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d'enquête réussit par l'effet de son zèle, de son exactitude, de son impartialité, par l'emploi des moyens de persuasion, à émouvoir le cœur des criminels les plus endurcis, à y réveiller les remords et à les amener à de libres et sincères aveux. La haute cour de justice embrassant ce grand procès dans toute l'étendue de son importance politique, dans tous ses caractères, dans toutes ses gradations vient de le conduire au terme indiqué par les lois.

C'est ainsi qu'a disparu, grâces à l'unanime accord de tous les bons et fidèles russes, et dans un court espace de temps, un fléau qui, avec d'autres moeurs, auraient opposé une longue résistance. Les tristes événemens qui ont troublé la paix intérieure de la Russie sont passés, et, nous aimons à l'espérer de la miséricorde divine, ils sont passés sans retour. Dans les voies impénétrables du Tout-Puissant qui du sein des malheurs fait sortir les prospérités, ces événemens peuvent même encore tourner au bien général.

Puissent maintenant les pères porter toute leur attention sur l'éducation morale de leurs enfans! Ce n'est, certes, point aux progrès de la civilisation mais à la vanité qui ne produit que le désouviement et le vide de l'esprit, mais au défaut d'instruction réelle, qu'il faut attribuer cette licence de la pensée, cette fougue des passions, ces demi-connaissances si confuses et si funestes, ce penchant aux théories extrêmes et aux visions politiques, qui commencent par démoraliser et finissent par perdre. En vain le gouvernement fera-t-il de généreux efforts, en vain s'épuisera-t-il en sacrifices, si l'éducation domestique ne seconde son action et ses vues, si elle ne verse dans les cœurs tous les germes de la morale.

Dans cette carrière comme dans les autres, c'est la noblesse, ce boulevard du trône et de l'honneur national, qui est appelée à servir de modèle. Tous

les soins qu'elle accordera au perfectionnement d'une éducation indigène, consacrée à la Russie et donnée dans son sein, nous inspireront autant de satisfaction que de reconnaissance. Devant la noblesse, s'ouvrent dans notre patrie toutes les voies de l'honneur et du service public. La justice, les armées, les diverses branches de l'administration intérieure, tout réclame des agens zélés et capables, tout dépend de leur choix.

Que toutes les classes de citoyens accordent donc la même confiance au gouvernement. Dans les empires où l'amour du souverain et le dévoûment au troue sont pour les peuples un besoin et un sentiment héréditaire, où la vigueur de l'administration s'allie à la nationalité des lois, les efforts de la malveillance seront toujours insensés, toujours stériles. Ils pourront se cacher dans l'ombre; mais dès que le grand jour les frappera, ils se briseront devant les lois et l'indignation publique. Dans une telle organisation de l'état, chacun peut se fier à la solidité de l'ordre, à la garantie des biens et des personnes, et tranquille sur le présent, porter vers l'avenir un regard plein d'espérance. Ce n'est point par des entreprises téméraires et toujours destructives, c'est d'en haut, c'est par degrés que s'opèrent les vraies améliorations, que se comblent les lacunes, que se réforment les abus. Dans cette marche de perfectionnemens graduels, tout sage désir du mieux toute pensée tendante à l'affermissement des lois, à la propagation des véritables lumières, au développement de l'industrie, qui nous sera communiquée par les voies légales ouvertes à tous, ne pourra qu'être accueillie par nous avec gratitude, car nous, ne formons, nous ne pouvons former d'autre vœu que celui de voir notre patrie atteindre le plus haut point de prospérité et de gloire qui lui soit marqué la divine Providence.

par

Enfin, dans la ferveur même de ce vœu que par

tagent tous nos sujets et dans l'espoir de son accomplissement, notre sollicitude particulière se reporte encore sur les familles infortunées que le crime a privées de quelques-uns de ses membres. Pendant tout le cours de ce procès, nous nous sommes associés à leur affliction, et nous nous hâtons de les assurer qu'à nos yeux, les liens de famille transmettent la gloire des ancêtres à leurs descendans peuvent faire rejaillir la honte d'un crime isolé. Quiconque oserait en tirer un motif de reproche enfreindrait les lois humaines, et plus encore les préceptes de notre sainte religion. Signé, NICOLAS. Tsarkoé-Sélo, le 13 juillet 1826.

mais ne

SECTION VIe.

RÉVÉLATION D'UN FRANC-MAÇON AU LIT DE LA MORT.

(Nous garantissons que la pièce suivante a été remise par un franc-maçon mourant à un de ses amis, avec autorisation d'en faire l'usage qu'il jugerait convenable. M. de Haller, en ayant eu connaissance, s'est chargé d'y ajouter quelques notes explicatives (1) qui serviront en même temps d'antidote au poison, et pourront peut-être dessiller les yeux à plus d'un frère égaré ou trompé.)

