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considération dans sa clique, et même à l'Académie.

Un ouvrage de biographie bien méchant, bien menteur, bien scandaleux, en un mot bien fait, est l'arsenal où les partis vont chercher des armes pour se combattre. Les gens qui ont tort n'ont plus, comme autrefois, la peine d'inventer des horreurs contre leurs ennemis ; ils y en trouvent de toutes faites: et quand les calomnies sont restées, après trois les per

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réimpressions, il est reconnu que sonnages attaqués n'auront jamais de crédit alors ce que l'on dit d'eux acquiert la force de chose jugée, et, ce que n'a jamais cru l'auteur qui l'a écrit, est la vérité pour celui à qui on le fait lire. Mon article biographique, que vend M. l'académicien MICHAUD, sera peutêtre un jour de l'histoire.

Un diplômate français, s'excusant un jour près de Louis XI du peu de succès

qu'il avait obtenu en traitant avec des ministres espagnols, alléguait les mensonges continuels dont ces ministres usaient dans le cours des négociations; le Roi lui répondit: Eh! BÊTE, que ne mens-tu plus qu'eux? Si Louis XI eût vécu de nos jours, il eût pu lutter avec un grand avantage contre tout le corps diplômatique de Madrid: il n'eût eu besoin que de lui opposer un de nos biographes; avec M. M...... et de l'argent, il eût été loin.

Ce qui nuit le plus dans les ouvrages calomnieux n'est pas l'accusation d'un crime horrible, parce que peu de gens en étant capables, peu de personnes y croient; mais bien l'accusation de lâcheté, parce que les délits que les lois ne punissent pas, révoltant moins de monde, on se fait moins de scrupule d'y croire sans preuve. Ceci est une des erreurs de la société, qui paie en détail la jouissance

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qu'elle trouve d'ailleurs à entendre maltraiter les individus.

Au reste, les biographes, dans leurs autres écrits, laissent quelquefois tomber des vérités, dont il faut faire son profit: l'un d'eux disait dernièrement dans son journal que tout ce qui est méprisable n'est pas à mépriser. Je vais donc m'oc cuper de lui; mais, par malheur, je serai obligé d'occuper le public de moi, et, c'est un désagrément que j'aurais évité: si cela m'eût été possible. Ceux à qui cela pourrait déplaire seront peut-être assez justes pour me le pardonner.

Ce qui m'afflige surtout, c'est d'être réduit à citer le peu de bien que j'ai pu faire. Je me flatte encore que l'on sentira, qu'étant accusé sans la moindre espèce de preuve que je puisse combattre, puisque mes adversaires n'offrent que leur assertion pour garantie, j'ai dû m'attacher à établir que le mal que l'on m'im

pute n'était pas possible, comme on est réduit à se défendre par l'alibi, de s'être trouvé dans un lieu où l'on n'était pas en effet.

Obligé, par suite de l'heureuse application de la loi de la censure, à intenter un procès criminel, mon premier besoin est de convaincre le Conseil, qui veut bien m'aider de ses lumières, que l'homme qui s'adresse à lui n'est pas celui que certains écrivains lui ont désigné : je mets ma vie sous ses yeux, ou du moins tous les faits qui me sont propres et dont je puis disposer. Je me suis peu arrêté à discuter, dans ce Mémoire, la fable des pièces soi-disant signées par moi; parce que, outre que cela a déjà été jugé une fois, cela va l'être de nouveau, et sera mieux caractérisé par le jugement que par ce que j'en pourrais dire. Je me suis un peu plus étendu sur l'affaire d'Angleterre, parce que les faits qui auraient

dirigé l'opinion n'ayant jamais pu être publiés, il était indispensable de présen- · ter ceux dont la publicité ne nuit à per

sonne.

NOTICE

Sur la Vie politique du sieur Méhée Delatouche et sur les événemens auxquels elle a été liée.

Le sieur Méhée Delatouche (a), fils 'd'un médecin de Pâris, ne s'est jamais

(a) Un des derniers écrits demande au sieur MÉHÉE pourquoi il a pris le nom de DELATOUCHE, celui et pourquoi il a joint à son nom propre du village où il est né. Il répond qu'il n'est pas né dans un village, mais dans la ville de MEAUX; que le nom de DELATOUCHE est porté sur son extrait baptistaire, sur celui de son père, et sur celui de son ayeul. Pourquoi cela? Il n'en sait rien, et ne donnerait deux sols pas s'en rapportera, à cet égard, à ce qu'en voudront dire ceux que cela intéresse, et qui s'en occupent.

pour

le savoir. Mais il

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