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» le culte des animaux. » (Démonstration évangélique de Léland.)

Voilà, selon Mr. Guillemain, ceux que les francsmaçons doivent prendre pour modèles : voudrait-il nous rappeler l'athéisme ou l'idolâtrie; nous rendre ridicules aux étrangers, et nous faire retomber dans les absurdités que l'on reproche, avec raison, aux anciens philosophes? Ce qu'il y a de bien certain, c'est qu'en voulant nous décrire les cérémonies usitées aux mystères d'Isis ou de Cérès, il ne nous a sûrement point donné l'origine de la franc-maçonnerie; et s'il fallait le croire sur sa parole, il n'y aurait rien de bien flatteur pour le grand ordre qu'il veut célébrer, puisqu'il s'ensuivrait, de ses découvertes que la franc-maçonnerie a pris sa source dans le centre de l'idolâtrie, et y rappelle ceux qui se font initier à ses mystères. Si c'est là où aboutissent tous les efforts de la nouvelle philosophie, si ceux qui ne veulent pas admettre les mystères de la religion révélée, sont obligés d'adopter toutes les rêveries du paganisme, il faut en convenir, l'esprit humain, abandonné à ses propres lumières, est bien faible et bien à plaindre.

Mais, convenons-en de bonne foi, tous les francsmaçons ne sont pas de l'avis de Mr. Guillemain. Il en est qui font remonter l'origine de la franc-、 maçonnerie à l'apparition de Jésus-Christ sur les bords du Jourdain, lorsque les trois personnes de la sainte Trinité rendirent témoignage à sa mission divine; c'est pour cette raison que la fête de saint Jean-Baptiste est si célèbre dans tout l'ordre maçonnique. Quelques enthousiastes se persuadent que la première loge a été tenue dans le paradis terrestre lorsque Dieu apparut à Adam et à Eve. Ceux qui appartiennent à la haute maçonnerie, et qui font profession de cultiver les sciences abstraites, de découvrir les connaissances mystérieuses, cachées sous les allégories et les emblèmes, font remonter

l'origine de la maçonnerie à Métraïm ou Menès, à Thoz, Hermès ou Mercure-Trismégiste; d'autres aux Esséniens ou Esséens ; d'autres aux Druides ou à Gomer. On peut dire que les philosophes de nos jours, ayant emprunté des écoles de la philosophie ancienne, plusieurs usages qu'ils ont introduits dans les loges maçonnes, la maçonnerie ressemble, à quelques égards, à tout ce qu'on veut, et qu'il est comme impossible de retrouver sa véritable origine.

Les francs-maçons se disent descendre des Druides, parce qu'ils reconnaissent, comme eux, l'Etre suprême qu'ils lui rendent honneur; qu'ils défendent, comme eux, de discuter les matières de religion et de politique; qu'ils imposent le secret sur les dogmes qu'ils veulent cacher aux étrangers; qu'ils respectent, comme eux, les morts, en conservant leurs crânes pour boire dedans, pratique que les francs-maçons observent, surtout à l'égard du crâne de Adoniram, leur grand-maître; parce qu'ils n'écrivent rien de ce qui concerne leur doctrine; qu'ils prennent des aubes dans les jours de cérémonie, comme les Druides, qui étaient vêtus de blanc pour cueillir le gui; qu'ils ont des plumes à leur chapeau, comme le grand-prètre Druide en portait à son bonnet.

Les francs-maçons se disent descendre des prêtres égyptiens, parce qu'ils ont, comme eux, une double doctrine, l'une extérieure et l'autre intérieure; ils imitent dans leurs loges, le silence que Pythagore exigeait de leurs disciples; et dans leurs grades, les épreuves que ce philosophe exigeait de ses disciples avant de leur permettre de parler. Le mystère de leurs cérémonies, de leurs sentimens, a été figuré par le sphinx, que les prêtres d'Isis avaient coutume de mettre devant la porte de leurs temples. En imitant les usages de toute l'antiquité, et en copiant les sentimens de tous les philosophes, les francs

maçons pourront vraiment se dire cosmopolites, et faire remonter leur origine jusqu'où ils voudront.

Ce qu'on peut remarquer dans toutes leurs recherches, c'est qu'ils affectent de ne jamais parler de la religion chrétienne, ni de sa morale, ni de ses dogmes, ni des vertus héroïques qu'elle ordonne ou qu'elle conseille, quoiqu'elle ait produit elle seule plus de vertus, de lumières et de bonheur, que toutes les institutions humaines ensemble. Mais l'objet de la franc-maçonnerie n'est pas de proposer JésusChrist pour modèle, ni de prendre de ses leçons. II est juste que, marchant sur les traces de Socin, son fondateur, elle travaille à effacer, s'il est possible, son nom du coeur de tous les chrétiens.

Voici une autre origine que lui donne l'auteur de l'Essai sur la Franc-Maçonnerie, tome 1, p. 76.

