Page images
PDF
EPUB

croient pas à la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie, et qu'ils sont biens-aises d'accoutumer les catholiques à n'y pas croire, ou de leur insulter dans leur croyance.

10°. La profanation des temples catholiques par les francs-maçons, ne doit pas étonner ceux qui savent qu'il n'y a point, à leurs yeux, de sainteté réelle , qu'elle ne git que dans l'opinion ou dans l'imagination; c'est pourquoi, dans l'ordination de l'écossais, on ne bénit pas ses mains, on les lui fait seulement laver en signe de pureté. Toute la sainteté des loges et des mystères maçonniques dépend du mot Jéhova qui, étant un nom abstrait, ne renferme qu'une idée abstraite qui n'a de réalité nulle part. Il en est de ce mot comme de celui d'animal en général, d'homme en général, qui n'existe point. Ainsi Jéhova signifiant, dans le sens maçonnique, l'être en général, celui qui les renferme tous, celui dont ils tirent leur origine, ne présente à l'imagination qu'une idée vague, semblable à celle que Spinosa avait inventée. C'est, au sens des francs. maçons, l'âme du monde, l'âme universelle répandue partout, qui anime et qui vivifie tout, mais dont la réalité substantielle n'est en aucun lieu. C'est de ce principe que nos savans concluent qu'il n'y a point de Dieu que l'on doive craindre après la mort, et qu'ils se tranquillisent sur leur sort futur. Le corps, disent-ils disent-ils, tombe en dissolution à la mort, et l'âme se réunit à cette âme universelle, l'assemblage de toutes les perfections, dont ils regardent la leur comme faisant partie. Ce système, si commun aujourd'hui, est le renversement de toute religion et de tout sentiment moral; c'est une des raisons pour lesquelles on voit aujourd'hui si peu de mœurs, un égoïsme si général, une si grande insouciance sur son état futur, une si grande indifférence pour la religion, un relâchement si général dans les mœurs, une recherche si étudiée

des douceurs de la vie présente, un abandon si universel aux passions charnelles.

11o. Il est donc évident que c'est à la franc-maçonnerie que l'église de France doit imputer la désolation où elle est réduite, qui est telle qu'elle n'en a jamais éprouvé de pareille. Non contente d'attaquer ses mystères, sa doctrine, sa foi, ses maximes, elle a relâché tous les liens de la société détendu tous les ressorts du gouvernement, essayé tous les moyens de perversion, et corrompu jusqu'au germe du bien et de la vertu.

12o. Le mal que la franc-maçonnerie a produit, est d'autant plus grand, qu'il n'a laissé rien d'intact; que le crime est devenu plus hardi et la vertu plus timide; que les enfans le sucent presqu'avec le lait que la jeunesse est plus indisciplinée; que les principes des mœurs sont reçus avec plus d'indifference, et que les instituteurs mettent moins d'intérêt à les enseigner, depuis que leurs élèves se sont fait une habitude de les enfreindre.

13°. Dans un désordre si général, c'est à l'église de France à voir, dans sa sagesse, quels moyens elle doit employer pour arracher ses enfans au schisme, à l'oubli de la religion, à l'hérésie, à l'impiété et à tous les crimes qui souillent la génération présente, et qui étendront leurs ravages sur les générations futures.

14°. J'aurais pu dévoiler tout ce que la francmaçonnerie a de dangereux dans ses principes et ses maximes, et faire connaître à tous ceux et celles qui se sont engagés dans cet ordre fameux, combien ils se sont rendus criminels envers Dieu, envers leur patrie, envers eux-mêmes: mais dans ce moment où l'on est inondé de brochures et de papiers, on ne peut pas soutenir la lecture d'un ouvrage volumineux. Il suffit d'avoir indiqué la source du mal; ceux qui y ont participé, peuvent se juger

au tribunal de leur conscience, et prévenir un jugement plus redoutable.

[merged small][ocr errors][ocr errors]

1

LA FRANC-MAÇONNERIE VEUT RENVERSER LE TRÔNE, COMME

ELLE A RENVERSÉ L'AUTEL.

Ce n'est pas seulement par ses principes de liberté et d'égalité, c'est encore par ses actions et ses entreprises de toute espèce, que la franc-maçonnerie veut renverser toute autorité, qui ne sera pas assujétie à la sienne : car elle en a une qui est bien étendue et bien redoutable. Quoiqu'un maçon ne parle que de liberté et d'égalité, quoiqu'on lui fasse quitter tout titre et toute décoration pour se contenter du cher nom de frère, cependant en loge, quand elle tient, il éprouve toute la rigueur du despotisme. La seule chose qui paraît l'adoucir, c'est le jugement de ses frères. Quand le grand-maître parle, il faut nécessairement obéir, ou s'attendre à une sévère pénitence. Mais tout est doux en loge, et de la part du vénérable et du très-puissant maître tout est dur et insupportable de la part d'un roi et d'un souverain dans ses états.

