Tenez. Dans un moment j'y conduirai ses pas. La voici. Partez donc. Laissez nous. Désirez-vous, ou non, qu'on vous rende service? L'éviter? DORANTE. LISETTE. Ou tout perdre. DORANTE. Ah! que c'est à regret! (Il fait des révérences à Lucile, qui les lui rend. Il les réitère jusqu'à ce que par un geste impérieux Lisette lui fait signe de se retirer au moment qu il pas roissoit tenté d'aborder.) Ni chagrin. LISETTE. LUCILE. Sans plaisir? LISETTE. Si j'avois, comme vous, à choisir, Celui-là, je l'avoue, auroit la préférence. LUCILE. La multitude augmente en moi l'indifférence. LISETTE. Quoi? sans yeux pour eux tous ! On vous fera dédire. LUCILE. Si j'en ai, ce sera pour un scal. LISETTE. C'est-à-dire Qu'en faveur de ce seul votre cœur se résout, que le choix en est déja fait? Et LUCILE. Point du tout. Je ne le veux choisir ni ne le connois même. Mon père le désigne, il défend que je l'aime ; Nous n'oserions aimer lorsqu'on nous le défend. Oh non! LISETTE. LUCILE. Mais, devoit-il, sachant mon caractère, M'embarrasser l'esprit d'une défense austère? En effet. LISETTE. LUCILE. Exiger par-delà ma froideur, Et de l'obéissance où m'eût suffi l'humeur? Cela pique. LISETTE. LUCILE. Voyons ce conquérant terrible, Pour qui l'on craint si fort que je ne sois sensible. La curiosité me fera succomber; Et sur lui seul enfin mes regards vont tomber. LISETTE. On vous l'aura donc bien désigné? Lequel est-ce? Mademoiselle. Point de curiosité. C'est bien innocemment que j'ai pris la licence Vous venez de voir celui dont il s'agit. Ma préférence étoit un fort mauvais précepte. LUCILE. Que me dis-tu? c'est là celui que l'on excepte? LISETTE. Lui-même. Rendez grâce à l'inattention Qui ferma votre coeur à la séduction. pas connoître. Vous n'eussiez pas remis le choix jusqu'à présent.? LUCILE. Mille choses de lui maintenant me reviennent, LISETTE. Ce que, depuis un mois, de lui vous m'avez lu, LUCILE. Quoi? ces vers que je lis, que je relis sans cesse...... Sont les siens. LISETTE. LUCILE. Quel esprit! Quelle délicatesse ! De plaisir et de jeux quel mélange amusant! LISETTE. C'est ce qu'apparemment votre père en conclut, Il craint que vous n'aimiez la conquête d'une autre... Les vers étoient pour vous. J'ouvre à présent les yeux.) Oui ; je vous reconnois traits pour traits dans l'image De celle à qui s'adresse un si galant hommage. LUCILE. Je remarque en effet... Prenons par ce chemin. Bon! ce préliminaire est, je crois, suffisant; SCÈNE VI. LISETTE, MONDOR. MONDOR. LISETTE, ai-je un rival ici? Qu'il disparoisse. Lucile est à Damis. Donc, Lisette à Mondor. LISETTE. Lucile est à ton maître? Ah! tout beau! j'en appelle. MONDOR. Il ne lui manque plus que l'aveu de la belle. |