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AVERTISSEMENT

DE L'AUTEUR

SUR LA

DEUXIÈME PARTIE,

LES circonstances actuelles ne permettant pas à l'auteur du Voile levé, de donner l'histoire de la franc-maçonnerie, avec les détails propres à chaque grade, et voulant ménager la pudeur du sexe, en tirant le rideau sur l'indécence des réceptions des franches-maçonnes, il s'est contenté de dévoiler au public, les projets généraux des philosophes, des francs-maçons et des clubistes; de réfuter les ouvrages de MM. Dupuis, Lalande, Volney et Bonneville, et de donner un abrégé des Rose-croix et des illuminés.

Jamais l'église de Jésus-Christ n'avait eu tant d'ennemis à combattre à la fois. Il semble que l'enfer, tout entier, soit déchaîné pour opérer sa ruine : mais jamais elle n'aura paru plus grande ni plus

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divine, que lorsqu'elle sera couverte des dépouilles qu'elle aura enlevées à ses ennemis. L'erreur ni l'enfer ne peuvent prévaloir sur elle : c'est la promesse de Jésus-Christ; jamais elle n'a été trouvée ni vaine ni illusoire.

LE

VOILE LEVÉ

POUR

LES CURIEUX.

PREMIÈRE PARTIE.

S. I.

ORIGINE DE LA FRANC-MAÇONNERIE.

PLUS les franc-maçons ont fait un mystère de leur origine, plus on a cherché à la découvrir. Chacun a prétendu avoir, à cet égard, leur secret, et cependant, il est connu de fort peu de personnes. Tous les discours que les orateurs ont fait en loge sur l'origine, les progrès de l'art royal de la maçonnerie, ou ne disent rien d'essentiel, ou ne tendent qu'à égarer les curieux. Les livres imprimés, tant en vers qu'en prose, substituent la maçonnerie réelle à la maçonnerie morale; et en confondant l'origine de l'une avec celle de l'autre, donnent continuellement le change aux lecteurs peu réfléchis. Les vrais maçons, dans le sens de la franc-maçonnerie, bâtissent des temples à la vertu, et des cachots pour les vices, mais n'ont jamais élevé aucun monument

public: cependant, pour se donner un air antique qui leur attire des respects, les maçons s'associent à tous ceux qui se sont distingués dans l'antiquité par quelque ouvrage mémorable, tels que Hiram, Adoniram, Salomon, Noë, Adam; quelques-uns même ne craignent pas de s'élever jusqu'à Dieu, et de le prendre pour le maître de leur art, dont il a donné des leçons en formant la voûte des Cieux. Ils ne pouvaient faire remonter plus haut leur origine et s'il était en leur pouvoir de nous en donner une histoire suivie depuis le commencement du monde jusqu'aujourd'hui, il n'y a pas de doute que la société des francs-maçons serait le corps le plus respectable, le plus noble qui fût au monde ; auquel il ne serait pas possible de refuser le premier rang, ni d'en contredire les maximes. Mais, malheureusement, tous ne sont pas d'accord sur une si belle origine; et quelque flatteuse qu'elle soit pour le corps entier, et pour chaque individu en particulier, on est obligé, faute de mémoires authentiques, de la rapprocher de notre époque, dont même elle n'est pas si éloignée, si on en croit la vérité de l'histoire.

Quelques francs-maçons prétendent fixer leurs premiers commencemens aux temps des croisades, forsque les européens rebâtirent les villes qu'euxmêmes ou les sarrasins avaient détruites. Mais, pour toute réponse, on peut rappeler à ces messieurs, que, de leur propre aveu, on ne doit pas prendre le mot de maçon dans son sens propre, mais dans un sens symbolique et figuré, et par conséquent, dans toute autre signification que celle qu'ils veulent y attacher. D'ailleurs, comment prouveraient-ils que c'est la société des maçons, dont ils sont membres, qui a reconstruit les villes de la Palestine? Qui leur a transmis les mémoires sur lesquels leurs prétentions sont appuyées? On ne voit nulle part, dans l'histoire, que que les francs-maçons d'aujourd'hui

aient entrepris une tâche aussi utile que glorieuse. Il est vrai que les francs-maçons d'Angleterre datent leur origine de l'année 924, et par conséquent, d'un temps antérieur à celui des croisades, dont il n'était pas encore question; mais cela prouvet-il que la franc-maçonnerie existât à cette époque? Non, sans doute; car il s'ensuivrait que la francmaçonnerie aurait pris son origine en France, pendant que les français mêmes conviennent que c'est en Angleterre qu'elle a commencé. Les maçons qu'Adelstant, fils du grand Alfred, fit venir de la France en Angleterre, n'étaient donc pas des francsmaçons, mais des architectes et des ouvriers maçons, dont il forma un corps auquel il donna des statuts, et assigna des lieux d'assemblées. Il est vrai que les francs-maçons d'Angleterre se sont formés à l'instar des maçons de ce royaume; qu'ils se sont donné des surveillans, des apprentifs, des servans, des maîtres, des compagnons, des architectes; qu'ils ont indiqué des assemblées; qu'ils se sont formés en associations; qu'ils se sont liés par des sermens : mais sont-ils pour cela des maçons? Non, ils n'en sont que les singes; et la ressemblance de leurs corporations ne prouve nullement la ressemblance de leur origine.

Mais me direz-vous, ils ont comme les maçons, des tabliers, des équerres, des à-plomb, des planches à dessiner, des marteaux, des truelles, des compas cela est vrai; mais les maçons élèvent des bâtimens et des temples à l'usage des citoyens : les francs-maçons, au contraire, ne veulent que les renverser et les détruire. S'ils disent qu'ils s'occupent à élever des temples à la vertu, et à bâtir des cachots pour les vices, tout cela doit s'entendre dans un sens moral, et ne veut dire autre chose, sinon que les francs-maçons se flattent d'établir la ruine du vice. Ils ne sont donc pas maçons proprement dits, selon le sens naturel du nom qu'ils

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