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pendant séparée, puisqu'on la répète seule dans toutes les grandes cérémonies et aux grandes fêtes de l'ordre. C'est un composé de ce qui se passa à Emmaüs, lorsque Jésus-Christ se fit connaître à deux de ses disciples, et de la pâque des juifs; c'est la cène à la manière des protestans, et une commé– moration de la passion de Jésus-Christ, ou pour mieux dire, c'est une cérémonie maçonne, toujours mêlée de signes allégoriques, auxquels on fait signifier tout ce qu'on veut, et sous lesquels, on cache les mystères de l'ordre.

CÉRÉMONIE DE la table des chEVALIERS DE ROSE-CROIX.

APRÈS les dernières acclamations, qui précèdent la fermeture du chapitre, le très-sage donne ordre aux deux derniers chevaliers reçus, d'aller tout préparer pour le festin.

C'est, comme on le voit, une allusion à la commission que Jésus-Christ donna à deux de ses apôtres, de lui préparer la salle où il devait faire la dernière pâque avec ses apôtres (Math. 27, 18.

Les deux chevaliers Rose-croix vont aussitôt dans l'appartement destiné à cette cérémonie: ils dressent une table, la couvrent d'une nappe, servent dessus un pain de froment dans un plat, entre trois bougies, et à côté le mot Inri écrit sur un morceau de papier.

Après cette opération, ils viennent rendre compte au très-sage, que tout est préparé pour la cérémonie. Alors, il sort en silence du chapitre, suivi de tous les frères; ils se retirent d'abord à l'écart, dans un lieu où ils déposent les boucles de leurs souliers, et mettent ceux-ci en pantoufle.

Le chevalier dernier reçu, présente à tous les frères un roseau, au moins de six pieds de haut, ensuite tous suivent le très-sage en grand silence,

à l'appartement du banquet mystique. Tous sont têtes nues, à l'exception du très-sage.

Lorsque tous les chevaliers sont entrés, le trèssage, placé entre les deux surveillans, frappe et avertit que le souverain chapitre reprend son cours et sa force, les surveillans le répètent, puis on fait la procession; c'est-à-dire que tous les frères ayant le très-sage à leur tête, font sept fois le tour du chapitre en commençant par le midi; le très-sage s'arrête ensuite en face de l'orient, et fait cette prière :

« Souverain créateur de toutes choses, qui pour>> vois aux besoins de tous, bénis la nourriture cor◄ >> porelle que nous allons prendre, qu'elle soit pour » la plus grande gloire et sanctification de tous les

» frères. Amen. »

Tous les frères étant rangés autour de la table sans observer de rang, le très-sage prend le pain, en rompt un morceau on le passe aux frères qui en font autant. Ensuite le chevalier dernier reçu prend une coupe pleine de vin qu'il pose sur la table devant le très-sage; celui-ci fait dessus le signe de Rose-croix, et après l'avoir portée à sa bouche, il la passe au frère qui est à sa droite, en faisant l'attouchement et disant Emmanuel. A quoi on répond Pax vobis. La coupe ayant fait le tour, revient au très-sage, qui verse dans le feu ce qui peut rester de vin, et renverse la coupe pour montrer à toute l'assemblée qu'elle est vide; puis il prend le papier, l'allume à une des bougies et le laisse consumer dans la coupe, fait le signe de bon pasteur et dit consummatum est. Ensuite il dit, à l'ordre, mes frères; la paix soit avec vous tous répondent, ainsi soit-il, et retournent en silence remettre leurs boucles à leurs souliers, après quoi le très-sage ferme le chapitre.

Cette cérémonie qui a l'air d'une cène protestante ou plutot zuinglienne, est à la fois une dérision

du sacrifice de la croix, et une espèce de protestation contre l'accomplissement des prophéties. Quand Jésus-Christ prononça sur la croix consummatum est, tout est consommé, il avait alors en vue toutes les volontés de son Père, tous ses desseins, toutes les figures et toutes les prophéties dont il avait été l'objet. Le sens de ces paroles est changé par l'application que les francs-maçons font au mot INRI. auquel ils n'attachent pas le même sens que les catholiques, comme nous l'avons fait voir plus haut.

Les voyages, qu'ils font autour du chapitre avec un grand roseau et en sandales, ont l'air de tout ce qu'on veut, soit du voyage des disciples à Emmais, soit même de ceux de Jésus-Christ dans la Judée. On peut dire que toutes ces momeries, qui n'ont aucun sens déterminé approuvé par l'église, sont très-repréhensibles.

