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préfet du département étoit allé, avec tous les membres de la préfecture, au-devant de S. S. à plusieurs milles, de distance. Les autres autorités attendoient le souverain Pontife à la porte de la ville. S. S. fut reçue au bruit du canon et au son de toutes les cloches. Le clergé s'étoit rendu en procession à sa rencontre. Malgré tous les efforts de la cavalerie qui escortoit le saint Père, le peuple détela les chevaux de sa voiture, et la traîna jusqu'à l'église métropolitaine de Saint-Pierre. S. S. mit pied à terre, fit sa prière, donna sa bénédiction, et se rendit au palais archiepiscopal, où les autorités furent admises au baisement des pieds. Le soir, toute la ville fut illuminée, ainsi que le lendemain. C'étoit un spectacle attendrissant que le retour d'un Pontife vénéré après tant de tribulations. Les efforts de son ennemi n'ont servi qu'à lui imprimer ce je ne sais quoi d'auguste que le malheur a joint à la vertu.

Une circonstance peu connue, c'est que, par un décret du 10 mars, Bonaparte avoit ordonné lui-même de rendre au Pape la 38°, division, composée des départemens de Rome et du Trasimène, à condition que S. S. abandonneroit, par un acte de cession, les autres parties du territoire ecclésiastique. Le Pape n'a rien voulu signer.

Pendant son séjour à Bologne, le saint Père a eu plusieurs conférences avec lord Bentinck: dans la dernière ce ministre lui offrit, au nom de S. A. R. le prince régent d'Angleterre, 50,000 sequins pour les frais de son voyage. Le Pape est partit, le 4, pour Imola. S. S. passera la semaine sainte et les fêtes de Pâques, partie à Imola, partie à Césène, sa patrie.

Les forteresses de Saint-Angelo et de Civita-Vecchia ont capitulé; les garnisons retournent en France, sous condition de ne point porter les armes pendant un an contre les alliés.

S. E. ecardinal di Pietro, qui avoit été précédem

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ment enlevé de Fontainebleau au milieu de la nuit, et transféré à Auxonne, sans qu'on sût comment il s'étoit attiré cette nouvelle rigueur, a quitté son exil. Il est arrivé à Dijon, le 22 avril, et a continué son voyage vers Rome, où se rendent également, de toutes parts, les autres cardinaux, prélats et ecclésiastiques arrachés à leurs fonctions et dispersés par la violence.

-On dit que depuis la démission donnée par M. l'évêque de Metz de ses fonctions d'administrateur capitulaire du diocèse d'Aix, et dont ce prélat avoit instruit S. S. dès le commencement du mois d'avril, le chapitre d'Aix a écrit au Pape pour l'assurer de son attachement aux règles de l'Eglise et de son dévouement pour le SaintSiége.

Les trois premiers mois de cette année ont vu périr un grand nombre d'ecclésiastiques qui ont été victimes de leur dévouement dans le service des hôpitaux. Il est peu de diocèses qui ne comptent à cet égard des pertes déplorables, taut par le nombre que par les qualités de ceux qui ont succombé dans ce généreux ministère. Nous pourrons donner, à ce sujet, quelques détails honorables pour la charité pastorale.

NOUVELLES POLITIQUES.

On annonce que les corps de troupes alliées ne séjourneront que peu de temps en France. On leur a donné divers cantonnemens, d'où elles se mettront en marche dans quinze jours ou trois semaines. Elles sortiront de France dans différentes directions; les Wurtembourgeois par le Fort-Louis; les Autrichiens qui se trouvent dans le Midi par Bâle; ceux du Nord par Khell; les Russes par Mayence et Coblentz; les Prussiens par Cologne et Wesel. Toutes les réserves et les transports ont déjà reçu l'ordre de faire halte.

- S. A. R. a rendu une ordonnance qui supprime les cours prévôtales et les tribunaux des douanes, et qui rend à la liberté tous ceux qui se trouvent détenus dans les prisons, maisons de correction et bagnes en vertu de jugemens de ces cours et tribunaux.

Un autre décret de S. A. R. modifie ceux rendus précédemment sur les droits réunis, retranche ce que cet impôt a de plus vexatoire, et le rend moins onéreux au peuple.

Quelques journaux ont donné le texte d'un traité conclu, le 11 décembre 1813, entre Bonaparte et le Roi d'Espagne, Ferdinand VII, avant de rendre la liberté à celui-ci. Il y reconnoissoit l'intégrité de l'Espagne telle qu'elle étoit avant la guerre. C'est en exécution de ce traité que l'on avoit fait partir les princes espagnols du château de Valencey où ils étoient détenus. Mais depuis leur ennemi se repentit, sans doute, de sa condescendance, et leur suscita de nouvelles difficultés qui retardèrent successivement l'exécution du traité. Ce n'est qu'à la fin de mars que le roi d'Espagne, et les princes son oncle et son frère ont été délivrés.

