La Reine mourut vers la fin de Janvier 1666. fans vouloir revenir de fes préventions réelles, ou fimulées, contre là Porte. Le Roi témoigna un retour de bonté vers lui, en lui accordant, non feulement la confirmation de lettres de réhabilitation en fait de nobleffe qu'il avoit obtenues pendant la Régence, mais même les anciennes rentrées qu'il avoit euës auprès de fa perfonne; ce qui va pleinement à la décharge du crime dont on l'accufoit. Voilà tout ce qu'il pût faire pour détourner de deffus fes enfans les fuites de fa disgrace.

La Préface de ces Mémoires nous apprend que M. de la Porte mourut le 13. Septembre 1680. âgé de 77. ans. Ceux de fes enfans, dont l'Auteur de cette Préface, (bien écri te, & pleine de réflexions judicieufes,) a eu connoifiance, font:

10. Gabriel de la Porte, mort Doyen du Parlement de Paris, le 11. Février 1730. âgé de 32. ans, auquel il n'étoit refté qu'une fille, nommée Marguerite Françoife de la Porte, qui avoit époufé Jean Nicolas de Pleurre, Seigneur de Romilly, Confeiller Honoraire en la Grand Chambre du même Parlement de Paris, & morte le 15. Avril 1713. agée de 32. ans.

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A

20. Magdelaine de la Porte, Veuve depuis le 31. Août 1718. de Louis, Marquis de Cleres, Chevalier Seigneur de Goupillie. Châtelain de Prunai le 'Gilton; Tourty, &c. morte le 5. Mai 1735 agée d'enСс 4

vi.

viron 86, ans, ne laiffant qu'une fille Reli gieufe.

ARTICLE VI

LE DROIT NATUREL, CIVIL, POLITIQUE & PUBLIC, reduit à un feul principe, par Mr. l'Abbé Y vON: en douze volumes in duodecimo, à la Haye, chez la Veuve d'Adrien Moetjens, 1756.

'il eft vrai que les Anciens doivent quel que chofe de leur réputation aux éloges qu'ils ont faits d'eux-mêmes, blâmera-ton ces Auteurs, qui ne le cédant aux Grecs & aux Romains, ni pour le génie, ni pour les talens, les imitent encore en ce point? Combien de livres ignorés & morts en naisfant, fi ceux qui ont pris la peine de les travailler n'euffent pris encore celle de les faire annoncer par les Hérauts de la Répu blique des Lettres ? Combien d'autres ne feroient pas demeurés au Magazin du Li. braire, fi ceux auxquels ils doivent le jour, n'euffent eu la précaution de prévenir le Lecteur für la grande utilité qu'on en reti rera, & fur les talens extraordinaires qu'il a falu pour les compofer. A cette prudence, dont on veut bien faire honneur aux Anciens, les modernes paroiffent y en ajouter une autre, qui n'a pas moins d'influence:

c'eft

c'eft celle d'encenfer quelque illuftre Ecrivain. En prodiguant nos louanges les ap plaudiffemens que nous excitons, femblent par un heureux retour réfléchir jusqu'à nous, & nous faire participer aux louanges mêmes. Mr. Yoon a fait ufage de cette double prudence; & il ne me paroit pas avoir négligé aucun des moyens, qui peuvent accréditer l'ouvrage important qu'il fe dispofe de donner au Public. Quel titre par ex. de mieux imaginé! L'idée en eft prife du Traité de Mr. Batteux fur les Beaux Arts, & qui pourroit douter que l'accueil fait à cet excellent Livre ne paffe à celui d'un titre femblable?

Ce n'eft pas l'ouvrage -même de Mr. Yvon que nous venons d'annoncer, c'en est la Préface qui fert aujourd'hui de profpect pour nous inftruire de tout le plan du Livre & qui eft en même tems un échantillon de la manière dont l'Auteur reduira, le Droit Naturel, Civil, Poli tique & Public à un feul principe. Rien de plus beau, de mieux écrit, de plus vif & de plus élégant que cette Préface. Mr. de Montes quieu y eft élevé aux nuës, les Janféniftes y font chaffés aux enfers, & les Erudits y font fouettés comme il faut. Il faloit cela pour monter à l'endroit, d'où notre Abbé fe propofe de nous découvrir l'empire de toute la Jurisprudence:,, C'est depuis que P'Esprit des Loix a paru qu'il s'eft fait dans les efprits une fermentation univerfelle qui les a tournés du côté du ferieux & du 22 folide, & qui a rompu le cours de ces QuCc 5

❞ vra.

"vrages licentieux, delices paffagères d'une ,,jeuneffe égarée, à qui le fujet plait plus que l'Ouvrage (*)." Heureuse fermentation qui a merveilleufement bien opéré dans l'efprit de notre Abbé. Elle l'a élevé à la bauteur des pensées fublimes qui brillent dans l'Esprit des Loix; elle lui a fait embrasfer cette profondeur & cette force de génie qui triomphe du mauvais goût, écraje les préjugés, & conferve un ascendant bien marqué fur les efprits même les plus frivoles. (†)

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Qu'on ne s'imagine pas pourtant qu'en fecond Icare il ait pris un vol trop haut; que le Soleil ait fondu fes aîles & l'ait fait perir dans les flots. Mr. Yoon trop fage pour vouloir s'égaler à fon héros, nous apprend lui-même qu'il fuffic que l'ouvrage » qu'il médite foit utile pour être enbardi d le donner au Public (S)." Et n'a-t-il pas raifon? Quel ridicule plus grand que d'at tendre qu'un ouvrage foit fait pour juger de fon utilité: ne fuffit-il pas que celui qui le médite s'imagine, qu'il fera très-utile pour que tout le Public en foit d'accord avec lui? D'ailleurs le fiècle préfent eft tellement ,, avantageux à notre Auteur, par le dégré de lumière qui lui eft propre, par le point » de perfection où il elt arrivé, & par un certain ton d'efprit, auquel il eft pour ,, ainfi dire monté, que pour peu que Mr. Yvon ait eu de génie il ne doit pas desesperer de

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s'é.

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s'élever au-deffus de ceux à qui la nature a donné de grands talens en pure perte, les aïant fait naître dans des fiècles groffiers où ils n'ont pu les déveloper (*)." En effet il auroit été facheux que Mr. Yvon fe fut trouvé dans le cas. Le fiècle préfent ne manquera pas de lui rendre toute la justice imaginable & fi le fiècle futur ne fe fouvient ni de lui, ni de fon livre, ce fera une marque certaine que le ton d'efprit aura été malheureufement demonté. Il fut un tems où l'on croyoit que pour réuffir dans les arts, dans les fciences, &c. il faloit s'y ap pliquer, les practiquer, les étudier &c. Aujourd'hui ce n'eft plus cela; le fiècle préfent eft monté à un certain ton d'efprit, que fans application, fans connoiffance, fans favoir, fans études, fans lecture méme, on peut avec quelque peu de génie traiter dans la dernière perfection les matières les plus délicates. C'eft un fait, contre lequel il n'y a pas de raifonnement qui tienne.

Pour nous mettre entièrement au fait de l'état de la Jurisprudence, il convenoit de nous donner un précis des progrès qu'on a fait dans cette fcience & de la manière dont on l'a traitée pour la porter au point où elle eft aujourd'hui: cet article important n'a pas été négligé par notre Auteur. Il nous ap , prend que c'eft de l'Angleterre qu'est parti l'éclair qui prefagea la naiffance de la véri

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