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culte des Saints, la dignité de la hiérarchie ecclésiastique.

Il résulte de tout ce qui s'est passé en France, de la part des protestans, qu'ils ont juré la ruine de la religion chrétienne. Ceux de Montauban ont projeté de chasser de la ville tous les malheureux catholiques; ceux de Nismes ont fait une guerre cruelle aux prêtres et aux catholiques. Le comité secret du club des jacobins était presqu'en entier composé de protestans; et c'est dans ce club que se sont faites les motions les plus opposées aux principes catholiques.

Les francs-maçons ont fait l'impossible, auprès de l'assemblée nationale, pour renverser de fond en comble le dogme et la morale de la religion catholique; et ils ont réussi en partie. La constitution française est le résumé des clubs, où dominent les francs-maçons; elle a été dirigée par le marquis de Condorcet et ses adhérens, et il est le grand docteur de la franc-maçonnerie; le duc d'Or.... grand-maître de toutes les loges de France, a épuisé sa fortune pour établir ce grand ouvrage. Une foule d'écrivains, ennemis de la religion chrétienne, ont prêté leurs plumes, et vomi des blasphèmes contre ce qu'elle a de plus saint; des officiers municipaux ont forcé les tabernacles sacrés, en ont tiré les ciboires encore pleins d'hosties, avec des mains profanes, et ont entassé, dans leur voiture et sous leurs pieds, ciboires, calices, ostensoirs, en prononçant des blasphèmes impies. Que sont tous ces hommes d'iniquité? Des déistes, des phiosophes, des francs-maçons, qui veulent tout réunir sous le drapeau de la liberté de religion, et de la liberté de gouvernement.

Ils ne disent pas ouvertement qu'ils ne veulent pas se soumettre à des mystères religieux qui ne sont pas les leurs, qu'ils rejettent la foi en Jésus-Christ, et qu'ils veulent abolir sa religion; mais ils enlèvent

les instrumens de son culte; ils font fermer les églises où le peuple avait coutume de s'assembler pour prier son Dieu et son Sauveur; ils poursui-vent ses ministres; ils font servir la force publique, qui est entre leurs mains, à faire déserter ses temples; n'est-ce pas agir comme s'ils avaient abjuré leur religion, comme s'ils voulaient l'effacer de tous les cœurs? Les membres de l'assemblée nationale voient toutes ces insultes et ces profanations, et ils ne les empêchent pas il semble que l'assemblée nationale ne conserve son activité, que pour protéger les protestans et leurs ministres; elle veut donc aussi renverser la religion chrétienne? Il suffit, pour s'en convaincre, de suivre pas-à-pas les démarches des membres de cette assemblée, et de ceux qu'elle a mis en mouvement.

Ils ont eu l'adresse de diviser le clergé catholique pour le détruire plus aisément. Les pasteurs du second ordre, dont l'assemblée s'était servie pour affaiblir l'autorité des premiers pasteurs, ont été chassés de leurs places, comme les autres l'avaient été de leurs siéges. Un fatal serment a mis le trouble dans toutes les consciences, il a ébranlé tous ceux dont la foi était faible et les a fait tomber; les églises ont perdu leurs pasteurs légitimes, qui ont été remplacés par des intrus déshonorés par leur ignorance on leurs vices. Les brebis ont changé de bercail, et n'ont plus été nourries dans les mêmes pâturages; les églises saintes ont été abandonnées; un schisme affreux a divisé le plus beau royaume de l'Europe; le père s'est armé contre le fils, la fille contre la mère, l'époux contre l'épouse; tous les sentimens de la tendresse et de la confiance ont été étouffés; de grands scandales ont affligé les âmes pieuses; la persécution a atteint les personnages les plus respectables; les asiles de la religion et de la vertu ont été violés; on s'est joué de la pudeur d'un sexe faible; on a violé les lois de l'honneur et de l'honnê

teté. L'assemblée nationale en a eu connaissance, et n'a pas réprimé ces désordres; on l'a accusée, avec fondement, de les avoir excités et autorisés, et d'avoir couvert les campagnes des cendres des châteaux de ceux qui lui refusaient leurs applaudissemens; elle n'a pas empêché le sang des citoyens de couler.

Elle n'a couvert de son égide que les protestans, les juifs, les déistes, les francs-maçons, les philosophes tous les autres ont été persécutés. Elle a dépouillé les églises consacrées au vrai Dieu; elle en a diminué le nombre; elle y a fait installer, à main-armée, des ministres que la religion et la vertu désavouaient; elle a permis qu'on professât en sa présence l'irréligion, et qu'on en empruntât le langage; elle a même ordonné qu'on accordât les honneurs de la religion du vrai Dieu à ceux qui avaient blasphémé son saint nom, ou qui s'étaient joué de ses décrets immuables.