(1) Dans les autres éditions que l'on a données de cet ouvrage, on a jugé à propos d'y faire quelques retranchemens. Pour nous, nous avons cru que l'on devait respecter l'ouvrage de M. de Haller et donner ses notes en entier, telles qu'elles ont paru dans le Mémorial Catholique.

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Cet ordre sublime et immortel fut fondé par un homme illustre, dont la postérité s'est répandue sur toute la surface du globe et doit lui associer un jour tous les citoyens. Son nom s'est rendu célèbre par toute la terre, et chez toutes les nations les plus policées comme les plus sauvages on lui dresse des autels.

Combien de choses ont été inventées par lui pour le bonheur, l'agré ment et l'utilité des hommes! Si notre société était en quelque chose funeste à l'homme, de ce mal même il en tirerait plus de lustre et d'avantage en un mot, sa justification est dans le bien général qu'elle procurera à tout le genre humain.

Il fallait un génie aussi vaste que le sien pour y réussir et pour y dis siper tout-à-coup la nuit qui environnait les hommes, et, en les sortant de leurs ténèbres, leur faire discerner la vérité à travers les ombres qui la couvrent. Il faut donc perpétuer les moyens que ce grand homme nous a légués, et travailler sans cesse à les soutenir et à les faire fructifier jusqu'à l'exécution surprenante qui, en étonnant l'univers par la plus terrible, mais la plus heureuse des métamorphoses, satisfera, jusque dans le tombeau, la gloire de ce sage ennemi des rois.

Nous avons vu cette métamorphose ou plutôt cette catastrophe, terrible il est vrai, mais, au dire de ses partisans mêmes, rien moins qu'heureuse. Remarquez, au reste, comme dès le principe ce prétendu sage avoue qu'il est l'ennemi des rois, de ces rois que tous les anciens philosophes appelaient au contraire les fondateurs, les pères et les bienfaiteurs des peuples. Nous verrons au surplus que la sagesse maçonnique ne se borne pas à faire la guerre aux rois, mais qu'elle embrasse dans la même

(1) Nous remarquons, en outre, que la devise, NATURE, UNION, FORCE, se trouve avec les emblèmes de la maçonnerie sur les écus de cinq francs de la république.

(2) Ceci signifie, en caractères maçonniques, les préceptes, doctrines & obligations des illuminés,

haine tous les supérieurs secondaires, puisqu'après avoir fait disparaître le premier anneau de la chaîne, ces supérieurs seraient eux-mêmes des rois.

Nous devons donc, par tous les moyens, chercher à réunir ensemble et dans les mêmes vues, et sous le titre spécieux de la fraternité, une infinité de personnes, sans que la diversité de penchans, de caractère ou de religion y apporte aucun obstacle.

Une politique admirable répandue dans nos doctrines doit l'animer, la soutenir et l'étendre non-seulement sur nos frères associés, mais encore sur tous les Habitans du monde, sans même perdre de vue les plus féroces et les plus sauvages que l'Afrique et l'Amérique renferment dans leur sein.

Cette doctrine sublime, qui est l'âme de la société et qui en vivifie tous les membres, n'est autre chose que le principe naturel, que cette loi que le nature a gravée dans tous les cours, et qui doit toujours être la base de toutes nos actions, liberté, égalité.

Admirable doctrine! isolement universel, dénuement général, affranchissement de tout devoir et de tout secours, égalité de misère : voilà ce qui doit être l'âme de la société et en vivifier tous les membres. Nous avons cru jusqu'ici que le ciment de la société humaine était au contraire le service réciproque, la dépendance mutuelle, produite par la diversité naturelle et salutaire des moyens et des besoins. La Liberté et l'égalité, voilà donc le secret de la maçonnerie, comme elle est depuis trentecinq ans le cri de guerre de tous les jacobins, prétendus libéraux, carbonari, etc. Et puis qu'on vienne encore nous dire que la maçonnerie n'est pour rien dans la révolution. Pour nous, nous croyons au contraire que toute révolution moderne n'est autre chose que la maçonnerie devenue souveraine. L'inquiétude, les efforts, les commotions plus ou moins fortes qui précèdent une telle révoTution ne sont que le travail des loges pour s'emparer du pouvoir souverain. Leurs actes, quand elles ont obtenu ce pouvoir, révèlent les secrets des francs-maçons et les mettent en pratique.

Nous devons mettre tout candidat, le jour de sa réception, au fait de ces principes, qu'on lui fait toujours envisager néanmoins sous le jour de l'agrément et de l'utilité publique, et à proportion de l'intelligence, du penchant et de la pénétration qu'il fait apercevoir.

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