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cloches dont deux petites dans la première, et deux moyennes relativement aux deux autres dans la seconde; à la suitte le choeur des religieux, contenant trente stales avec une boiserie autour, quatre grands tableaux au-dessus. A l'entrée une rampe de fer à hauteur d'apui, un aigle de cuivre au milieu et une grande porte de fer pour passer à la nef. Derrière le chœur l'autel de St Maur, dans la nef égallement deux autels et deux tableaux suspendus au mur. »

L'inventaire des papiers et des meubles eut lieu le 8 mai 1790 et le récollement du 23 au 26 août 1790. Le Prieur Jean-François Bretel et ses quatre religieux se prêtent à l'exécution des décrets de l'Assemblée nationale et se disent tous «<< jaloux de donner des preuves de leur dévoûment à la chose publique ».

Ils livrent leurs registres capitulaires, au nombre de six, qui furent emportés au secrétariat du District. Ils semblent perdus.

On pèse les objets d'argent et d'argent doré de la Sacristie « et il s'en est trouvé 29 marcs de ce qui a pu en être pesé, ce qui fait a raison de 48 L le marc, la somme de 1392 L. »

« Sont restés à peser le ciboire; le bâton de chantre et la croix auxquels..... l'on n'a pû donner de valeur certaine par la raison que le Ciboire renferme les hosties, qui n'ont pu être déplacées, et que le bâton de chantre et la croix sont garnis en bois. »>

Le 25 août, on constate que le catalogue de la bibliothèque, qui comprenait 3.625 volumes, « avait été fait avec sincérité, à l'exception de quelques livres au nombre de 173 de différents formats et d'ouvrages divers. »

Afin que personne n'ignore de ses sentiments, voici la lettre que le Prieur Dom Bretel, âgé de 55 ans, écrivait le 14 novembre 1790 aux Administrateurs du District de Saumur :

« Tous les droits que vous avez sur la maison de

St Maur sont dans nos cœurs. Nous ne pouvons conséquemment qu'applaudir aux vues honnêtes et patriotiques qui vous guident. Animés du même esprit, nous ne trouverons jamais de gêne en tout ce qui pourra être utile à la nation pour laquelle nous aurons toujours le plus parfait dévoûment. Je puis même dire avec vérité que nous en sommes au désir de le lui prouver efficacement à l'occasion. Il peut s'en présenter de jour à autre, et la maison est vaste et grande assez pour en tirer bien des partis. Ne la ménagez point, je vous prie. Disposez en toutes fois et quantes, mais daignez ménager les honnêtetés dont vous nous comblez par continuation, sans quoy nous vous supplions de vouloir agréer la continuation de la reconnaissance de ceux qui se font un devoir comme un plaisir d'être extrêmement soumis à ce que vous jugerez à propos de faire et d'ordonner..... »

Le 31 juillet 1791, « les effets..... dépendant de la cy devant communauté de Saint-Maur » étaient embarqués sur le bateau de René Rouilleau à destination du District de Saumur. Ainsi que l'indique « l'état »> 'dressé par l'administrateur Robert, qui mentionne par deux fois le tabernacle d'ébène avec son christ d'ivoire, tout fut entassé pêle-mêle, reliquaires, objets de culte, ornements, statues, couverts d'argent, cuillers à café. Seul un reliquaire n'est pas mentionné aux inventaires Le petit ange d'argent soutenant la relique de Ste Anastasie.

Le 4 août 1791, Pierre Dufresne, chef du bureau du Contentieux au District de Saumur, faisait transporter dans une boîte de bois, clouée, ficelée et cachetée, au bureau de la Messagerie de Saumur, l'argenterie de la maison des Bénédictins de Saint-Maur-sur-Loire. Il y avait 50 marcs, 6 onces, 6 gros d'argenterie et 13 marcs, 5 onces, 6 gros d'argenterie dorée, ce qui faisait en tout 64 marcs, 5 onces, 6 gros. La caisse fut remise à un sieur Cochon, à destination de la monnaie de

Nantes. Le directeur Thomas en délivra reçu le 23 août 1791. Ce récépissé fut envoyé par le procureur général syndic du département de la Loire-Inférieure Letourneux au procureur syndic de Saumur, le 22 septembre 1791.

