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PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

SEANCE DU 9 JANVIER 1922

La séance s'ouvre à huit heures, sous la présidence de M. PLANCHENAULT, doyen d'âge, en l'absence de M. Bodinier, président.

Sont présents : MM. Planchenault, Meauzé, Albert, Bigeard, Bizard, Brichet, abbé Delaunay, Desmazières, Fourrier, Huault-Dupuy, Jac, comte Joubert, chanoine Marchand, abbé Pasquier, chanoine Rondeau, Saché, Somery, Mgr Thibault, abbé Uzureau, comte Paul de Villoutreys, chanoine Urseau.

M. Bodinier, président, s'était excusé, en raison de l'état de sa santé, de ne pouvoir assister à la réunion.

Le procès-verbal de la séance du 14 novembre 1921 est lu et adopts.

A la demande de M. le Secrétaire général, qui signale l'état inquiétant de nos finances, la Société décide de supprimer, pour un an, les cinquante exemplaires de tirage à part, qu'elle accordait aux auteurs des communications imprimées dans nos Mémoires.

M. l'abbé Machefer, secrétaire de l'Evêché, présenté par MM. Urseau, Planchenault et Mgr Thibault; M. de Coquereaumont, directeur d'assurances, présenté par MM. Meauzé, Urseau et Bodinier, sont admis au rang de membres titulaires.

M. Albert, industriel, à la Sandrozière, par MortagneFourrier, Huault-Dupuy, Jac, comte Joubert, chanoine Crosnier et M. le chanoine Rondeau, est admis comme membre correspondant.

MM. Bodinier, Huault-Dupuy et Planchenault présentent comme membre titulaire M. Xavier de Pétigny de SaintRomain, lieutenant-colonel de cavalerie.

M. DESMAZIÈRES, chargé de faire un rapport sur une brochure intitulée Le mouvement actuel pour l'organisation des recherches scientifiques en France, par M. G. Faure

Frémiet, expose que, pour réorganiser les recherches scientifiques en France, la Confédération des Sociétés Scientifiques Françaises a tenté d'établir une liaison intime entre les Associations des diverses branches de la science, de coordonner leurs moyens d'action et de collaborer aux travaux des comités nationaux et du Conseil National des recherches. Des projets de création d'une imprimerie, d'une caisse de publications ont été élaborées, et la question de l'aide matérielle aux Sociétés a été également mise à l'ordre du jour.

En ce qui concerne le rôle de notre Société dans ces groupements, M. Desmazières estime que les multiples projets des comités ne sont pas encore suffisamment étudiés pour permettre de donner une adhésion ferme, notre situation financière ne permettant pas de payer une cotisation qui n'est pas encore fixée. Cependant, dès maintenant, les membres de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers, font des vœux pour les dispositions qui pourraient être prises afin d'améliorer les conditions économiques des Sociétés savantes provinciales; son bureau se tient prêt à répondre au questionnaire qui pourrait lui être adressé à ce sujet.

La parole est ensuite donnée à M. l'abbé UZUREAU, qui fait une communication intéressante sur le Clergé de Douéla-Fontaine pendant la Révolution.

Après avoir dressé la liste des religieux qui composaient la communauté des Récollets, il indique ce qu'ils sont devenus à partir de 1790. Il fait de même pour les chanoines et chapelains du chapitre Saint-Denis, et pour le curé, les vicaires et les prêtres habitués de la paroisse Saint-Pierre. C'est un chapitre nouveau, qui s'ajoute à ceux que notre collègue a déjà consacrés à l'histoire religieuse du diocèse d'Angers pendant la Révolution.

M. le chenoire URSEAU présente et décrit une statuette d'applique gallo-romaine, figurant la Victoire, qui fut trouvée à Drain en 1919 et qui vient d'être donnée au Musée Saint-Jean.

L'ordre du jour appelle ensuite le compte-rendu financier de l'exercice 1921, qui est fait par M. le Trésorier et approuvé par la Société. Il en est de même pour le projet de budget de l'exercice 1922.

La Société, conformément aux Statuts. procède à l'élection du président et du vice-président pour l'année 1922. M. Bodinier est réélu président. M. Planchenault est nommé vice-président, en remplacement de M. de Farcy, décédé.

M. Desmazières est appelé à remplacer M. Planchenault. comme bibliothécaire-archiviste.

Le comité de publicaton reste composé de MM. Dufour, Jac, Joubert, Semery et Saché.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à neuf heures et demie.

Le Secrétaire général,

Ch. URSEAU.

SEANCE DU 19 MARS 1922

La séance s'ouvre à huit heures du soir, sous la présidence de M PLANCHENAULT, vice-président.

Sont présents : MM. Planchenault, Meauzé, Albert, Bigeard, Brichet, Dauphin, abbé Delaunay, Desmazières, abbé Pasquier, abbé Portier, chanoine Rondeau, Saché, abbé Uzureau, chanoine Urseau.

MM. Bodinier et de Grandmaison s'étaient excusés.

Après la lecture du procès-verbal de la séance du 9 janvier, qui est adopté, M. le Secrétaire général s'exprime en ces termes :

«<< Messieurs,

«< Depuis la séance du mois de janvier dernier, notre Société a subi une perte très grande et très douloureuse, en la personne de M. le Dr Monprofit, député de Maineet-Loire, membre correspondant de l'Académie de Médecine, membre titulaire et président d'honneur de notre Compagnie.