- LL. AA. II. les grands-ducs Michel et Nicolas, frères de S. M. l'Empereur de Russie, sont arrivés à Paris.

Dans un ordre du jour de M. le général Dessoles, il est dit que S. A. R. MONSIEUR, lieutenant-général du royaume, désire que la garde nationale de Paris porte et conserve un signe perpétuel des services rendus par elle, soit lorsqu'après avoir combattu pour ses foyers, et chargée seule, dans la nuit du 30 mars, de la garde et de la sûreté de Paris, elle a conservé au Roi sa capitale, et à tant de familles leurs biens, la vie et l'honneur; soit lorsqu'occupant, outre ses postes, ceux de la troupe de ligne, elle offre tous les jours encore l'exemple du dévouement et des sacrifices; soit enfin, quand, malgré ce pénible service, elle fait celui de la maison militaire du Roi, et

donne aux Princes de la famille royale la satisfaction de n'être, pour leur garde, environnés que de François.

En conséquence, S. A. R. désire que MM. les officiersgénéraux, supérieurs et particuliers, sous-officiers, grenadiers et chasseurs en activité de service, à mesure qu'ils auront passé la revue du Prince, reçoivent et portent le ruban blanc moiré, tenant suspendue une fleur de lis en argent, semblable à celle que le Prince porte lui-même, et a remise au général commandant en chef, comme représentant la garde nationale. Il sera délivré à chacun un brevet constatant le droit qu'il a de porter le ruban. Les gardes nationaux habillés, équipés et armés postérieurement à la revue, n'auront droit au ruban blanc qu'en présentant un certificat qui atteste qu'ils ont mérité cette distinction par leur zèle et leur exactitude dans le service, ou par quelque action utile à la société, et honorable pour la garde nationale.

-M. le comte Matthieu de Montmorency n'est point allé à Montpellier, où il devoit remplir les fonctions de commissaire du Roi, mais à Compiègne, dont le gouvernement lui a été postérieurement conféré par

S. A. R.

PARIS, 30 avril. Cérémonial pour la réception du Roi. -La veille de l'arrivée du Roi, les députations des corps de l'Etat, MM. les maréchaux de France et colonels-généraux, les ministres provisoires, le général en chef de la garde nationale et les officiers-généraux qui se trouvent à Paris, se rendront à Saint-Ouen, où le Roi s'arrêtera quelques instans, et seront présentés à S. M. par le grandmaître des cérémonies, qui se sera rendu à cet effet auprès du Roi.

Chacun des corps, après avoir été présenté, retournera à Paris.

Le lendemain de ces présentations, le Roi partira avec son cortége, et se mettra en marche dans l'ordre suivant :

Un détachement de la garde nationale à cheval et un détachement de troupes de ligne à cheval.

Deux voitures pour les ministres provisoires.

M. l'archevêque de Reims, grand-aumônier de France; M. le duc de Duras, premier gentilhomme de la chambre du Roi; M. le comte de Blacas, grand-maître de la garderobe du Roi, et le grand-maître des cérémonies de France dans la même voiture,

M. le prince de Condé et M. le duc de Bourbon dans la même voiture.

La voiture du Roi, dans laquelle seront S. M. et Mme. la duchesse d'Angoulême.

S. A. R. MONSIEUR à cheval, à la portière de droite de la voiture du Roi, accompagné d'une partie de MM. les maréchaux de France et colonels-généraux.

S. A. R. Mr. le duc de Berry à cheval à la portière de gauche, accompagné d'une partie de MM. les maréchaux de France et colonels-généraux.

M. le duc de Grammont et M. le duc d'Havré, comme capitaines des gardes de S. M., se tiendront également aux portières de la voiture du Roi. S'il se trouve d'autres capitaines des gardes de S. M., ils prendront place avec MM.les ducs de Grammont et d'Havré.

M. le ministre provisoire de la guerre et M. le général en chef de la garde nationale se tiendront dans le groupe de MM. les maréchaux de France, à portée de S. A. R. MONSIEUR et de S. A. R. Mgr. le duc de Berry.

Le cortége se rendra à Notre-Dame, en passant par la rue du faubourg Saint-Denis, la rue Saint-Denis jusqu'au marché des Innocens, l'Apport-Paris, le Pont-au-Change, la place du Palais de Justice, la rue de la Barillerie, la rue et la place du Marché-Neuf, la rue Notre-Dame, le parvis Notre-Dame.

La tête du cortége continuera sa marche par la rue du Cloître Notre-Dame, la place Fénélon, la rue Bossuet, et se développera sur le quai de l'Archevêché.

Le cortège s'arrêtera à l'instant où la voiture du Roi

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