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pères du Concile de Trente, Sess. 25, chap. 20; et ce qu'avait fortement auparavant bien déclaré l'empereur Charlemagne dans ses capitulaires, tit. I, chap. 2, où après avoir prescrit à tous ses sujets l'observation des ordonnances ecclésiastiques, il ajouta ce qui suit «< Car nous ne pouvons concevoir com>>ment peuvent nous être fidèles ceux qui se sont » montrés infidèles à Dieu et à ses prêtres. » C'est pourquoi, enjoignant aux présidens et ministres de tous ses domaines, d'obliger tous et chacun en particulier à rendre aux lois de l'église l'obéissance qui leur est dûe, il ordonna des peines très-sévères contre ceux qui y manqueraient. Voici ses mots entr'autres « Ceux qui en ceci (ce qu'à Dieu ne >> plaise!) seront trouvés négligens et désobéissans, » qu'ils sachent qu'il n'y a plus d'honneurs pour >> eux dans notre empire, fussent-ils même nos en>> fans, plus de place dans notre palais, plus de >> société ni de communication avec nous ni les nô» tres, mais ils seront sévèrement punis. >>

§. X. Nous voulons qu'on ajoute aux copies des présentes même imprimées, signées de la main d'un notaire public, et scellées du sceau d'une personne constituée en dignité ecclésiastique, la même foi que l'on ajouterait aux présentes, si elles étaient représentées et montrées en original.

§. XI. Qu'il ne soit donc permis à aucun homme d'enfreindre ou de contrarier, par une entreprise téméraire, cette bulle de Notre confirmation, renovation, approbation, commission, invocation, réquisition, décret et volonté. Si quelqu'un se présume de le faire, qu'il sache qu'il encourra l'indignation du Dieu Tout-Puissant, et des bienheureux apôtres S. Pierre et S. Paul.

Donné à Rome, à Sainte Marie-Majeure, l'an de l'Incarnation de Notre-Seigneur M. DCC. LI,

le xv des Calendes d'avril, la XI. année de notre pontificat.

Signé D. Card. PASSIONEUS.

J. DATARIUS.

Visa de Curiá,

J. C. BOSCHI.

J. B. EUGENIUS.

Enregistré à la secrétairie des Brefs.

Publié le 28 du même mois et de la même année.

S. 2.

LETTRES APOSTOLIQUES DE S. S. LÉON XII, QUI CONDAMNENT LES SOCIÉTÉS SECRÈTES (1).

LEON, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, pour la mémoire perpétuelle de la chose.

Plus sont grands les désastres qui menacent le troupeau de Jésus-Christ notre Dieu et Sauveur, plus doit redoubler, pour les détourner, la sollicitude des pontifes romains auxquels, dans la personne de saint Pierre, prince des apôtres, ont été conférés le pouvoir et le soin de conduire ce même troupeau. C'est à eux, en effet, comme étant placés au poste le plus élevé de l'église, qu'il appartient de découvrir de loin les embûches préparées par les ennemis du nom chrétien pour exterminer l'église de Jésus-Christ (ce à quoi ils ne parviendront jamais); c'est à eux qu'il appartient, tantôt de signaler aux fidèles ces embûches afin qu'ils s'en gardent, tantôt de les détourner et de les dissiper de leur propre autorité.

(1) Cette traduction est celle qu'à donnée l'Ami de la Religion et du Roi, telle qu'elle se trouve dans le conservateur Belge, ouvrage périodique qui s'imprime à Liége, chez Ve Duvivier et fils.

Les pontifes romains nos prédécesseurs, ayant compris qu'ils avaient cette grande tâche à remplir, Veillèrent toujours comme de bons pasteurs, et s'efforcèrent par des exhortations, des enseignemens, des décrets, et en exposant même leur vie pour le bien de leurs brebis, de réprimer et de détruire entièrement les sectes qui menaçaient l'église d'une ruine complète. Le souvenir de cette sollicitude pontificale ne se retrouve pas seulement dans les anciennes annales ecclésiastiques, on en trouve d'éclatantes preuves dans ce qui a été fait de nos jours et du temps de nos pères, par les pontifes romains, pour s'opposer aux associations secrètes des ennemis de Jésus-Christ; car Clément XII, notre prédécesseur, ayant vu que la secte dite des francs-maçons, ou appelée d'un autre nom, acquérait chaque jour une nouvelle force, et ayant appris avec certitude, par de nombreuses preuves, que cette secte était non-seulement suspecte, mais ouvertement ennemie de l'église catholique, la condamna par une excellente constitution qui commença par ces mots : In eminenti, et qui fut publiée le 28 avril 1738. (Suit la teneur de la bulle.)

