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l'inspection des torches et des figurines de cires portées à la procession du sacre. Les ciriers restèrent tenus de lui faire connaître les sujets qu'ils voulaient traiter.

En quoi consistait le privilège du Trésorier et comment l'exerçait-il ?

Le Trésorier instituait les ciriers et leur donnait leurs lettres de maîtrise. Ils prêtaient serment entre les mains de son sénéchal qui assurait les visites dans les boutiques et les ateliers (1). Chaque année, une quinzaine avant Pâques, les ciriers devaient lui remettre chacun une livre de cire (2).

Le Trésorier avait droit pour l'exercice de son privilège à un sénéchal, à un procureur, à un greffier et à un sergent (3).

Il tenait sa juridiction sous la galerie du côté de la Chapelle de « Moult Joie » (4) et il siégeait là sur une espèce de trône. Toutefois il n'utilisait la galerie qu'à titre précaire, car Brossier signale qu'à deux reprises le Chapitre le fit constater pour empêcher tout empiè tement (5).

Plus important était le choix des sujets et la réception des torches de la procession du Sacre.

Quinze jours avant la cérémonie, les Ciriers soumettaient au Trésorier du Chapitre les sujets qu'ils avaient l'intention de traiter. Celui-ci les acceptait ou les refusait.

La veille de la Fête Dieu, pendant vêpres à la Cathé

(1) Bibl. mun. d'Angers, Msc. 949, note.

(2) Ibid. Msc. 647.

(3) Lehoreau, Cérémonial de l'Eglise d'Angers, I, p. 644. (4) Lehoreau, ibid.

La chapelle de Notre-Dame de Moult-Joye avait été fondée en 1337, sous le porche extérieur, devant le grand portail de la Cathédrale. Une statue de sainte Tanche avait été placée sur l'un des piliers de cette chapelle. On y conduisait en pèlerinage les enfants qui n'étaient pas « étanches » (maladie connue sous le nom d'incontinence d'urine).

(5) Brossier, Ami du secrétaire, Bibl. de la ville d'Angers, Msc., 656.

drale, le Juge de Police, assisté de son greffier, des sergents, des jurés du métier, procédait à l'examen.

<< L'un desquels jurés, dit Balain (1), escrit chaque hystoire représentée dans chacune des dites torches que le juge fait passer en sa présence, devant l'autel de Saint-Maurice pour faire la révérence au Saint Sacrement auparavant et dans le moment qu'on veut les porter en procession et au soir après les Complies de la dite église, le jour de la feste de Dieu, ce qui est fort curieux à voir ».

Les Ciriers d'Anjou étaient renommés par la beauté de leurs produits, malgré qu'ils n'aient été qu'en petit nombre.

« Davantage, dit Bruneau de Tartifume (2), se nourrissent en Anjou plusieurs ruches d'abeilles dont on fait un très grand profit, d'autant que les Angevins ont l'adresse d'en extraire le miel et la cire qu'ils savent si bien blanchir (l'air d'Anjou y étant aussi disposé) qu'en aucun autre endroit ne se peut trouver cire plus

blanche. >>

M. de Vaubourg, intendant de Rouen, rendant compte au Contrôleur Général du commerce des cires à Rouen, constate que les blanchisseries de cires de Bretagne, du Maine et de l'Anjou produisent de belles cires qui sont très recherchées (3).

Boulainvilliers (4), qui se documente dans le rapport de Miromesnil de 1697, note qu'il y avait à Angers 7 blanchisseries de cire; à Château-Gontier 3, ce qui en faisait en tout 10 dans la province.

Au moment de la suppression du privilège du Trésorier, il n'y avait que 5 maîtres ciriers.

(1) Bibl. mun. d'Angers, Msc. 867, p. 241.

(2) Bruneau de Tartifume, Philandinopolis (Bibl. de la ville d'Angers, Msc. 870), p. 331.

(3) Correspondance des Intendants de Province avec le Contrôleur général, publiée par M. de Boislisle, III, p. 278.

(4) Boulainvilliers, Etat de la France, édit. de 1627, I. p. 27.

De cette courte notice, que l'on peut considérer plutôt comme un inventaire de documents qu'une page d'histoire, il y a cependant une conclusion à tirer.

Marchegay signale que les registres et les papiers du Trésorier de la Cathédrale furent brûlés en 1793 (1). Aucun inventaire ne nous en étant parvenu, il paraît difficile de les reconstituer. Dans cette destruction vraisemblablement disparurent les pièces originales des archives qui contenaient l'histoire d'un métier formant un îlot à part dans la cité et ayant une juridiction exceptionnelle.

Sont-elles irrémédiablement introuvables? L'exposé des titres présentés par le Trésorier pour établir l'existence de son droit à la suite de l'Edit de 1776, anté rieurement le procès soutenu au Parlement de Paris en 1702, nous permettent peut-être d'envisager des sondages dont les résultats ne seraient pas sans intérêt.

C'est ce que nous avons tenu à signaler en terminant.

V. DAUPHIN.

(1) Marchegay, Arch. d'Anjou, I, p. 75, note 2.

Marchegay parle de « droits considérables sur les Ciriers du duché d'Anjou ». C'est exagéré, puisque tout se bornait à une redevance d'une livre de cire par maître exerçant le métier et à des honneurs.

PRINTEMPS

Le Printemps « qui commence »,
Comme dit la romance,

Fait verdir de nouveau
Le baliveau,

Les rossignols gazouillent
Et les grenouilles grouilllent,
Les pissenlits ont leurs
Tiges en fleurs.

Beau temps pour les salades,
Beau temps pour les malades
Buvant, tant qu'il leur plaît,
Du petit lait,

Même du lait de poule;

Partout la sève coule,

Tous les cœurs sont contents;

C'est le Printemps.

Moi seul je n'aime guère

Cette époque vulgaire

Dont la banalité

Pressent l'été.

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