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homme. Selon Socin et les unitaires, le Saint-Esprit n'est pas Dieu et bien loin d'admettre trois personnes en Dieu, Socin n'en voulait qu'une seule qui était Dieu. Il regardait comme des rêveries le mystère de l'Incarnation, la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie, l'existence du péché originel, la nécessité d'une grâce sanctifiante. Les Sacremens n'étaient, à ses yeux, que de pures cérémonies établies pour soutenir la religion du peuple. La Tradition apostolique n'était point, à ses yeux, une règle de foi; il ne reconnaissait point l'autorité de l'église pour interpréter les Saintes Ecritures. En un mot, la doctrine de Socin est renfermée dans deux cents vingt-neuf articles, qui ont tous pour objet de renverser la doctrine de Jésus-Christ.

Quand Socin mourut, en 1604, sa secte était si bien établie, qu'elle obtint, dans les diètes de Pologne, la liberté de conscience. Mais elle essuya des revers en Hongrie, en Hollande et en Angleterre, où sa doctrine fut jugée abominable, et où on refusa de l'admettre. Cependant les troubles qui survinrent en Angleterre, sous Charles Ier. et Cromwel, donnèrent occasion aux déistes, aux sociniens et à toutes sortes d'hérétiques, de prêcher publiquement leur doctrine. Ce fut une ressource pour les sociniens qui avaient perdu leur faveur en Pologne, et qui furent fort heureux de pouvoir s'associer aux indépendans, qui formaient alors un grand parti en Angleterre. La ressemblance des principes des quakers et des sociniens, les unit d'une manière particulière, sans que les épiscopaux ou les presbytériens pussent l'empêcher. En 1690, lors de la descente de Guillaume de Nassau, en Angleterre, les sociniens se réunirent encore aux non-conformistes pour conserver leur existence, sous le nouveau gouvernement; car il est à remarquer que cette société n'a jamais été soufferte en Angleterre, que par le moyen de ses associations; jamais elle n'a

pu obtenir d'avoir un enseignement public, ni un culte particulier, tant ses principes ont toujours révolté.

Il est aisé de comprendre pourquoi les francs-maçons n'ont jamais osé reconnaître, en public, leur véritable origine, ou professer leurs maximes aux yeux de la société. S'ils s'étaient montrés à découvert pour ce qu'ils sont, nul état catholique n'aurait pu les souffrir dans son sein. Voilà pourquoi ils s'enveloppent sous le voile des mystères et des symboles, et ne se font connaître qu'à des hommes qu'ils ont liés à leurs systèmes par des sermens horribles, et qu'ils ont éprouvés long-temps, avant de leur rien révéler d'essentiel.

Pour se donner un air religieux, ils ont emprunté les symboles d'une religion figurative, et ont cherché ainsi à en imposer aux gens peu réfléchis. Il est question de révéler aujourd'hui leur grand secret, et de les faire connaître pour ce qu'ils sont. On verra alors s'il n'y a point de secret dans la franc-maçon. nerie, comme plusieurs affectent de le répandre; si ce n'est qu'une société de gens qui se réunissent pour s'amuser, ou si cette société doit devenir universelle, et le modèle de toutes celles qui sont autorisées par les gouvernemens de l'Europe. Je sais que depuis long-temps nos philosophes s'occupent à donner, aux sociétés maçonnes, toute la perfection dont la philosophie est capable. M. de Condorcet a fait un projet de code, composé en partie sur les codes rédigés, en 1779, par l'assemblée des maçons, qui suivent le système de la franc-maçonnerie rectifiée. M Béguillet, avocat, a composé six discours sur la haute maçonnerie, pour initier les maçons dans les principes de la haute philosophie, dont on donnait des leçons aux mystères d'Euleusis et d'Isis. Le premier discours roule sur les œuvres du grand architecte, dans la création de l'uni vers, et le second sur l'harmonie des sphères et la

grande chaîne des êtres. C'est un abrégé des idées de Platon sur l'harmonie, et de celles des gnostiques, des valentiniens et des premiers hérétiques qui mélaient des idées religieuses avec les principes de la philosophie orientale. Le troisième discours traite de l'histoire maçonnique dans les trois derniers, il s'occupe des grades, des symboles, des réglemens, des devoirs et des plaisirs des francsmaçons. Enfin, l'auteur de l'Essai sur la FrancMaçonnerie a donné le plan sur lequel toutes les loges pourraient être organisées, qu'il croit capable et de de réunir toutes les sectes de franc-maçons, faire cesser la division des loges; mais comme il suppose l'étude des hautes sciences, et la pratique des devoirs les plus exacts de la vie civile, il ne peut convenir qu'à un petit-nombre de francs-madu çons, c'est-à-dire, aux philosophes et aux gens monde bien élevés; mais tous ces plans, bien loin de contredire l'origine que nous donnons à la francmaçonnerie, ne font, au contraire, que la confirmer, comme nous le prouverons dans la suite.

