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Tout ce que les Mesmer, les Swedemborg, les St.-Martin, les St.-Germain, les Schroepffer, les Cagliostro, les Lavater, etc. promettent, c'est de prolonger la vie naturelle, de donner de l'or et de l'argent, d'apprendre des secrets de magie, de nécromancie, de révéler la science de la nature, de vous mettre en rapport avec l'air, le fluide électrique, magnétique, animal; enfin, avec les astres et les planètes, et de vous donner des convulsions, des spasmes, des visions; mais quand tous ces docteurs de mensonge donneraient tout ce qu'ils promettent, pourrait-on de bonne foi le comparer avec les biens et les avantages qu'on est sûr de trouver dans la religion chrétienne; je ne dis pas seulement dans l'ordre civil, naturel et social, mais dans l'état privé, dans l'intérieur des familles, dans le secret de son cœur.

Je n'ignore pas pourquoi les philosophes ont jeté une si grande défaveur sur les Livres Saints, sur les vertus qu'ils enseignent, sur les biens qu'ils promettent. Si ces livres sacrés étaient lus par les chrétiens, dans les dispositions, avec le respect que l'on doit apporter dans la lecture des vérités divines, pourrait-on ne pas concevoir le plus grand mépris, l'indignation la plus forte, contre toutes les productions de la philosophie moderne, qui corrompt toutes les moeurs, qui dissout toutes les autorités, qui rompt tous les liens, qui combat toutes les vérités divines et surnaturelles, qui dénature toutes les vertus, qui détruit toute mortalité, qui ouvre la porte à tous les vices, qui sanctifie tous les crimes, qui permet tous les brigandages, qui désole la surface de la terre, et plonge dans les larmes et les gémissemens, les âmes honnêtes et les cœurs vertueux ? Quel contraste entre les livres philosophes, révoltans par les blasphèmes, les impiétés et les principes affreux qu'ils renferment, et des livres divins qui ne respirent partout que l'amour

du prochain; qui parlent des choses divines, de manière à nous les faire aimer, désirer; de manière à faire naître dans notre coeur, le sentiment le plus vif de reconnaissance et d'amour, pour celui qui nous les a révélées, qui nous en promet la jouissance, qui nous enseigne à nous en rendre dignes. Ces livres sont vraiment faits pour l'homme, et sont les seuls capables de lui donner des instructions morales, familières, sublimes, éloquentes, persuasives. Ce sont les seuls livres, dans la lecture desquels nous puissions nous consoler, nous instruireet nous réformer. Ils nous apprendront à faire un bon usage des maux qui nous affligent, ils nous en montreront la cause et le remède, ils nous représenteront que c'est à l'école de la Sagesse divine, que l'on reçoit les leçons de la vraie philosophie, que l'on apprend les vérités utiles, les seules capables d'éclairer l'homme et de le rendre heureux. En nous instruisant, ils nous rappelleront les principes de douceur, de charité, de désintéressement et de générosité, qui paraissent si méconnus parmi nous; mais dont la pratique peut seule nous rendre la paix, la tranquillité, qui se sont éloignées de nous depuis si long-temps.

C'est à l'aide de ces Saints Livres, que la vraie religion peut se rétablir, que la crainte de Dieu peut opérer un changement salutaire dans les cœurs, que la pratique des vertus chrétiennes peut être mise en honneur, que le vice peut exciter l'horreur et l'indignation, que les gens de bien peuvent être regardés comme les anges de la terre, et les impies comme des fléaux qui la désolent.

Qu'il est à craindre que les maux qui font déserter la France, ne soient jamais réparés, si ses habitans refusent de reconnaître que la main invisible qui les frappe, ne les a affligés, appauvris, que pour les punir d'avoir abandonné le Seigneur, d'avoir abjuré sa religion, renoncé à son culte,

340 CONJURATION CONTRE LA RELIGION CATHOLIQUE.

méprisé ses préceptes, pour se repaître des fausses espérances dont l'impiété des philosophes les enivre, et s'attacher à des charlatans et des empiriques, à des visionnaires et à des illuminés que l'enfer semble avoir suscités pour faire la guerre à Dieu, lui enlever l'empire qui lui appartient sur toutes les créatures, et faire cesser les hommages que l'on rendait en tous lieux à son Saint Nom. Réfléchissez-y, Français ! bientôt vous n'aurez plus de Dieu, de roi, de religion, de patrie, de morale, de vertus, de fortune, de ressources, si vous continuez à ajouter foi à ceux qui vous trompent, qui sont les artisans de vos malheurs, et qui ne seront satisfaits que lorsque la corruption et le désordre de vos familles, ne vous laisseront d'autres ressources à vos maux, que le désespoir de ne pouvoir y remédier.

DES

SOCIÉTÉS SECRÈTES

Modernes.

TROISIÈME PARTIE.

SECTION Ire.

DES SOCIÉTÉS SECRÈTES EN GÉNÉRAL ET DU REMÈDE QU'ON

DOIT LEUR OPPOSER.

SI.

DES SOCIÉTÉS SECRÈTES EN GÉNÉRAL.

ON a souvent considéré les sociétés secrètes sous un point de vue trop étroit pour se former une juste idée de ce qu'elles sont dans le monde. On les a envisagées seulement comme des institutions particulières, que des circonstances font naître, que d'autres circonstances détruisent; tandis qu'au fond elles ont une cause perpétuellement subsistante, et ne sont point des accidens, mais des résultats nécessaires. Depuis l'origine, il y a toujours eu

dans le monde deux principes, dont le combat perpétuel est la raison première de tous les événemens qui composent l'histoire du genre humain. La vérité et l'erreur, c'est-à-dire le bien et le mal, se disputent l'empire de la terre; et ces deux principes. sont dans la nature de la société humaine, parce qu'il y a dans l'homme deux principes, l'un bon, l'autre mauvais. Lorsque l'un de ces deux principes domine dans la société publique, l'autre se retranche dans des sociétés secrètes, pour y réorganiser ses forces, et reconquérir la puissance; et même il peut arriver que l'un et l'autre aient recours en même temps à ce moyen, lorsqu'à certaines époques ils luftent avec un pouvoir à peu près égal, dans la société publique.

Comme il existe deux sociétés, la société religieuse et la société politique, les associations secrètes ont un but relatif à l'une et à l'autre, et presque toujours à toutes les deux, à cause de la liaison nécessaire de l'ordre religieux et politique. Toutefois, certains hommes, qui ont des intérêts et des besoins communs ont pu s'unir par les liens d'une association secrète, pour se reconnaître et se rendre des services mutuels mais, en général, ces sortes d'associations ne tardent pas à être conduites par les sociétés qui s'occupent de religion et de politique, et finissent presque toujours par y rentrer.

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L'histoire de ces sociétés se divise en trois grandes époques les associations mystérieuses de l'antiquité, celles du moyen âge, et enfin celles des tenips modernes.

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Quoique les sociétés secrètes de l'antiquité ne soient plus pour nous qu'un objet d'érudition, nous leur consacrerons cependant quelques recherches, parce qu'on peut en tirer des lumières utiles sur l'organisation et l'influence des associations occultes; et nous puiserons nos renseignemens dans des ouvrages peu connus, et dont plusieurs méritent de

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