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pour croire que toutes ces figures Efpagnoles du xvI. fiècle y foient repréfentées d'après Nature? Comment ? les fervantes d'une Hotellerie de Village en Espagne,étoientelles habillées & dreffées auffi galamment, que Coypel les repréfente, là où Don Quixote eft reçu Chévalier, au clair de la Lune ? J'ai comparé un Don Quixote Espagnol orné de figures; mais j'y ai trouvé des figures fi naturelles (quoique moins belles infiniment,) que du côté du vrai, elles gagnent tout ce qu'elles perdent du côté des graces. Tant il eft vrai, qu'Horace à donné la leçon aux peintres auffi bien, qu'aux Poëtes:

Filta voluptatis caufa, fint proxima veris;
Nec quodcunque volet, pafcat fibi fabula credi.
Et ailleurs :

Quodcumque oftendis mibi fic, incredulus odi.

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Après cela, Monfieur oferoit-on foutenir , que tous les Artiftes modernes out plus de droit à l'infaillibilité, que Coypel & Picard en ont eu? Ou bien, cft-ce qu'un Allemand feroit obligé d'admirer tout, fans examen auffitôt qu'il fauroit qu'un tel Ouvrage eft d'un Artifte François ? La raifon certainement eft de tout païs; & il a été =toujours libre de donner de bons avis à ceux qui ne font que trop portés à l'imita tion des Etrangers. Vous le favez, Monfieur, & je n'en fais point de mystère, que

c'est

c'est le défaut général de notre Nation: & une imitation aveugle de cette nature nous a fouvent communiqué plus de fautes, que de vrayes beautés. Le goût baroque s'eft emparé de nos Artiftes d'après le modèle féduifant de nos voisins; comme la frivolité s'empare de nos jeunes écrivains, & de nos théatres, fur l'exemple de ceux de Paris. Ne feroit-il donc pas permis à un Connoisfeur de devenir un Ariftarque rigide, pour garantir fa Nation du danger de tomber dans des défaurs femblables?

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Felix, quem faciunt aliena pericula cautum !

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Enfin vous me mandez, Monfieur, qu'on vient de prononcer contre moi la fentence terrible, laquelle je repéte pourtant, fans rougir favoir, Que cet Ariftarque fa ,, meux, que plufieurs de fes Amis établis à Paris dépeignent comme le premier homme d'Allemagne, n'y brille certai ,, rcment, qu'au dernier rang". Je n'ai ja mais été affez ridicule, pour prétendre au rang du premier homme d'Allemagne ; & je ne fai fi jamais quelqu'un de mes Amis, s'eft avifé de m'élever à ce rang. Mais pour favoir au juste, fi je fuis précisément le der nier de tous; je laiffe au Public à en décider, après ce que je viens de dire; fçavoir: 1. que l'article en queftion n'eft pas de ma façon; 2. que je ne me fuis jamais déchaî né contre toute la Nation françoife; 3. que perfonne n'a plus loué en Allemagne les

grands

grands hommes de France, & fes bons Auteurs, que moi, en les traduifant même, & en les imitant, depuis trente ans. 4. que la Nation Françoife eft trop raifonnable pour prétendre que tout ce qui fe fait en France, foit exemt de défauts. 5. qu'il eft permis à un écrivain de les faire remarquer à des Ecoliers de fa Nation, qui ne font toujours que trop portés à imiter tout ce qui eft étranger, fans aucun difcernement. 6. que je rendrai toujours justice aux grands Hommes de la France, aux Fontenelles, aux Réaumurs, aux Mairans, aux Clairauts, aux Alemberts, aux Voltaires, & à tant d'autres reconnus pour tels univerfellement; furtout à Meff. de l'Académie des Infcriptions & des belles Lettres, chacun dans fon genre, comme je l'ai toujours fait, en donnant des Extraits de leurs Ouvrages.