Les francs-maçons, qui abolissent tout ordre de chevalerie nationale, ne touchent pas à ceux qu'ils ont érigés sous le nom de chevaliers de Jérusalem, de chevaliers de l'orient, de chevaliers de l'épée, de chevaliers kadosch, de chevaliers de l'aigle, de chevaliers templiers. On en sent bien la raison : ils ne désarment que ceux dont ils appréhendent la résistance; ils arment. au contraire, ceux qui peuvent soutenir leur cause et défendre leur parti. Voulant détruire la royauté, ils ont cassé tous les corps

qui paraissaient en être l'appui; ils ont attaché le mépris à toutes les récompenses reçues pour services rendus au roi ; ils ont aboli les titres et les honneurs qui servaient à décorer le trône et à en relever l'éclat; ils ont enchaîné la puissance royale; et s'ils accordent le titre de roi au chef suprême de la nation, ce n'est que comme un titre de fonctions, tel, à peu près, qu'est celui du grand-maître, qui change selon les grades qu'il administre, et auxquels il préside. Ce titre, il le tient de ses frères, qui peuvent le lui ôter en le déposant, ou Je lui perpétuer selon leur volonté, mais qui est toujours dépendant de la volonté de ceux qui l'accordent Voilà comme on voudrait que le roi fût roi, un roi de théâtre, un roi par fonction, un roi amovible selon la volonté de ceux qui l'auraient choisi; enfin, pour le dire en deux mots, un roi

macon.

Le tous les ordres de chevalerie maçonne, celui qui me parait le plus dangereux, c'est celui de chevalier templier ou chevalier kadosch; parce qu'il fournit, dans ses malheurs et ses principes, tout ce qui peut animer un chevalier maçon à la vengeance. Les principes de cet ordre sont les mêmes que ceux de la franc-maçonnerie, dont quelques-uns prétendent qu'elle a hérité de Fordre des templiers; ses malheurs sont aussi ceux de cet ordre, qui a succombé sons la rigueur de la persécution, ou plutôt de la punition qu'on lui a fait essuyer pour ses crines. Cet ordre des templiers avait été fondé en 1118, par Hugues de Paganis, Godefroi de Saint-Amour et sept autres frères, pour défendre les pélerins chrétiens contre la cruauté des infidèles. Ces chevaliers firent les trois vœux de chasteté, d'obéissance et de pauvreté, entre les mains de Guarimond, patriarche de Jérusalem; et Baudoin If, roi de cette cité, leur donna un logement auprès du temple, d'où ils prirent le nom de templiers ou de cheva

liers du temple. Le concile de Troyes, en 1128, chargea saint Bernard de leur donner une règle : il leur donna celle de saint Benoît, mitigée. Le pape Eugène III, en 1146, leur prescrivait de porter une croix rouge sur leur habit blanc. Depuis cette époque, le nombre des templiers, leurs maisons et leurs richesses s'accrurent considérablement; mais ces richesses leur devinrent funestes. On leur reprocha l'orgueil, l'avarice, l'impureté, l'ivrognerie on les accusa, dans la cérémonie de leur réception, de renoncer à Jésus-Christ, de cracher sur la croix, d'adorer la figure du soleil, et de baiser le grand-maître indécemment à plusieurs parties du corps.

Tous ces crimes furent dévoilés par un chevalier nommé Squin, et Philippe-le-Bel, roi de France, obtint de Bertrand de Got, pape sous le nom de Clement V, qu'il serait procédé contre les tem→ pliers. Les informations commencèrent en 1306 et furent continuées, dans toute la chrétienté, jusqu'en 1312. Alors le concile de Veinne prononça l'abolition de cet ordre, et lui défendit de recevoir des novices.

Le grand-maître des templiers était alors Jacques de Molai il avoua d'abord, et nia ensuite la corruption de son ordre. Quelques templiers en convinrent, et d'autres persistèrent, jusqu'à la mort, à nier tout ce qu'on imputait à leur ordre. Plusieurs furent absous, et d'autres brûlés. Leurs biens furent en partie confisqués pour indemniser les puissances catholiques des frais qu'il avait fallu faire pour finir ce procès; et on en donna une grande partie à l'ordre de Malte.

Les exécutions contre les coupables commencèrent en France, et furent continuées en Espagne, en Italie, en Angleterre, en Allemagne, en Chypre. Cependant tous les templiers ne furent pas mis à mort, plusieurs se soutinrent quelque temps à

« PreviousContinue »