PERSONNAGES. ORGON, père de Dorise. DORISE, fille d'Orgon. LÉANDRE père, LEANDRE fils, MARINE. FRONTIN. CRISPIN. amoureux de Dorise La scène est à Paris, dans la maison d'Orgon. EXTRAVAGANCE, COMÉDIE. E 'ACTE PREMIER. SCÈNE I. FRONTIN, seul. Je n'ai pu la gagner; morbleu ! quelle suivante! Tout est à contre-sens; fille à qui tout est bon; SCÈNE II. LEANDRE FILS, FRONTIN. LEANDRE. AH! Frontin, la verrai-je? Pour la voir, lui parler, dis-moi comment ferai-je? FRONTIN, Modérez-vous, monsieur: moins de vivacité Le vôtre est dans le cas... LÉANDRE. Comment, que veux-tu dire? FRONTIN. Ce que je ne dis pas, vous ne sauriez le lire? Je n'ai pas dans les yeux votre malheur écrit ? Il vaudroit mieux cent fois que vous fussiez voûté, LÉANDRE. Ah! Frontin, quel supplice! De cette énigme enfin apprends-moi donc le mot. FRONTIN. Ce récit, comme vous, m'avoit rendu fort sot; Je vais vous l'expliquer. Monsieur Orgon le père LÉANDRE. Il se peut Que Dorise consente à cette extravagance? FRONTIN. Bon! elle épouseroit, tant elle a d'indolence, L'affaire est résolue... LÉANDRE. Oh ciel! quel coup de foudre! Frontin, à l'oublier ne pouvant me résoudre, FRONTIN. Le dessein est tant soit peu brutal; Mourir est un parti qu'on ne doit jamais prendre. Non, je verrai Dorise et je lui parlerai. FRONTIN. Mais sa main est promise. LÉANDRE. N'importe; un téméraire est heureux en amour, Suis-moi... FRONTIN. Je m'attendois, monsieur, à ce retour; Vous êtes, je le vois, un héros de tendresse. Pour venir à Paris sans aucune raison : Vous voyez en passant une fille assez belle, LÉANDRE. Suis-moi sans répliquer... SCENE III. FRONTIN, MARINE. FRONTIN. AH! te voilà, tigresse? MARINE. Eh! c'est toi qui me fuis... FRONTIN. Pour affaire qui presse, J'obéis à mon maître; il est désespéré, Je ne sais quel projet dans sa tête est entré, Il veut que je le suive; adieu, duègne inflexible. |