiffe être obligé de combattre que lorsqu'il le veut; de choifir fes poftes, de ranger fes > troupes en une infinité de manieres, & favoir > profiter du moment favorable qui fe trouve » dans les batailles & qui décide de leur fuccès. Toutes ces choses font immenfes & auffi variées que les lieux & les hafards qui les pro> duifent. <

[ocr errors]

» Il faut, pour les voir, qu'un général ne soit occupé que de l'ennemi un jour d'affaire; l'examen des lieux & celui de fon arrangement pour ses troupes doit être prompt comme le vol d'un aigle; fa difpofition doit être courte & >> fimple. Il s'agit de dire, par exemple : la premiere ligne attaquera, lá feconde foutiendra, ou tel corps attaquera, & tel foutiendra.

1

> Il faudroit que les généraux, qui font fous Ini fuffent bien bornés pour ne pas favoir exé» cuter cet ordre, & faire faire la manœuvre > qui convient chacun à fa divifion. Ainfi, le » général ne doit pas s'en occuper ni s'en embarraffer; car s'il veut faire le fergent de hataille & être par-tout, il fera précisément > comme la mouche de la fable, qui croyoit > faire marcher un coche. «

Il faut donc qu'un jour d'affaire un général > ne faffe rien; il en verra mieux; il fe con» fervera le jugement plus libre, & il fera plus > en état de profiter des fituations où se trouve > l'ennemi pendant la durée du combat; & quand

il verra fa belle, il devra baiffer la main pour > fe porter à toutes jambes dans l'endroit dé⚫fectueux, prendre les premieres troupes. qu'il » trouve à portée, les faire avancer rapidement › & payer de sa ́personne; c'est ce qui gagne

les batailles & les décide. Je ne dis point où > ni comment cela fe doit faire, parce que la ⚫ variété des lieux & celle des difpofitions que le combat produit doivent le démontrer; le tout eft de le voir & d'en favoir profiter. < » L'on doit, une fois pour toutes, établir une > maniere de combattre que les troupes doivent favoir, ainfi que les généraux qui les menent. Ce font des regles générales, comme, par > exemple, qu'il faut garder fes distances dans › la marche ; que lorfqu'on charge, il faut le faire vigoureulement; que s'il fe fait des trouées dans la premiere ligne, c'eft à la feconde à les boucher. Il ne faut donc point d'écriture

« PreviousContinue »