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Mayence, et d'autres se retirèrent en Angleterre, où les francs-maçons prétendent qu'ils firent des prosélytes sous le nom de francs-maçons.

Quoiqu'il soit très-difficile à ceux-ci de faire leur filiation d'après des monumens certains et authentiques, cependant la destruction de cet ordre les autorise à la vengeance contre les rois qui ont concouru au jugement rendu par toutes les puissances, pour ne pas s'en servir comme d'une occasion favorable qui se présente d'attenter à la vie des souverains, et de venger, par leur mort, un crime dont ils sont innocens, mais qui sert de prétexte aux francs-maçons, pour satisfaire la haine qu'ils ont conçue contre eux.

On lit, sur un des cachets du baron de Menou, la devise de la ligue formée contre le trône et l'autel: elle est conçue en ces termes : Ennemis du culte et des rois. Un chef des philosophes modernes disait de son vivant: Que le peuples ne seraient heureux, que lorsqu'on aurait étranglé le dernier des rois, avec le boyau du dernier des prétres. Les maximes publiques aujourd'hui, et que chacun répète à l'envi, sont que les hommes sont égaux : qu'aucun d'eux ne peut étre leur supérieur, ni leur commander contre leur gré; que tous les peuples de l'univers ne peuvent appartenir à une poignée d'hommes, qui sont les souverains; mais que ceux-ci doivent plutôt appartenir à la multitude; que c'est aux peuples à donner et à reprendre la souveraineté selon leur volonté.

Ces maximes séditieuses pourraient être aisément étouffées, s'il ne se trouvait personne en état de les soutenir à force ouverte. Il a donc été nécessaire, pour leur donner de l'efficacité, qu'il se trouvât des chevaliers qui fissent profession de les défendre à main armée. Or, c'est dans la franc-maçonnerie que l'ordre de cette chevalerie s'est formé, et qu'on y jure d'assassiner les rois de France et les papes.

GRADE DU CHEVALIER KADOSCH OU TEMPLIER.

La loge est tendue de la même manière que celle de l'élu des neuf. La réception du candidat se fait, dans un lieu obscure, par cinq frères. On figure une caverne dans laquelle on suppose que sont les ossemens du grand-maître Molai, accompagnés d'une lampe. Le mannequin représente la personne du roi de France qui a fait périr, sur l'échafaud, le grand-maître des templiers. Le récipiendaire est étendu à terre comme un mort; dans cette attitude, on lui fait répéter tous les grades qu'il a reçus, et les sermens qu'il a prononcés. On fui fait une belle peinture de ce grade, qu'on exige de lui de ne jamais conférer à un chevalier de Malte. On le fait monter à une échelle double, dont chaque échelon représente une des lettres du neue de Philippe-le-Bel et de celui de Bertrand de Got. Lorsqu'il est parvenu au dernier échelon, on le fait tomber, pour lui faire entendre qu'il est arrivé aunev plus ultrà de la maçonnerie. On Farme d'un poignard, et on le lui fait enfoncer dans cette figure préparée; et quand le sang coule avec abondance, on lui explique l'énigme. La récompense qu'on lui promet, c'est son avancement dans la maçonnerie et le droit de porter les armes des templiers, la croix double, une aigle déployée, tenant un poignard dans ses serres.

Le signe est de porter la main droite sur le coeur, de l'étendre ensuite horizontalement et de la laisser tomber sur le genou, pour marquer que le cœur est disposé à la vengeance. L'attouchement se donne en se prenant les mains comme pour se poignarder.

Les mots techniques, dont on fait usage, sont empruntés de l'hébreu, et désignent qu'on a tué

le profane, qu'on l'a retranché du nombre des

vivans.

CATÉCHISME.

Demande. Etes-vous chevalier?

Réponse. Oui, je le suis, et je m'appelle chevalier Kadosch. Ce mot hébreu signifie qui renouvelle; parce que le but de ce grade est de faire renouveler le genre humain, en le faisant passer de l'esclavage à la liberté. Nous jouissons, depuis deux ans, de ce grand avantage. Demande. Qui vous a reçu?

Réponse. Un député du grand-maître.
Demande. Dans quel endroit?

Réponse. Dans une grotte profonde, pendant le silence de la nuit.

Demande. Que prononcez-vous en venant de la grotte?

Réponse. Nekom. Ce mot veut dire, je l'ai tué, je l'ai retranché du nombre des vivans.

