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DE

M. LE MARÉCHAL MASSÉNA,

DUC DE RIVOLI, PRINCE D'ESSLING,

SUR les événemens qui ont eu lieu en Provence, pendant les mois de mars et d'avril 1815;

SUIVI

DE PIÈCES JUSTIFICATIVES

ET D'UNE CARTE GÉOGRAPHIQUE.

PARIS,

DELAUNAY, LIBRAIRE.

1816.

سا

DE

M. LE MARÉCHAL MASSÉNA.

mmmmmmm

La France a retenti de l'accusation portée contre moi à la Chambre des Députés. Il n'est donc pas besoin que je dise pourquoi je viens entretenir de moi le public.

Je ne consentirai point à me placer derrière une loi d'amnistie. Exempt de reproches, je ne puis accepter un tel refuge. Eh! que m'importe l'assurance que ma vie et ma liberté me soient garanties par les lois? Il est un bien mille fois plus précieux pour moi ; c'est l'honneur. Une diffamation publique le menace; je viens le défendre. Tant qu'il restera dans mes veines une goutte de ce sang si souvent répandu pour la défense de la patrie, je ne laisserai point flétrir un nom qui se lie à plus d'un souvenir glorieux pour elle. Non, je n'ai pas déshonoré mes vieux ans par une lâche trahison. Français,

vous allez en juger. Relisez cette accusation remarquable par tant de vaines déclamations et de si grossières injures. Je vais répondre par le témoignage incorruptible des faits. Élevé et vieilli dans les camps, je n'ai point appris l'art des vains discours; j'invoquerai la vérité. Bientôt elle dissipera ce nuage dont les passions et l'esprit de parti enveloppent presque toujours les plus simples événemens politiques dans les momens de crise et de révolution. Alors on plaindra ces hommes qui se laissèrent égarer jusqu'à devenir les instrumens d'une diffamation odieuse alors, on ne s'étonnera plus que le gouvernement ait respecté mon repos au milieu des cris de mes délateurs.

:

La dénonciation que j'ai à repousser, contient des imputations nombreuses. La plus grave, celle dont dépendent toutes les autres, c'est d'avoir pu, et de n'avoir pas voulu arrêter Bonaparte, lorsqu'il traversa une partie de la Provence dans les premiers jours du mois de mars; c'est d'avoir enchainé le zèle des Marseillais dans ce moment décisif, lorsque leur courage eût suffi pour détruire l'ennemi de la France.

Pour faire apprécier, pour écarter tous ces

reproches, je serai forcé d'entrer dans quelques détails; je veux ne laisser aucune ressource à la malveillance, ni même à la calomnie. Ces détails, on me les pardonnera. On y verra une preuve de ma bonne foi et du prix que je mets à éclairer l'opinion publique. Ils se rattachent, d'ailleurs, à un événement dont l'influence a été si prodigieuse en Europe, qu'ils ne peuvent pas être sans quelque intérêt.

Ire. ÉPOQUE.

Ce fut le 1er. mars, à une heure après midi, que Bonaparte débarqua au golfe Da 1er, au 5 mars. Juan. Ce golfe est situé à l'extrémité de la division dont le gouvernement m'avait été confié le Roi. Il est distant de cinquante

par

et une lieues de Marseille, où était établi le siége de ce gouvernement, où je me trou

vais alors.

Nul avis, ni du ministre de la guerre, ni du directeur général de la police, ni des relations extérieures, ni de la marine, ne m'avait averti du péril qui menaçait la France. Bonaparte, choisissant pour aborder une plage déserte, ne pouvait donc manquer de débarquer sans obstacle. Mais, si on n'était pas préparé à le repousser, la conduite des troupes et des habitans de la huitième divi

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