Cette bulle ne parut pas suffisante à notre prédécesseur d'heureuse mémoire, Benoît XIV; car le bruit s'était répandu que Clément XII étant mort, la peine d'excommunication portée, sa bulle était sans effet, puisque cette bulle n'avait pas été expressément confirmée par son successeur. Sans doute il était absurde de prétendre que les bulles des anciens pontifes dussent tomber en désuétude, si elles n'étaient pas approuvées expressément par leurs successeurs, et il était évident que Benoît XIV avait ratifié la bulle publiée par Clément XII. Cependant, pour ôter aux sectaires jusqu'à la moindre chicane, Benoît XIV publia une nouvelle bulle commençant ainsi Providas, et datée du 18 mars 1751; dans cette bulle il rapporta et confirma textuellement et

de la manière la plus expresse celle de son prédécesseur. (Suit la teneur de la bulle de Benoit XIV.)

Plût à Dieu que ceux qui avaient alors le pouvoir en main eussent su apprécier ces décrets autant que l'exigeait le salut de la religion et de l'état! Plût à Dieu qu'ils eussent été convaincus qu'ils devaient voir dans les pontifes romains, successeurs de saint Pierre, non-seulement les pasteurs et les chefs de l'église catholique, mais encore les plus fermes appuis des gouvernemens, et les sentinelles les plus vigilantes pour découvrir les périls de la société ! Plût à Dieu qu'ils eussent employé leur puissance à combattre et à détruire les sectes dont le siége apostolique leur avait découvert la perfidie! Ils y auraient réussi dès-lors; mais soit que ces sectaires. aient eu l'adresse de cacher leurs complots, soit que, par une négligence ou une imprudence coupable on eût présenté la chose comme peu importante et devant être négligée, les francs-maçons ont donné naissance à des réunions plus dangereuses encore et plus audacieuses.

On doit placer à leur tête celle des carbonaris, qui paraîtrait les renfermer toutes dans son sein, et qui est la plus considérable en Italie et dans quelques autres pays. Divisée en différentes branches et sous des noms divers, elle a osé entreprendre de combattre la religion catholique et de lutter contre l'autorité légitime. Ce fut pour délivrer l'Italie, et spécialement les états du souverain pontife, de ce fléau qui avait été apporté par des étrangers dans le temps où l'autorité pontificale était entravée par l'invasion, que Pie VII, notre prédécesseur d'heureuse mémoire, publia une bulle le 13 septembre 1821, commençant par ces mots : Ecclesiam à JesuChristo. Elle condamne la secte dite des carbonari sous les peines les plus graves, sous quelque déno-mination et dans quelque pays qu'elle existe. (Suit la teneur de cette bulle.)

Il y avait peu de temps que cette bulle avait été publiée par Pie VII, lorsque nous avons été appelés, malgré la faiblesse de nos mérites, à lui succéder au saint siége. Nous nous sommes aussitôt appliqués à examiner l'état, le nombre et la force de ces associations secrètes, et nous avons reconnu facilement que leur audace s'était accrue par les nouvelles sectes qui s'y sont rattachées. Celle que l'on désigne sous le nom d'Universitaire a surtout fixé notre attention; elle a établi son siége dans plusieurs universités, où des jeunes gens sont pervertis au lieu d'être instruits par quelques maîtres, initiés à des mystères qu'on pourrait appeler des mystères d'iniquités, et formés à tous les crimes.

De là vient que, si long-temps après que le flambeau de la révolte a été allumé pour la première fois en Europe par les sociétés secrètes, et qu'il a été porté au loin par ses agens, après les éclatantes victoires remportées par les plus puissans princes et qui nous faisaient espérer la répression de ces sociétés; cependant leurs coupables efforts n'ont pas encore cessé; car, dans les mêmes contrées où les anciennes tempêtes paraissaient apaisées, n'a-t-on pas à craindre de nouveaux troubles et de nouvelles séditions que ces sociétés trament sans cesse ? Ny redoute-t-on pas les poignards impies dont ils frappent en secret ceux qu'ils ont désignés à la mort? Combien de luttes terribles l'autorité n'a-t-elle pas eu à soutenir malgré elle, pour maintenir la tranquillité publique!

On doit encore attribuer à ces associations les af

freuses calamités qui désolent l'église, et que nous ne pouvons rappeler sans une profonde douleur : on altaque avec audace ses dogmes et ses préceptes les plus sacrés, on cherche à avilir son autorité, et la paix dont elle aurait le droit de jouir, est nonsculement troublée, mais on pourrait dire qu'elle est détruite.

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