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,, moins qu'un vrai favant. Ces fortes d'ou#vrages de gros volume fuppofent & don» nent de la Science en raifon inverfe, ren" verfée, ou réciproque du tems mis à les », faire, ou à les lire. Un faifeur de gros Li,, vres n'a le tems d'en lire que de petits, ου » de petits articles des gros. On peut depuis longtems faire un Livre plus favant que ,, foi-même. Les tables des Livres font là » grande mine & la pépinière des Dictionnai"res, & des Journaux.

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Encore Bayle étoit-il un demi-favant. Il favoit douter; & par conféquent le pour & le contre de tout. M. R. ne fait le » contre & ne doute de rien. Ces deux » Auteurs peuvent avoir le même but. Bayle ,, nous y mène, M. R. y va tout feul: car je doute qu'il y mène perfonne; il annon" ce trop le déïsme. Bayle eft plus dangereux: » il n'annonce rien. Son ftyle indifférent rend conftamment tel fon Lecteur. M. R. met trop d'intérêt & de chaleur dans fes pré,, tentions, qui font trop naïvement fortes & horribles. On ne perfuadera pas facile. »ment aux favans même, beaucoup moins » même aux fots, qu'ils foyent bêtes, ou Pongos. Bayle va à l'esprit par le cœur, dont l'esprit eft facilement la dupe, felon » le proverbe. M. R. va au coeur par l'esprit, dont nul proverbe n'a établi la dupe» rie active envers le cœur, toujours libre de s'en moquer. C'eft Bayle qui manie l'hypothèse en habile homme. M. R. en éven Tom. XIV. Part, I. F

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te l'art & le favoir faire par des contre,,thèses perpétuelles. Auffi Bayle se vantoitil de favoir tout, & citoit tout réellement, livres & Auteurs: & M. R. fe vante, à la façon peut-être de Socrate, de ne favoir rien, & ne cite rien, ou presque rien en , effet; & l'avis de M. R. n'eft jamais que ,, l'avis de M. R. dont je fuis par conféquent », le très humble ferviteur.

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ARTICLE V.

MONUMENS de la Mythologie & de la Poëfie des Celtes, & particulièrement des anciens Scandinaves. Pour fervir de Supple ment & de Preuves à l'Introduction à l'Hiftoire de Dannemarc. Par M. MALLET, Profeffeur Royal de Belles-Lettres Françoi fes, de l'Académie Royale d'Upfal, & de celle de Lyon, A' Copenhague, chez Claude Philibert, MDCCLVI. in quarto. pp. 178. fans l'Avant-propos, qui en a go.

eft fort heureux pour le Nord qu'un auffi beau & bon Génie que M. Mallet s'y foit transplanté, & ait formé avec tant de zéle une entreprise pour laquelle il s'eft trouvé a voir les talens les plus décidés. Les Extraits de fon Introduction à l'Hiftoire de Dannemarc, (*)

nous

(*) Voyez Tom. XI. 3°. Part. & Tom. XII. 1. Part.

hous ont fourni l'occafion de rendre à cet ha bile Ecrivain la juftice qu'il mérite: & l'Ouvrage que nous annonçons ici ne peut que nous engager à tenir le même langage. No bleffe & élégance dans le ftyle, jufteffe & folidité dans la critique, ce font les deux qualités qui brillent à chaque page de ce petit Volume, qui révéle en quelque forte des my ftéres qui n'avoient été jusqu'ici acceffibles qu'à un très petit nombre d'Erudits, & qui répand des graces & de l'intérêt fur des objets, qui moins heureufement préfentés, pourroient paroitre fecs & puériles.

L'étude des différentes Religions du mon de est une des plus intéreffantes dont on puis fe s'occuper. Elle apprend à connoitre les hommes fous leurs traits les plus expreffifs; elle les montre déployans tout ce qu'ils ont de foibleffes, de paffions, de befoins dans le cœur, de reffources, de talens & d'imperfetions dans l'esprit. Ce font les Religions, qui ont donné au cœur humain toutes les formes qu'il lui étoit poffible de recevoir. Elles ont triomphé de ce qu'on eut crû le plus esé fentiel à notre nature. L'homme devient à leur gré une brute, on un Ange.

Sans l'étude des Religions il n'y a point non plus de connoiffance approfondie des Nations, parce que les Religions ont toujours eu une extrème influence fur les mœurs & fur les Loix; & que, quand elles n'ont pas été l'ame de la Politique, elles en ont été les bras. » La Religion, dit M. Mallet, met de fi grands F 2

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» refforts en mouvement, elle fait parler de " fi preffans intérets, que fi elle n'eft par née "affortie au génie de la Nation qui la fuit, » elle lui donnera un caractère analogue au " fien: il faut qu'une de ces deux forces triom"phant de l'autre, l'uniffe à foi, pour en être " augmentée. Ce font deux fleuves, qui, mêlés, forment un courant commun plus rapide, qui entraîne tout avec foi. "

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On a écrit une infinité d'Ouvrages fur la Mythologie Grecque & Romaine, fans qu'il y en ait peut-être un feul, où l'on ait tâché d'en déveloper l'esprit, & de marquer l'influence que cette doctrine avoit fur la Morale & la Politique. Le Paganisme proprement dit, cette Religion fi célébre, dont les principaux dogmes font encore aujourd'hui une partie des études, étoit cependant refferré dans des bornes affez étroites, pendant que la meilleure partie des Gaules & de la Bretagne, la Germanie, la Scandinavie, & les vaftes contrées de la Scythie, en fuivoient asfez uniformément une autre, depuis les tems les plus reculés. C'eft cette Religion Celtique, que les Européens peuvent appeller avec fondement la Religion de leurs Peres, & dont les gens de lettres eux-mêmes n'ont presque point d'idée, parce que tous les yeux fe font fixés fur le Paganisme des Grecs & des Romains, fans doute parce que celui-ci regne dans ces beaux Ouvrages de l'Antiquité, qui font l'objet de toutes les connoiffances qu'on nomme Belles-Lettres, & peut-être auffi dans

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la vuë de remonter à l'origine de divers ufages, qui exiftent encore aujourd'hui en Eu

tope.

L'étude de la Religion Celtique auroit pû conduire à des découvertes du même genre, & plus intéreffantes encore. Les fondateurs de nos Nations font les Celtes, & leurs opinions, quoiqu'oubliées, fubfiftent toujours dans quelques uns des effets qu'elles ont produits. Voici quelques exemples remarquables que l'Auteur en allégue. „Ne feroit-ce point ainfi, dit-il, que l'admiration pour le mê"tier des armes auroit été pouffée parmi nous

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jusqu'au fanatisme, & que pendant des fiè"cles entiers les Européens fous par système » & féroces par point d'honneur, fe feroient » battus avec tant de zèle, fans autre vuë » que de fe battre? Ne feroit-ce point ainfi, " que les femmes refpectées & fervies ont été longtems les arbitres des actions glorieufes »le but & le prix des grands exploits, & qu'elles jouiffent encore de mille préféren» ces que partout ailleurs le fexe le plus fort » s'eft réservées? Ne pourroit-on point expliquer par cette Religion Celtique, com»ment la Jurisprudence de toute l'Europe a " pû admettre, pour l'éternel étonnement de " notre poftérité, des combats judiciaires & " des épreuves par les élémens; comment de " nos jours mêmes le peuple est encore infa"fatué du pouvoir des forciers, des Magiciens, Esprits, Génies cachés fous terre, ou dans » les eaux, &c ? Enfin ne trouveroit-on pas F3 dans

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