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actes de dévouement qui n'ont obtenu aucun résultat, et l'on fait retentir le cri de l'indignation contre ceux qui ont pu participer d'une manière quelconque à tout ce qui s'est fait.

S'il nous fût resté quelque chose de tant de travaux et de victoires, nous l'eussions regardé comme un trophée, auquel nous eussions aimé à rattacher nos souvenirs; aussi s'est-on' empressé d'exiger la restitution de toutes nos conquètes, de peur qu'il ne restât quelque trace de la gloire que nous avions pu acquérir avant la restauration, cette gloire importune étant sensée la honte du parti contraire mais cette même gloire était devenue notre idole; elle absorbait toutes les pensées des braves mis hors de combat par leurs blessures, toutes les espérances des jeunes gens qui faisaient leurs premières armes, un coup

imprévu l'a frappé : nous trouvons dans nos coeurs un vide semblable à celui qu'éprouve un amant qui a perdu l'objet de sa passion : tout ce qu'il voit, tout ce qu'il entend, renouvelle sa douleur. Ce sentiment rend notre situation vague et pénible: chacun cherche à se dissimuler la plaie qu'il sent exister au fond de son cœur ; on se regarde comme humilié, malgré vingt-ans de triomphes continus, pour avoir perdu une seule partie, qui malheureusement était la partie d'honneur et qui a fait la règle de nos destinées.

Mais cet état de mal-aise ne saurait subsister. C'est un aveuglement bien déplorable que celui d'un parti presqu'imperceptible, qui, admis à partager une gloire que rien ne saurait effacer, affecte de dégrader tout ce qui la

constitue, et semble n'être rentré dans る

le sein de la mère patrie que pour l'avilir après l'avoir si long-temps déchirée; mais cette puissante nation sera bientôt revenue de l'étourdissement qu'à dù produire chez elle l'apparition su bite d'une coalition sans exemple et qui ne peut se renouveller : elle a déjà repris le sentiment de ses forces. Ceux qu'on a crus anéantis, ne sont que dispersés ; et si une pareille croisade recommençait, le grand peuple, malheureusement trop confiant jusqu'à ce jour, saurait profiter de son expérience pour se garantir de l'impéritie et des trahisons qui l'ont livré à la discrétion de ses enne:nis; une poignée de transfuges qui étaient tombés dans l'oubli, et qui n'ont

reparu que pour recueillir les fruits d'une victoire à laquelle ils n'avaient point pris de part, qui, déjà n'ont plus le soutien de cette ligue qui a vaincu

pour eux, et qui se trouvent comme perdus au milieu d'une immense popu lation imbue d'idées libérales, ne peut en imposer long-temps; et ce serait un mauvais calcul que de laisser appercevoir des prétentions dominatrices: l'extinction de tous les partis est la seule chose qui lui convienne, et qui convienne à tout le monde.

C'est dans la Charte-Constitutionnelle qu'il faut chercher le salut commun; elle contient assez de garanties pour nous sauver tous, si nous ne souffrons pas qu'elle soit entamée mais il faut pour cela que la vérité puisse parvenir aux oreilles du Souverain, et qu'il ne permette point à ses flatteurs de le faire dévier des dispositions de cette loi fondamentale qui est son propre ouvrage; il faut que les deux chambres continuent à déployer le caractère qu'elles

ont déjà montré dans quelques occasions; il faut que les nouvelles élections qui devront avoir lieu, ne soient point le fruit de l'intrigue et de l'astuce. Les vrais patriotes, c'est-à-dire, ceux qui ont combattu pour la défense de leur patrie, de leurs foyers, sont partout en immense majorité ; il ne tient qu'à eux d'avoir une bonne représentation nationale; ils n'ont qu'à porter des citoyens connus par leur antique probité, des pères de famille, des acquéreurs de domaines nationaux, des hommes intéressés de toute manière à ce que la nation ne soit point avilie, à ce que ni l'anarchie, nile despostisme ne puissent se relever.

Loin de moi toute pensée qui pourrait fournir le moindre prétexte à de nouveaux troubles, je me plains au contraire amèrement de ceux qu'on tend à susciter,

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