C'est, sans doute, lorsque le sacerdoce et la magistrature étaient réunis sur la même tête, que la franc-maçonnerie a dû prendre naissance. Les sciences et les principes des arts n'étaient connus que du prétre-magistrat. La mécanique des arts était entre les mains des hommes ordinaires. Il était nécessaire pour le bonheur des hommes et leur unité, de régler leurs mœurs, et on leur donnait des préceptes, des ordres, des lois; on leur infligeait des peines; la religion, qu'on leur enseignait, était descendue à leur portée. Lorsque l'Etre-Suprême a créé l'homme, il avait créé tout ce qui existe; et à ce moment a brillé, pour l'homme, la vraie lumière, la lumière de la sagesse divine. La franc-maçonnerie a pour ère celle de la création de l'univers, l'ère de la vraie loge. L'étude des sciences et des connaissances intellectuelles; celles par lesquelles on lit dans les fibres des plantes, dans les entrailles de la terre, dans l'abyme des mers, dans le feu des astres et des planètes, dans l'âme de l'homme, dans l'âme de l'univers; cette étude était l'occupation du prétre-magistrat, et le fruit de cette étude était cueilli

par les autres hommes, au bonheur desquels il était destiné. De là les deux doctrines; l'une qui, par sa sublimité ou par sa complication, ne pouvait être comprise par le commun des hommes, et l'autre qui, par sa simplicité, se trouvait à sa portée. La magistrature étant séparée du sacerdoce, les connaissances intellectuelles et celles des sciences se virent divisées; l'un et l'autre souffrirent de la scission de l'unité; l'arbre devint stérile et ne porta plus de fruit; l'arbre languit et toucha à son dépérissement. Le livre des connaissances était écrit en caractères hieroglyphiques, en emblêmes; on perdit le secret de ces caractères, et l'imagination, travaillant sur les hieroglyphes, s'échauffa, s'exalta, et vit ce qui n'y était pas, et ne vit pas ce qui y était. A force d'études et de recherches, on découvrit quelques traces de connaissances; mais c'était des hommes isolés qui cherchaient la lumière, la vérité. Ils travaillaient seuls, ils ne se communiquaient pas leurs découvertes, et les progrès furent d'une lenteur accablante. La franc-maçonnerie sortit du tombeau; on la vit renaître de ses cendres comme le phénix; tout ce qui était mystérieux crut appartenir à la franc-maçonnerie; et cela était vrai. Toutes les sciences abstraites, les connaissances surnaturelles furent entées sur l'arbre maçonnique. C'était des branches détachées qu'on regreffait sur le tronc; on prit les branches pour le tronc de l'arbre l'homme ne voit pas toujours juste. Les systèmes naquirent, et l'on en vit beaucoup. Les partisans de ces systèmes s'arrachèrent la franc-maçonnerie et prétendirent qu'elle leur appartenait exclusivement. Ils ne voyaient pas que c'était leurs systèmes qui appartenaient à la franc-maçonnerie. Je le répète, et je le dis comme je le crois, tout ce qui est mystérieux est du ressort de la franc-maçonnerie; tout ce qui s'appelle connaissance au physique, au moral, au spirituel ou intellectuel, est du ressort

de la franc-maçonnerie et lui appartient; tout ce qui peut tendre au bonheur physique, moral ou intellectuel de l'homme, est du ressort de la francmaçonnerie et lui appartient. (Voyez Essai sur la franc-maçonnerie, ou but essentiel et fondamental de la maçonnerie; de la possibilité de la réunion des différens systèmes de la maçonnerie; du régime convenable à ces systèmes). Mais ceux qui prétendent élever un nouveau temple au Seigneur, reconnaissent, dans le roi Salomon, le chef de tous les ouvriers maçons, et lui rapportent toutes les cérémonies et les institutions maçonniques. Peu curieux de retrouver la vraie origine d'un ordre aussi célèbre, les maçons laissent volontiers leurs membres libres de choisir telle origine qu'ils veulent adopter, pourvu qu'un voile épais couvre les vrais commencemens de l'art royal de la maçonnerie. Mais pour ne pas laisser plus long-temps le lecteur en suspens, nous allons commencer à révéler le grand, le vrai, l'unique secret de la franc-maçonnerie, sur lequel tous les maçons ont dérouté tous ceux qui ont voulu le connaître.

les

La franc-maçonnerie est la quintescence de toutes les hérésies qui ont divisé l'Allemagne, dans le seizième siècle. Les Luthériens, les Calvinistes, Zuingliens, les Anabaptistes, les nouveaux Ariens, tous ceux, en un mot, qui attaquent les mystères de la Religion révélée, tous ceux qui disputent à Jésus-Christ sa divinité, à la Sainte Vierge sa maternité divine; tous ceux qui ne reconnaissent point l'autorité de l'église catholique, ou qui rejettent les sacremens; ceux qui n'espèrent point une autre vie; qui ne croient pas en Dieu, soit parce qu'ils se persuadent qu'il ne se mêle pas des choses de ce monde, soit parce qu'ils désirent qu'il n'y en ait point; voilà tous ceux qui ont donné naissance à la franc maçonnerie, ou avec lesquels les francs-maçons se sont associés, et dont leur or

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