« C'est en 1903, que M. le Dr Monprofit avait demandé à être inscrit sur nos listes, et je puis affirmer qu'il était fier d'appartenir à notre vieille Académie. Dans les rares loisirs que lui laissaient ses occupations professionnelles ou ses fonctions publiques, il aimait à faire une part à nos travaux. Il assistait volontiers à nos réunions; plusieurs fois il y prit la parole, soit pour nous signaler quelque appareil scientifique dont il était l'auteur, soit pour nous communiquer ses impressions sur la guerre des Balkans. En 1908, il présida la séance solennelle du Concours Daillière. Je me rappelle encore le ton profondément convaincu, avec lequel, après avoir rendu temoignage aux nobles dévouements que sa profession de chirurgien lui permettait d'admirer de près, il affirmait que ces « vertus, ces dévoué

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ments ne peuvent éclore sans Idéal, car l'intérêt personnel, qui inspire, hélas la plupart des actions humaines, << ne peut ici trouver satisfaction. Oui ajoutait-il « c'est l'Idée, éternelle et toute puissante, supérieure à tout « dans le monde, c'est elle seule qui inspire les vertus « et les sacrifices; cet idéal de dévouement se confond avec <«<l'amour du Beau, du Bien et du Vrai... La matière, que « tant d'hommes jugent si sûre et si certaine, ne se pré«sente que sous des aspects muables et changeants; elle <<< se transforme en un instant ; un cataclysme d'une "seconde peut pulvériser ce monde éphémère et passager ; « qu'importe à l'idée souveraine qui régit ies Univers? << qu'importe à nous-mêmes, si nous avons foi dans un << Idéal de Justice, de Beauté, de Bonté et de Vérité ».

« Le Dr Monprofit fut de ceux qui avaient foi dans cet Idéal de Justice et de Bonté. L'injustice, sous toutes ses formes, le révoltait, et toutes les causes justes trouvaient en lui un défenseur passionné. Surtout, il pratiqua la bonté, et nombreuses sont les infortunes qu'il secourut, en laissant souvent ignorer l'origine des secours de toute nature qu'il distribuait autour de lui.

«Pour beaucoup d'entre nous, le Dr Monprofit fut un ami aussi adressons-nous à sa mémoire un souvenir ému et reconnaissant. >>

M. le Président annonce la mort de M. le comte de la Frégeolière, qui avait été élu récemment membre correspendant de notre Compagnie, à qui la Revue de l'Anjou vient de consacrer une intéressante notice.

M. Xavier de Pétigny de Saint-Romain, lieutenant colonel de cavalerie, présenté par MM. Bodinier, HuaultDupuy et Planchenault est admis comme membre titulaire.

La parole est donnée à M. l'abbé DELAUNAY pour la lecture d'une communication intitulée : Volney et l'Amérique.

L'idée de cette communication a été suggérée à M. l'abbé Delaunay par la lecture d'une conférence sur Chateaubriand voyageur, donnée en 1914 au Cercle du Luxembourg par notre regretté collègue, M. Louis Hogu. Elle a été lithographiée récemment.

L'œuvre de Volney semble de plus en plus vouée à l'oubli. Les Ruines, qui furent, lors de leur publication, un véritable « délit social », trouveraient difficilement un lecteur aujourd'hui. La méditation guindée sur les restes de Palmyre nous apparaît en quelque façon

comme la Prière sur l'Acropole du xvIIIe siècle finissant. Pourtant le Voyage en Egypte et en Syrie, qui dénote un observateur sagace, devint presque classique.

Ayant goûté l'amertume des luttes politiques et cherché en vain «< la paix agricole » en Corse, Volney s'embarqua pour l'Amérique en 1795 pour chercher, sans grand enthousiasme, chez un « peuple libre », l'asile de paix dont l'Europe ne lui offrait plus l'espérance. Il fut déçu. Son Tableau du climat et du sol des Etats-Unis d'Amérique, publié en 1803, fait connaître une partie des remarques qu'il amassa durant un séjour de près de trois ans. L'auteur ne se croyait pas la liberté de dire tout ce qu'il pensait sur les mœurs et les institutions, qui traversaient à ce moment une crise. Tout en critiquant sans sérénité le peintre d'Atala, il sait aussi apercevoir certains traits du « Génie américain », que rappelait naguère en Sorbonne le professeur Woodbrige Kiley.

Après avoir fréquenté, dans les salons de Paris, Franklin et Jefferson, Volney était allé découvrir l'Amérique. Le président John Adams et le Dr Priestley se chargèrent de faire tomber plusieurs de ses illusions. En relisant certaines pages de notre compatriote, nous pouvons avec mélancolie leur trouver quelque saveur d'actualité.

Cette communication est vivement applaudie; et M. le Président, se faisant l'interprète de la Société, remercie M. l'abbé Delaunay de la part importante qu'il ne cesse de prendre aux travaux de notre Compagnie.

A son tour M. SACHÉ, qui, dès que son nom figure à l'ordre du jour de nos séances, groupe autour de lui de nombreux auditeurs, donne lecture d'une étude des plus intéressante sur R.-P.-G. Nicolas Morainville (17591807), ex-chanoine de Saint-Martin de Tours, devenu fonctionnaire municipal à partir de 1794 comme commissaire de police d'Angers, puis fonctionnaire de l'Etat, de 1798 à 1799, en qualité de commissaire du Directoire exécutif près l'administration municipale du canton d'Angers. Agent zélé, travailleur acharné, mais d'esprit médiocre, il représente le type de ces républicains doctrinaires, imbus des príncipes de Rousseau et de La Réveillère-Lépeaux, poursuivant en toute occasion d'une haine active les prêtre assermentés et les royalistes. Il murut fidèle à ses idées, adoptées déjà par lui au temps où il était chanoine, dans sa maison du fa ibourg SaintNicolas.

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