Etes-vous content de moi, Monfieur? Je le fuppofe, quoique vous m'ayez offenfé par vos reproches, trop vifs peut être, pour un ancien Ami.. Mais je vous les pardonne: vû que le fond, dont ils venoient, étoit trop bon, & trop eftimable, pour qu'ils puffent être mal reçus. Continués - moi votre amitié & gagnés moi celle de vos amis, en leur faifant part de cette Lettre: aŭ moins fi vous la jugés affez paffablement écrite, pour ne pas gâter ma cause. Car je fai que je ne m'exprime; pas affez bien en François, pour pouvoir gagner mes Lecteurs, par la beauté du discours. Mais ayez

auffi la bonté de leur faire comprendre, qu'un Etranger, qui dans fa vingtième année ne favoit pas encore un mot de François ne peut pas écrire comme un homme élevé à Paris, ou établi comme vous, au milieu de la France, depuis tant d'années. Ce qu'il y a de certain, eft, que nous autres Allemands nous ferions fort portés à pardonner à un Etranger quelques fautes de langage; quand même il en commettroit plus que moi; & que l'imperfection de fes expreffions ne nuiroit jamais à la bonté de fá caufe. Je fuis,

A Leipfig, ce 20. Septembre 1 756.

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MONSIEUR,

Votre très-bumble trèsobefant Serviteur GOTTSCHED.

ARTICLE XI.

NOUVELLES LITTERAIRES.

IT AL I E.

Rome.

Angelo Rotili a imprimé un Livre de 6. & demi feuilles in quarto, qui a pour titre : Facobi Comitis Acami, de Padobaptifmo folemni in Ecclefia Latind & Græca, five de perpetuo Ecclefiæ ritu ac dog mate baptifandorum, tum infantium, tum adultorum, in Pervigiliis Pafche & Pentecoftes, adverfus Anabaptiftas & Socinianos, Epiftola ad Anabaptiftam Lon dinenfem, Hiftoria Ecclefiaftica & Lingua Grace Profefforem. Adjecta eft in fine ejusdem Anabaptifta

Epiftola Gallico fermone confcripta. Pour être au fait de cette Controverfe, il faut lire les Pièces qui ont précédé celle-ci, & dont la première eft la Differtatio apologetica pro Sacramento Leoniano, que M. Acami publia en 1748. La Lettre Françoife de l'Anabaptiste de Londres, à laquelle on répond ic, étoit du 13. Juin 1754.

Livourne.

Le Docteur Giulanilli, Profeffeur au Séminaire de Florence a fait imprimer ici: Memorie de gli Intagliatori moderni in piatre dure, Cammei, e Gioje, dal Secolo XV. fino al Secolo XVIII. 1 alph, 2 f. in quarte. Le Chapitre du Traité des pierres gravées, par Mr. Mariette, qui traite des Artiftes modernes qui fe font diftingués par cette forte de gravure, fait le fonds de cet Ouvrage; l'Auteur Italien l'a étendu & commenté, en puifant dans diverses fources qui étoient à sa portée.

Turin.

Zappata a imprimé: Caroli Allioni, Phil. & Med. Dott. Taurinenfis, e Societate Phyfico Botanica Flogentina, rariorum Pedemortii ftirpium Specimen I. 55 pages in quarto, avec 12. planches in folio. C'elt -aux risques continuels de fa vie que l'Auteur de ces Defcriptions qui font très-bien faites, a grimpé les endroits les plus efcarpés des Alpes, pour ne rien négliger de ce qui pouvoit groffir sa collection.

FRANCE.

Paris.

On trouve chez Chardon un Volume de 308. pages in quarto, fans la Préface, intitulé: Traité d'Horlogerie, contenant tout ce qui est néceffaire pour bien connoitre & régler les montres, la defcription des pièces d'Horlogerie les plus utiles, des Répétitions, des Equations, des Pendules à une Roue, &c. celle du nouvel échappement, an Traité des Engrénages

par

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