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RÉPONSE DE M. LE PRÉSIDENT.

L'Assemblée nationale voit avec la plus vive reconnaissance, mais sans étonnement, la conduite confiante et paternelle de Votre Majesté. Négligeant l'appareil et le faste du trône, vous avez senti, Sire, que pour convaincre tous les esprits, pour entraîner tous les cœurs, il suffisait de vous montrer dans la simplicité de vos vertus. Et lorsque Votre Majesté vient au milieu des représentants de la nation, contracter avec eux l'engagement d'aimer, de maintenir, et de défendre la constitution et les lois, je ne risquerai pas, Sire, d'affaiblir, en voulant les peindre, les témoignages de la gratitude, du respect et de l'amour que la France doit au patriotisme de son roi; mais j'en abandonne l'expression au sentiment sûr, qui, dans cette circonstance, saura bien lui seul inspirer les Français.

QUELQUES MAXIMES

ÉCRITES

DE LA MAIN DE LOUIS XVI.

I.

Il ne dépend pas toujours du roi de rendre ses sujets heureux; mais il dépend toujours de lui de s'en servir utilement, en les employant à ce qu'ils savent faire.

II.

Faire du bien, entendre dire du mal de soi patiemment, ce sont là des vertus de roi.

III.

Faire du bien aux autres, c'est en recevoir soi

même.

IV.

La meilleure manière de se venger, est de ne point ressembler à celui qui nous fait injure.

V.

Celui qui refuse d'obéir à la raison universelle et politique, c'est-à-dire à la Providence, ressemble à un esclave fugitif, celui qui ne la voit pas est aveugle.

VI.

Il ne faut pas recevoir les opinions de nos pères comme les enfants, c'est-à-dire par la seule raison que nos pères les ont eues et nous les ont laissées, mais il faut les examiner et suivre la vérité.

VII.

Etre heureux, c'est se faire une bonne fortune à soimême, et la bonne fortune, ce sont les bonnes dispotions de l'âme, les bons mouvements et les bonnes actions.

VIII.

Il faut recevoir les bienfaits de ses amis, sans ingratitude et sans bassesse.

IX.

Une franchise affectée est un poignard caché.

X.

Donnons à tout le monde, plus libéralement aux gens de biens, mais sans refuser le nécessaire à personne, pas même à notre ennemi, car ce n'est pas aux mœurs que nous donnons, ni au caractère, mais à l'homme que nous donnons.

XI.

C'est une grande ressource que le témoignage d'une bonne conscience.

XII.

La religion est la mère des vertus; le culte que l'on doit à Dieu doit être préféré à tout.

XIII.

Pour aimer, il faut connaître; pour connaître, il faut éprouver. Je ne donne mon amitié qu'avec une extrême précaution.

XIV.

Les mauvais musiciens, les mauvais poètes sont insupportables à ceux qui les écoutent, mais la nature les a mis en possession d'être enchantés d'eux-mêmes.

XV.

Applaudir aux injures, goûter de la médisance, quoiqu'on n'en fasse pas soi-même les frais, c'est devenir coupable.

XVI.

Les querelles de parti ne sont que des étincelles passagères, quand le souvenir ne s'en mêle pas; elles deviennent des incendies et des meurtres, lorsqu'il leur donne du poids.

XVII.

Les fausses marques d'estime et d'amitié semblent permises en politique, mais elles ne le sont jamais en morale, et à le bien examiner, la réputation de fourbe est aussi flétrissante pour un prince, que nuisible à ses intérêts.

XVIII.

Un prince avare est pour les peuples comme un médecin qui laisse étouffer un malade dans son sang; le

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