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jusqu'à 50 ans, 1.000 livres jusqu'à 70 ans, et 1.200 livres après 70 ans. »

Un autre décret du 20-26 mars concerne l'application des précédentes dispositions législatives : « Les officiers municipaux se transporteront dans toutes les maisons de religieux de leur territoire, s'y feront représenter tous les regisres et comptes de régie, les arrêteront, et formeront un résultat des revenus et des époques de leurs échéances. Ils dresseront un état et description sommaire de de l'argenterie, argent monnayé, des effets de la sacristie, bibliothèques, livres, manuscrits, médailles, et du mobilier le plus précieux de la maison, en présence de tous les reli-. gieux, à la charge et garde desquels ils laisseront les dits objets, et dont ils recevront les déclarations sur l'état actuel de leurs maisons, de leurs dettes mobilières et immobilières, et des titres qui les constatent. Les officiers municipaux dresseront aussi un état des religieux profès de chaque maison, avec leur nom, leur âge et les places qu'ils occupent. Ils recevront la déclaration de ceux qui voudront s'expliquer sur leur intention de sortir des maisons de leur ordre ou d'y rester, et ils vérifieront le nombre des sujets que chaque maison religieuse pourrait contenir. »

En exécution de ce dernier décret, la municipalité de Doué-la-Fontaine se présenta au Couvent des Récollets, le 30 avril 1790.

Le couvent, fondé en 1602, n'avait plus que six religieux prêtres et deux frères. Voici les déclarations qu'ils firent, les uns après les autres, aux officiers municipaux :

Jean Goulfault, dit le P. Timothée, né à Doué, le 21 avril 1741, gardien : « Je désire rester dans la maison des Récollets de Doué, en cas qu'elle soit composée de religieux Récollets de la province, sans que cette déclaration puisse préjudicier au droit qui m'est accordé de sortir quand je le jugerai à propos. »

Le Père Benin Letourneux, 46 ans, définiteur et vicaire « Je ne puis me résoudre à prendre un parti définitif sans connaître auparavant l'organisation des maisons religieuses qui seront conservées et les moyens que prendra, dans sa sagesse, l'Assemblée Nationale pour calmer les inquiétudes bien fondées de ceux qui abandonneraient légèrement leur vocation. Provisoirement je suis déterminé à vivre dans mon ordre, tant que sa conservation ne sera point jugée contraire au bien public, auquel doivent céder toutes les autres considérations. >>

Charles-Michel Toché, dit le P. Agapit, né à Angers,. en 1725; Claude Petit, né le 10 février 1740; Georges Esnault, dit le P. Séverin, né à La Flèche, en mars 1740 et ordonné prêtre le 16 juin 1764; Pierre-Julien Chatelain, dit le P. Bernardin, né à Vernoil-leFourrier, le 10 novembre 1751; Pierre-François Restiveau, né le 13 février 1748, frère convers, et enfin Isidore Bordier, né en 1763, lui aussi frère convers, répondirent tous que leur intention était de sortir des maisons de leur ordre et de jouir de la pension accordée par l'Assemblée Constituante (Archives de la mairie de Doué).

Le 30 août 1790, le district de Saumur se rendit, à son tour, aux Récollets de Doué Goulfault, Letourneux, ainsi que les deux frères convers, déclarent qu'ils veulent rester; les quatre autres disent qu'ils veulent sortir.

Le 9 mars 1791, la municipalité envoya l'argenterie du couvent au district de Saumur, et le 4 avril suivant eut lieu la vente du mobilier.

En sortant de son couvent (mars 1791) Jean Goulfault se retira à la Chapelle-sous-Doué. Le 19 mai, il écrivait, de cette paroisse, au district de Saumur, qu'il accepterait volontiers la cure de la Chapelle, le curé insermenté devant sortir prochainement. C'est le 27 novembre 1791 que les électeurs du district de

Vihiers le nommèrent curé constitutionnel de SaintGeorges-Châtelaison. En renonçant, devant la municipalité, à toute fonction ecclésiastique, le 12 février 1794, il s'exprima ainsi : « Moi, Jean Goulfault, curé constitutionnel de cette commune de Saint-GeorgesChâtelaison, je déclare n'avoir point mes lettres de prêtrise; je les ai laissées chez le curé de Lué, le 11 juin 1793, de crainte d'en être trouvé nanti par l'armée des brigands de la Vendée, qui était déjà maîtresse de Saumur et autres paroisses circonvoisines; mais la déclaration que je fais de cesser tout exercice des fonctions du culte, équivaut à leur remise ». Vers 1798, Goulfault quitta Saint-Georges pour aller demeurer à Tancoigné. En 1800, il alla exercer le culte constitutionnel à Denezé-sous-Doué. Quand, au mois de décembre 1802, le curé concordataire arriva pour prendre possession, Goulfault refusa de lui céder la place, et il fallut l'intervention du préfet Nardon pour l'obliger à déguerpir. Il mourut prêtre habitué à Doué, en 1805, réconcilié avec l'Eglise.