Une conduite si analogue à celle des francs-maçons, et si conforme à leurs principes, annonce évidemment qu'ils n'ont pour but que de détruire la religion chrétienne; que l'assemblée nationale les appuie de toute son autorité pour y réussir, et pour substituer, à la place, une religion emblématique, qui réunit toutes les secies, et qui se propose d'assujétir ainsi l'univers entier au système qu'elle professe, et qu'on retrouve dans les différens grades qu'elle a imaginés, pour en imposer plus facilement à des hommes qui se laissent prendre par les yeux, pendant que les adeptes se contentant d'une religion métaphysique et s'élevant au-dessus des modes et des formes, n'adorent en Dieu qu'un être abstrait sans réalité, dans lequel, en suivant les leçons du divin Platon, ils réunissent tous les attributs que nous concevons dans la divinité. Cette grande découverte ne diffère du système de Spinosa, que par la manière dont elle est présentée; quant au fond, c'est absolument la même chose, puisqu'ils conduisent l'un et l'autre à l'athéisme.

$ 6.

LA FRANC-MAÇONNERIE VEUT ÉTABLIR LA RELIGION na

TURELLE.

JAMAIS les francs-maçons n'ont montré plus d'indifférence pour la religion, qu'aujourd'hui; juif, protestant, luthérien, tout est admis dans leur société, les déistes, les athées mêmes n'en sont pas exclus. La religion qu'ils professent, s'accommode de tous les systèmes, s'étend à tous les individus, et adopte, sans répugnance, toutes les rêveries du paganisme. Pour en donner une preuve authentique, il faudrait analyser ici les cartes maçonniques, qui renferment tout ce que Platon, Manès, Pythagore, les rabbins, les gnostiques ont imaginé sur l'origine des êtres; sur les perfections de Dieu; sur les puissances actives et passives du soleil et de la lune, de l'homme et de la femme, qui sont l'emblème de la nature; sur l'origine des idées; sur la manière dont se forme les abstractions, et on aurait, en évidence, le système philosophique actuel, le monde idéal, sur lequel est fondée l'irréligion de nos jours, et qui nous conduira bientôt à aneantir toute idée de Dieu, tout sentiment de piété, et même toute espèce de religion. Car je prétends que lorsque nous serons bien convaincus du système de Spinosa, tel que nos philosophes l'ont travaillé, il n'y aura plus de religion que pour les âmes faibles. Mais en attendant que cette science secrète soit mise au grand jour, dévoilons une grande vérité maçonnique, que l'on communique aux adeptes, dont on a éprouvé la force d'esprit. Nous allons voir, dans le grade du soleil, que pour conduire à

l'irréligion et à l'abolition de tous les cultes, la franc-maçonnerie ne recommande que la religion naturelle. Il sera facile de rapprocher, si l'on veut, les principes de la maçonnerie de ceux des sociniens et d'en voir l'accord.

GRADE DU CHEVALIER DU SOLEIL.

La loge de chevalier du soleil ne doit être éclairée que par une seule lumière, attendu qu'il n'y qu'une dont le monde tire sa clarté, de même qu'il n'y a qu'une seule loge qui est celle qu'Adam reçut de Dieu.

Ces principes sont sociniens: les hérétiques rejètent l'inspiration du Saint-Esprit, la manifestation du Verbe divin, et ne reconnaissent qu'un seul Dieu, représenté par une seule lumière. La loge que Dieu donna à Adam, est le monde entier.

Dans ce grade, le maître est appelé Adam; le maître des cérémonies qui tient lieu de surveillant, s'appelle Vérité, les frères se nomment Chérubins. On ne porte point de tabliers. Adam porte un sceptre, au bout duquel est un globe, parce qu'il fut constitué premier roi du monde créé et père de tous les hommes. La Vérité porte un bâton blanc, au bout duquel est un oeil d'or; et outre son collier, un cordon blanc de droite à gauche, au bout duquel pend, à une rosette, un oeil d'or. Le bijou de l'ordre est un collier, dans lequel est un soleil d'or, au milieu du triangle de même métal, suspendu à une chaîne d'or.

Pour ouvrir la loge, Adam demande au frère Vérité, le temps qu'il fait.

Réponse. est minuit sur la terre, et le soleil est en son midi en cette loge.

Voilà une réponse bien flatteuse pour ceux qui ne sont pas franc-maçons; ils sont dans les ténèbres, pendant que la lumière luit comme en plein midi dans la loge.

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