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NOTES.

1 Il ne faut que voir dans le Moniteur, à cette époque, les adresses des sections de Paris pour en être convaincu.

Les plus zélés partisans de Louis XVI ne peuvent disconvenir que ce ne fut au moins un Roi faible; mais un Roi faible est souvent aussi dangereux qu'un Roi méchant : celui-ci fait le mal par luimême, et l'autre le laisse faire par tous ceux qui l'entourent.

Le public est trompé par ceux qui affectent de dire que Louis XVI n'a été condamné qu'à une très-petite majorité ; c'est donner une idée entièrement fausse de ce qui a eu lieu réellement, car c'est faire présumer qu'il n'a été reconnu coupable que par cette petite majorité, tandis qu'au contraire il a été déclaré tel à la presque unanimité: e n'est que pour l'application de la peine qu'il y a eu diversité dans les opinions par des considérations politiques,

Les émigrés disent, pour excuser le ioi, et pour s'excuser eux-mêmes, qu'il n'était pas libre, et que par conséquent il a pu violer des lois qu'on l'avait contraint d'accepter. Je demande seulement si nous étions plus libres que lui? Quels sont donc les coupables? Ce sont ceux qui ont commencé la révolution, c'est-à-dire, ceux qui nous accusent.

On n'attaque d'abord que ceux qui ont voté la peine capitale, pour n'avoir pas affaire à trop de monde en même-temps; mais une fois qu'on se sera défait de ceux-ci, les autres, qui ont voté la réclusion ou le bannissement, ou d'autres peines plus flétrissantes que la mort; tous ceux, en un mot, qui ont déclaré la culpabilité, croient-ils en être quittes? Viendront ensuite tous ceux qui ont signé les adresses de provocation, d'adhésion, de félicitation, c'est-à-dire, plus de deux millions de citoyens, dont les familles seront proscrites. Après ceux-là, ce seront les acquéreurs de domaines nationaux, puis les nobles non émigrés, et enfin les défenseurs de la patrie, auxquels on fera un crime irrésistible d'avoir porté les armes contre leur Souverain légitime; c'est-à-dire, que la France entière sera couverte de proscrits et d'ilotes. De bonne foi, croit-on que ceux qui ont vaincu

l'Europe se laisseront avilir à ce point? Et a-t-on

déjà oublié ce que c'est le réveil d'un peuple

opprimé ?

que

2 Des quidams, se disant anciens membres du parlement de Paris, font circuler clandestinement, contre la charte constitutionnelle, de très-humbles remontrances manuscrites qui sont le comble du ridicule, du délire, et de l'insolence contre la Majesté Royale. Ces Messieurs y parlent déjà, comme des énergumènes, de vengeances, d'échafauds, de leur procureur général, de la restitution des domaines nationaux, de la nécessité d'une religion catholique, de l'intolérance absolue. On se croit transporté au règne de Charles IX. Le Parlement ferait mieux de se souvenir et de laisser

oublier aux autres, s'il se peut, que c'est lui qui a jeté le brandon de la discorde, en demandant la convocation des Etats-Généraux.

Le Parlement se vante beaucoup dans cet écrit de son antique fidélité pour ses Rois; c'est supposer que nous n'avons aucune connaissance de l'histoire. Le Parlement, comme tous les autres corps, a toujours cédé à l'empire des circonstances. N'est-ce pas lui, qui, lorsque Charles VI fut tombé en démence, rendit ce fameux arrêt, que M. de

It

L

Boulainvilliers appelle la honte éternelle du
Parlement de Paris, qui bannit à perpétuité du
Royaume Charles VII, alors Dauphin, souscrivant
au traité de Troye, par lequel, à l'exclusion de ce
prince, on reconnaissait le roi d'Angleterre,
Henri V, pour héritier de la couronne de France?
N'est-ce pas encore ce même Parlement de Paris,
qui,
, par son arrêt du 5 mars 1590, proscrivit
Henri IV, qui venait déjà d'être proscrit par un
décret de la Sorbonne ?

Le président Hénaut n'avait garde de rappor ter dans son Abrégé chronologique de pareils faits, qui compromettaient trop l'honneur de sa compagnie; mais ils sont consigués dans toutes les autres histoires, et prouvés par pièces authenti

ques.

3

Pense-t-on, dit-il ailleurs, que c'est un » crime de tuerun tyran avec lequel on aura quel» que liaison d'amitié? Au moins, n'est-ce pas » ainsi qu'on en pense parmi les Romains; ils sont » persuades, au contraire, que c'est la plus belle >> action qu'on puisse faire».

J'avoue pour mon compte que je ne suis pas si républicain que Cicéron.

4 Comment qu'il aille, lui fait dire Plutar

que, un Roi est toujours de sa nature une bête ravissante et qui vit de proie, et si n'y eut oncques Roi, tant fút-il loué et estimé, qui méritât d'être comparé à un Epaminondas, un Périclès, un Themistocle, ni à un Marcus-Curius, ou à un Amilcar surnommé

Barca.

5 Voyez, dans la Bible, le livre des Rois, et particulièrement ce qui regarde le prophête Samuel et le prophête Jehu.

Je regrette de me voir contraint à faire ces détestables citations: il faut bien montrer à ces messieurs que notre justification est dans leurs livres, mais certainement ils ne retrouveront la leur nulle par

Les prêtres ont toujours cherché à profiter de la crédulité des peuples, pour opprimer les Rois. Quelles humiliations les Papes n'ont-ils pas fait subir à toutes les têtes couronnées ! et comment tout le sang des Bourbons ne s'indigne-t-il pas au souvenir de la pénitence ignominieuse infligée au grand Henri par l'évêque de Rome? Existe-t-il une histoire plus scandaleuse, sous tous les rapports, que celle des vicaires de J. C.? Que de

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