Le Père Benin Letourneux dut quitter le couvent de Doué lors de sa fermeture, en mars 1791, et ne reparut plus en Anjou.

Corde

Charles-Michel Toché prêta, serment liers d'Angers, le 23 janvier 1791, et pendant plus de deux ans, remplit les fonctions de prêtre auxiliaire à Soulaire. A la fin d'avril 1791, il écrivit au procureur général syndic : « Je vous supplie de recevoir nos plaintes (celles du curé Silvestre et les siennes) contre le nommé Renou, ex-vicaire de Soulaire, aristocrate et fanatique outré. Depuis un long temps il ne cesse de troubler l'esprit des paroissiens, persuadant à la plupart de ne pas fréquenter leur église, qui est polluée et profanée, leur dit-il, aussi bien que le cimetière. D'après lui, tous ceux qui ont prêté serment, sont excommuniés, pour avoir renoncé à la vraie

religion et au Pape, qui va envoyer, de Rome, le grimoire et leur faire courir le garou, transformé en différentes espèces de bêtes féroces qui causeront les ravages les plus terribles. Quoique ces contes soient dépourvus de bon sens, ils sont cependant tellement dans la croyance, que la plupart des vieilles femmes simples et autres courent de maison en maison comme folles et en séduisent un grand nombre. Ce séducteur les menace du refus d'absolution, s'ils fréquentent ceux qui viennent à l'église, sur laquelle il leur défend de jeter même leurs regards, étant quelquefois obligés de passer auprès. Aidé du jeune curé de Bourg (Dutertre), il leur a fait faire la communion pascale avant le temps, soit dans l'église de Bourg, soit dans une chapelle ruinée où, de temps mémorial, on ne dit plus la messe, ce qu'il a osé faire le jour de Pâques (24 avril). Pour leur donner plus grande horreur des prêtres assermentés, il leur dit qu'ayant perdu par notre apostasie le caractère sacerdotal, nous ne pouvons consacrer et que nous ne distribuons que du pain non consacré dans la communion que nous faisons faire. Ceci n'est qu'un abrégé des atrocités qu'il débite et auxquelles nous vous prions de mettre un prompt obstacle. Si Renou n'est pas chassé de Soulaire, il est à craindre qu'il n'aille causer du trouble dans les autres paroisses ». Toché quitta Soulaire en 1793, pour venir à Angers. Le 17 août de cette année, il mandait au président du département : « Rendu à la vie civile et jouissant, par le bienfait de la nation, de l'honnête liberté pour laquelle le Créateur nous donna l'être et à laquelle, sans l'avoir jamais goûtée, je renonçai dès l'âge de 16 ans, j'ai cru ne pouvoir mieux témoigner ma reconnaissance qu'en me rendant utile, selon mon état. J'ai été près de trois ans prêtre auxiliaire de la paroisse de Soulaire où j'ai passé de tristes jours, surtout dans les malheureuses affaires du curé de ce lieu, y étant, en son

absence, vice-gérant. Aujourd'hui, je me vois obligé de quitter et de me réfugier à Angers, ma patrie, avec l'agrément du sieur évêque. A la Saint-Jean (1793), je courus risque d'être maltraité par les brigands (Vendéens), excités qu'ils furent par les aristocrates paysans qui y sont en grand nombre. Je ne dus mon salut qu'à la fuite. Le jour de la Saint-Jean (fête d'obligation), la paroisse manqua de messe, le curé ayant fui le premier et étant allé joindre l'armée. Je suis donc déterminé à quitter cette terre ingrate et à me réfugier sous votre ombre. Qu'il me soit permis, je vous supplie, de récriminer contre le faux citoyen Crochet, maire de Soulaire, qui, pour la seconde fois, faute d'autre qui puisse le remplacer, m'a vomi des sottises atroces en plein bureau, homme depuis fort longtemps soupçonné d'incivisme et qui, au seul bruit de la venue des brigands, fit de son chef abattre l'arbre de la liberté et obligea la marguillière de donner un morceau d'aube ou surplis, pour faire le drapeau qu'il fit arborer par un couvreur au pignon de l'église. Je me vois, à regret, obligé de vous porter mes justes plaintes et de vous faire savoir ma sortie de ce lieu. Je vous prie d'ordonner à Crochet de faire replanter cet arbre ou un autre d'égale grosseur et hauteur, et au lieu du drapeau blanc qu'il avait fait arborer, d'en faire mettre un tricolore, national, de grandeur ordinaire, à ses dépens, à sa honte et à la terreur des faux patriotes du lieu, et je le tiens quitte de ses sottises. J'ai l'honneur de vous écrire la présente de SaintNicolas des Capucins, où je suis présentement auxiliaire, sous l'agrément du sieur évêque et du citoyen Taillebuis, curé ». (L. 364). Enfin, le 25 novembre 1793, Toché adressa au président du département la déclaration suivante, datée de Saint-Nicolas de Reculée « Reçois la plus forte preuve de mon zèle : patriotique, après le serment solennel que je prêtai en 1791. Ce sont mes lettres de prêtrise, dont j'exerçai les

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