<< L'inventaire alphabétique par cartes des livres de la Bibliothèque de St Maur » fut dressé par René Vilneau, «< commissaire à l'enlèvement des livres et tableau des émigrés » et terminé le 29 thermidor an II. « Les cartes de cet inventaire ont été envoyées à la Commission d'instruction publique. » Une copie remplit un cahier de 40 pages en grand papier.

Les bons municipaux de Saint-Maur avaient hâte d'être débarrassés de ce bagage encombrant, comme en témoigne une de leur lettre du 4 pluviose, an II. Ce n'est pas sans tristesse que l'on voit disperser à l'aventure des objets rappelant de si vénérables souvenirs. Puisse ma modeste communication empêcher de les oublier tout à fait !

LOUIS DELAUNAY.

NOTES

SUR

Quelques Marques de Potiers d'étain

D'ANGERS

Les collectionneurs sont souvent en butte aux supercheries des marchands de curiosités, surtout à notre époque, où l'on exécute des copies de pièces anciennes avec une perfection décevante et pour lesquelles on arrive à imiter la patine que les ans ont donnée.

Il faut donc être très averti pour échapper au danger de voir une collection quelque peu intéressante disqualifiée par une pièce élégante en soi, mais d'une authenticité plus que douteuse.

Aussi est-il intéressant de signaler à l'attention tous les détails qui permettent d'identifier, de fixer la date, ou de prouver indiscutablement le bon aloi d'une pièce.

La fabrication de la vaisselle au Moyen-âge occupait en général trois corps de métiers : les potiers de terre, qui travaillaient la glaise; les potiers d'étain, encore appelés pintiers parce que la fabrication des mesures à liquide était de leur ressort, fondaient, d'un alliage d'étain et de plomb, assiettes, gobelets, pots et plats. Enfin les orfèvres exécutaient cette même vaisselle en métaux précieux, or ou argent.

Les potiers d'étain, dont l'histoire a été écrite d'une

façon trop sommaire à mon avis par M. de Villiers dans un article de la Revue de l'Anjou, de 1879, n'apparaissent dans l'histoire des corps de métiers d'Anjou qu'à la fin du xve siècle.

Leurs statuts prim itifs ne datent, en effet, que de 1487. En 1676, ils en obtinrent la refonte. Ils furent modifiés une troisième fois en 1777.

Entre autres dispositions de ces statuts, notons simplement que de quatre années, au xve siècle, la durée de l'apprentissage obligatoire est réduite à trois années en 1676, ce qui fut maintenu en 1777.

On sait que tous les statuts des corps de métiers ont été établis dans le but d'assurer l'honnêteté professionnelle. Ceux des potiers d'étain n'y manquèrent point.

L'article VI dit : « Quand aucun ouvrier sera créé Maistre du dit Mestier, il sera tenu, avant toute œuvre, bailler à Justice en la présence d'iceux Jurés au dit mestier, le patron et la forme de son marc, dont il voudra user et marquer son ouvrage, dont les dits Jurez en auront autant par devers eux, à ce qu'il ne puisse denier son marc ni son ouvrage et plustot ne sera reçeu à user de ditte Maistrise. »

Avec la vogue toujours croissante de la vaisselle d'étain qui prit place sur tous les dressoirs un peu cossus, on ne tarda pas à appliquer à ces ouvriers les mêmes règles qu'aux orfèvres et le 21 novembre 1642 un procès-verbal de la Sénéchaussée d'Angers constate la présentation de « trois tables d'étain, fondues au titre indiqué pour servir d'étalon à toute la province et marquées de marques de divers potiers », lesquels étaient au nombre de treize.

A la refonte des statuts en 1676, on introduisit les dispositions suivantes, lesquelles furent conservées dans le troisième remaniement en 1777: « Seront les dits maistres par chef d'œuvre ou de Prince tenus de frapper leurs marcs sur les tables d'étain, que servent

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