§ 2.

DES LOGES MAÇONNIQUES ET DE LEUR RÉgime.

'APRÈS avoir expliqué l'origine de la f...-m.'., et défini ce que c'est qu'un franc-maçon, il convient de donner une idée du régime de cette société, non pas tout-à-fait d'après les loges bâtardes ou mal organisées, mais d'après les idées des plus grands maîtres, et le plan de la maçonnerie rectifiée.

Le nom de loge se donne, tant à l'assemblée des francs-maçons qu'au lieu où ils sont assemblés. Ils n'en ont point de fixe, parce que tout franc

maçon se regarde comme cosmopolite, et que la maçonnerie, étant un ouvrage spirituel, au jugement de ses instituteurs, elle n'exige pas absolument de lieu pour se former.

<< La longueur d'une loge, dit l'auteur de l'Essai » sur la Franc-Maçonnerie, s'étend de l'orient à » l'occident. Sa largeur est du septentrion au midi >> sa hauteur est de coudées sans nombre. >>

;

Il s'ensuit que l'univers entier ne forme qu'une seule loge, que toutes les loges sont sœurs, et tous ceux qui s'y rassemblent frères; qu'elles doivent toutes tendre au même but; mais, comme elles ne peuvent pas toutes être également instruites, il doit nécessairement y avoir des loges écoles et des loges institutrices; des loges dirigeantes et des loges dirigées, et, par conséquent, des frères qui instruisent et des frères qui écoutent. Telle est l'échelle graduée des loges maçonnes.

On choisit ordinairement, pour tenir loge, un endroit où il y ait trois chambres de plein pied, à différentes expositions; l'une au levant, l'autre au midi, et la troisième au septentrion. Mais pour plus grande commodité, quand le local le permet, on fait son possible pour se procurer sept pièces une anti-chambre; 2°. une chambre de préparation; 3o. deux salles de loges; 4°. un garde-meuble; 5o. une chambre d'archives; 6o. un appartement pour le gardien de la loge.

1o.

Dans l'antichambre, est une armoire pour y renfermer les bijoux, les habillemens, et tous les petits ustensiles de la loge. La chambre de préparation est très-petite les salles des loges sont proportionnées au nombre des frères-maçons; celle des apprentifs et des compagnons est plus grande que celle des maîtres; mais, autant qu'il est possible, elles ont en longueur le tiers en sus de leur largeur; ainsi, une loge de dix-huit pieds de largeur, doit en avoir vingt-quatre de longueur. La

porte d'entrée de chacune de ces salles, est én face de la place du vénérable. La chambre des archives contient les cartons et papiers de la loge, ses lettrespatentes constitutives, l'état de son mobilier, les rituels et les registres des différens grades, et les livres nécessaires. Le garde-meuble renferme les gros meubles.

11 y a dans une loge trois dignitaires, savoir un chef, avec le titre de vénérable, et deux surveillans; il y a trois officiers, l'orateur, le garde-dessceaux et des archives et le trésorier. Il y a trois gradués, l'élémosinaire, le maître des cérémonies et l'économe. La loge inspectée par un commandeur ou par un de ses représentans.

Non-seulement la loge est composée de ces officiers, elle l'est encore des apprentifs, des compagnons, des maîtres; des maîtres parfaits ou écossais, et des architectes ou écossais parfaits, que l'on nomme aussi chevaliers maçons. L'apprentif maçon est le frère qui s'est fait initier dans les premiers mystères de la franc-maçonnerie, pour en étudier le but, les secrets et les mystères. Le compagnon est celui qui, étant suffisamment instruit des mystères de la franc-maçonnerie dont on lui a développé la doctrine dans l'apprentissage maçonnique, est admis et initié au grade ultérieur nommé compagnonnage. Les maîtres maçons sont ceux qui, ayant passé par les deux premiers grades, sont reçus dans l'ordre de la franc-maçonnerie, pour travailler sous la direction des architectes, dont le nom indique qu'ils sont les principaux ouvriers maçonniques. Le maître parfait possède l'art des travaux maçonniques, en a la surintendance et jouit de l'honneur qui y est attaché.

Malgré la liberté et l'égalité que les maçons professent dans leurs loges, ils ont des frères servans qui sont gardiens extérieurs des temples de la maçonnerie. Ce mot de temple a été donné aux logos

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