Quant à la communion sous les deux espèces rétablie chez les francs-maçons, selon la forme zuinglienne, ou selon une secte d'hérétiques qui subsistent dans l'orient, des chrétiens catholiques ne peuvent y participer, quoiqu'on dise pour excuser les interprétations que cette matière fait naître à tout le monde, qu'on représente cette cérémonie, comme une commémoration de la passion de JésusChrist, ou comme la figure du repas d'Emmaüs, ou comme une cène. Elle est blâmable à tous égards, et ceux qui y ont participé, ont certainement abjuré leur religion dans le sens de ceux qui out inventé cette cérémonie, car elle n'a pu être inventée à autre fin.

La prière du très-sage rapporte tout à la gloire, et à la sanctification des frères. On peut donc en conclure, que, puisque cette nourriture doit sanctifier ceux qui y participent, la prière, qui est prononcée pour opérer cette sanctification par un ministre qui n'a point de caractère, est certainement illusoire, et ne peut avoir l'effet des prières catholiques.

Pour mieux connaître l'esprit de cette cérémonie, il est nécessaire de faire attention aux réglemens suivnsa, et d'en peser les articles.

1o. La principale fète est le Jeudi-saint. Donc la cérémonie de la cène du Rose-croix est une commémoration de celle de Jésus-Christ. On ne pourra s'exempter de tenir chapitre ce jour-là; et si, dans un endroit, il n'y avait qu'un chevalier, il devrait absolument sanctifier ce jour-là, en observant les cérémonies d'usage, et s'unir avec ses frères qui font commémoration de lui, comme autrefois on-faisait mémoire, dans les diptyques sacrés, de ceux qui étaient dans la même communion. Il ne pourrait même s'en dispenser en route.

Il faut avouer que voilà une exactitude bien religieuse! il serait bien à souhaiter que les pratiques chrétiennes fussent aussi religieusement observées, et que tous les francs-maçons fissent leur pâque avec l'église catholique; les sacremens ne seraient pas abandonnés comme ils le sont presque dans toute la France, et surtout dans les lieux où la francmaçonnerie est établie.

2o. Les chevaliers de Rose-croix sont appelés chevaliers-princes leur loge métropole est située sur la montagne de Redon, dans un château antique où s'est tenue la première loge de ce grade. Il existe actuellement, quoiqu'il ait perdu de sa splendeur; le chapitre s'y tient toujours, il est le siége du souverain-maître en exercice, entre l'orient et le nord de l'Ecosse à la bonne ville d'Edimbourg, siége du grand-maître écossais, qui, très-souvent, l'est aussi de Redon, l'une et l'autre place n'étant qu'annuelle. 3o. Les chevaliers de Rose-croix ont le privilége, dans toutes les loges où ils se trouvent, de tenir le maillet s'ils le refusent, ils se mettent immédiatement à côté du président avant tous les officiers.

4°. Il leur est absolument défendu de se trouver en telle loge que ce soit, sans leur cordon et leur

bijou de Rose-croix, ni de rien signer de la maçonnerie sans signer leurs qualités.

Ils sont bien plus avantagés que les citoyens titrés qui ne peuvent signer le degré de noblesse qu'ils ont acquis par leurs talens, où les services rendus à la patrie, par l'effusion de leur sang et au péril de leur vie.

5o. Un chapitre réglé doit s'assembler au moins cinq fois l'année, savoir, aux quatre grandes fêtes annuelles, qui sont Pâques, la Pentecote, Noël et l'Epiphanie; mais principalement le Jeudi-Saint, qui est la fête de l'ordre.

Il semble que, si le grade de Rose-croix était la représentation du repas d'Emmaüs, on devrait en faire la commémoration annuelle au lieu de cela, on fait celle de la cène ou de la communion paschale du Jeudi-Saint; il faut donc en conclure, quoi qu'en disent les francs-maçons, que ce grade est une représentation de la pâque des juifs. C'est la raison pour laquelle les frères Rose-croix peuvent, dans certains chapitres, manger un agneau rôti; mais il faut que la tête et les pieds y soient. On les coupe avant que personne y touche: on jette au feu au moins les pieds, en faisant la génuflexion et le signe céleste: sans doute afin que le grand architecte, en l'honneur duquel on brûle cette partie de la victime, ait cette offrande pour agréable. Quoique cette cérémonie ressemble beaucoup à la pâque des juifs et à leur manière d'offrir des victimes, elle en diffère cependant dans un point essentiel, qui est, que les juifs offraient à Dieu la graisse des victimes, et ne se réservaient que ce qu'il y avait de pire, au lieu que les francs-maçons retiennent pour eux ce qu'il y a de meilleur et de plus gras.

On doit observer qu'il ne doit y avoir sur la table qu'un seul couteau, une seule coupe, un pain entier, et que tous doivent se servir du mème verre;

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