Demande. Qu'avez-vous en main?

Réponse. La tête du traître qui a assassiné notre père Hiram, et un poignard.

Il est évident que c'est de la maçonnerie que nous est venue l'invention nouvelle de porter dans sa main, et de montrer au public, la tête de celui qu'on a assassiné. Paris a souvent vu ce spectacle et la province même n'en a pas été privée.

On doit remarquer ici une contradiction dans la personne assassinée; elle s'appelle Hiram, au lieu qu'elle devrait se nommer Molai. Mais cette confusion de noms a son utilité pour brouiller les idées et dire tout ce qu'on veut car il est bon d'obser ver que les francs-maçons ont emprunté de l'histoire, des faits à l'aide desquels ils font entendre tout ce qu'ils veulent. Dans l'histoire de la mort' de Jésus-Christ, il se trouve que ceux qui ont concouru le plus directement à sa mort, sont Judas,

Caiphe et Pilate; c'est-à-dire, un traitre, un pontife et un gouverneur romain, qui était puissant comme un vice-roi. Ce sont des personnages semblables qui ont concouru au supplice du grand-maítre des templiers; un trattre, nommé Squin; un pontife, Bertrand de Got; un roi, Philippe-le-Bel. Ce rapprochement leur sert à altérer l'histoire de la Passion de Jésus-Christ, et à la confondre avec celle du grand-maître des templiers.

Demande. Quelle récompense espérez-vous?

Réponse. La destruction du vice, l'amour et la reconnaissance de mes frères. C'est par de pareilles espérances qu'on soutient le fanatisme.

Demande. Comment nomme-t-on les ouvriers qui s'unirent pour la construction du nouveau temple? Réponse. Paul-Kal, Pharas-Kal, qui signifient ceux qui mettent à mort les profanes. Ce qui fait entendre que ceux qui sont ainsi unis, peuvent devenir les meurtriers de tous ceux qui les empêcheront d'élever le temple qu'ils ont projeté. C'est aujourd'hui la confiance des francs-maçons d'étre armés pour la défense les uns des autres; de former un corps nombreux répandu presque dans tous les lieux, mais surtout dans les grandes villes; de ne pouvoir être détruits, sans dépeupler la terre qu'ils habitent, et d'être assurés que ceux qui voudront changer leurs principes, risqueront de voir échouer toutes leurs entreprises.

$ 9.

CONCLUSION.

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CETTE esquisse de la franc-maçonnerie indique le but de cette société, mais elle n'en découvre pas tous les vices; il faudrait plusieurs volumes pour décrire les indécences qui s'y commettent, les er

reurs qui s'y accréditent, les absurdités qui s'y enseignent. Tantôt on verrait que c'est le rendez-vous de tous les plaisirs, ou le séjour de la crapule et de l'impureté la plus grossière; tantôt on y serait témoin de scènes ridicules, bouffonnes, impies et sacriléges.

Une loge est tour-à-tour une école de morale stoïque et épicurienne; le fanatisme arme les mains de poignards, et exerce ses adeptes à commettre des forfaits avec une intrépidité à toute épreuve; les rêveries des astrologues succèdent aux prétentions des alchymistes; on associe les opinions des philosophes païens aux délires de la cabale; en réunissant toutes les sciences, on tâche d'accréditer cette maxime des philosophes de nos jours, que l'homme est le singe de la nature, un monde en petit, et qu'il crée les formes et les abstractions, comme la nature fait la matière et les corps; ce qui conduit à établir que la nature est le dieu de ce monde, et comme l'âme universelle qui met tout en mouve

ment et en action.

Du système des francs-maçons, de souffrir toutes les sectes, d'admettre toutes les religions, il suit évidemment que ces messieurs n'en reconnaissent aucune véritable, et que le grand Architecte de l'univers, dont ils parlent en termes si ampoulés, n'est pas réellement Dieu. S'il l'était en effet, comment pourraient-ils voir du même ceil, un catholique et un anti-trinitaire; un homme qui respecte sa parole, comme l'expression de sa volonté divine et un homme qui n'y voit que le langage de la raison; un homme qui lui rend le culte qu'il a luimême établi, et un autre qui ne lui en rend aucun, qui cherche, au contraire, à empêcher qu'on ne lui en rende?

Je sais que bien des philosophes maçons conviennent qu'il faut une religion dans un état mais n'est-ce pas, comme s'ils disaient, que toutes les

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